Raids israéliens meurtriers à Gaza, Israël en alerte après des menaces de l'Iran

Les forces israéliennes ont mené de nouveaux raids meurtriers dans la bande de Gaza dévastée par six mois de guerre. (AFP)
Les forces israéliennes ont mené de nouveaux raids meurtriers dans la bande de Gaza dévastée par six mois de guerre. (AFP)
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Publié le Vendredi 12 avril 2024

Raids israéliens meurtriers à Gaza, Israël en alerte après des menaces de l'Iran

  • Selon le bureau de presse du Hamas, les forces israéliennes ont fait exploser dans la nuit des dizaines de maisons et de bâtiments résidentiels à l'aide d'explosifs dans le camp de réfugiés de Nousseirat
  • Elles ont également mené des dizaines de frappes aériennes sur les secteurs de Nousseirat, d'Al-Zahra, d'Al-Moughraqa et d'Al-Maghazi

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les forces israéliennes ont mené de nouveaux raids meurtriers dans la bande de Gaza dévastée par six mois de guerre, a indiqué le Hamas vendredi, sur fond de craintes de riposte de l'Iran à une frappe attribuée à Israël contre le consulat iranien à Damas.

Alors que les médiateurs -- Qatar, Egypte, Etats-Unis -- attendent des réponses d'Israël et du Hamas à leur dernière proposition de trêve, l'offensive israélienne déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien ne connaît aucun répit dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine, selon l'ONU.

Selon le bureau de presse du Hamas, les forces israéliennes ont fait exploser dans la nuit des dizaines de maisons et de bâtiments résidentiels à l'aide d'explosifs dans le camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza où le mouvement palestinien a pris le pouvoir en 2007.

Elles ont également mené des dizaines de frappes aériennes sur les secteurs de Nousseirat, d'Al-Zahra, d'Al-Moughraqa et d'Al-Maghazi, également dans le centre de la petite bande de terre, a-t-il ajouté.

Vingt-cinq personnes ont été tuées après un raid sur la maison de la famille Al-Tabatibi, dans le quartier al-Daraj, et transférées à l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir al-Balah, selon la même source.

"Des bombardements aériens et à l'artillerie ont frappé Nousseirat toute la nuit. Ce n’était que feu et destruction, avec des martyrs gisant dans les rues. Nous avons fui le matin et nous n'avons nulle part où aller. C'est la sixième fois que nous sommes déplacés. L'occupation (Israël, ndlr) a détruit tout Gaza. Gaza est devenue invivable", a dit à l'AFP Mohammad Al-Rayes, 61 ans.

Les risques d'un débordement du conflit ont redoublé avec les menaces de l'Iran contre Israël accusé d'une frappe qui a détruit le 1er avril son consulat à Damas faisant selon une ONG 16 morts, parmi lesquels sept membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran.

Après l'annonce mercredi du président américain, Joe Biden, selon laquelle l'Iran "menace de lancer une attaque importante contre Israël", un général américain chargé du Moyen-Orient, Michael Erik Kurilla, se trouve en Israël, et les Etats-Unis ont restreint les mouvements dans ce pays de leur personnel diplomatique.

Escalade des menaces

"Le niveau de préparation à une attaque iranienne contre l'Etat d'Israël" a été évoqué jeudi par les ministres de la Défense américain Lloyd Austin et israélien Yoav Gallant, selon un communiqué officiel israélien. "Israël ne tolérera pas une attaque iranienne sur son territoire", a dit M. Gallant.

"Si l'Iran mène une attaque depuis son territoire, Israël répondra et attaquera l'Iran", a prévenu avant lui le chef de la diplomatie israélienne, Israël Katz.

Les Etats-Unis ont réitéré leur "soutien inébranlable à la défense d'Israël", en dépit des tensions entre M. Biden et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, autour de la conduite de la guerre contre le Hamas.

Ennemi juré d'Israël et allié du Hamas, l'Iran a menacé de "punir" Israël après la destruction de son consulat. "Le régime maléfique a fait une erreur (...) il doit être puni et il sera puni", a répété mercredi le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei.

La Maison Blanche a "mis en garde" l'Iran, et le secrétaire d'Etat, Antony Blinken, a demandé à ses homologues chinois, turc et saoudien de dissuader Téhéran de toute attaque contre Israël.

Après des entretiens téléphoniques avec ses homologues allemand, australien et britannique, le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a évoqué la "nécessité" pour Téhéran de riposter à la frappe contre son consulat.

Moscou et Berlin ont appelé à la retenue et la compagnie aérienne allemande Lufthansa a suspendu ses vols depuis et vers Téhéran jusqu'à samedi.

« Occupez Rafah »

Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza voisine ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza dont 34 sont mortes, d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive aérienne et terrestre à Gaza qui a fait depuis le 7 octobre 33.634 morts, en majorité des civils, selon le bilan vendredi du ministère de la Santé du Hamas.

Jeudi soir, des centaines d'Israéliens ont manifesté près de la résidence de M. Netanyahu à Jérusalem pour appeler le gouvernement à poursuivre la guerre.

"Il faut occuper Rafah le plus rapidement possible, pour sortir victorieux de la guerre", a affirmé l'un d'eux, Dimitri, un professeur de 42 ans, en allusion à l'offensive terrestre israélienne, voulue par M. Netanyahu, contre cette ville du sud de la bande de Gaza, où s'entassent 1,5 million de Palestiniens.

"L'arrêt des combats maintenant serait un cadeau pour nos ennemis", a dit un autre, Itzik Buntzel, le père d'un soldat tué à Gaza.

Les négociations pour une trêve de plusieurs semaines associée notamment à la libération d'otages en échange de Palestiniens incarcérés par Israël piétinent, les protagonistes demeurant inflexibles et s'accusant mutuellement de les bloquer.

Jeudi, un responsable du Hamas, Bassem Naïm, a prévenu que la localisation des otages à Gaza demanderait du "temps et de la sécurité", deux conditions qu'une trêve est susceptible de favoriser.


Liban: un mort dans une frappe israélienne dans le sud

Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
Des personnes inspectent un véhicule incendié qui aurait été touché par une frappe israélienne à Ghazieh, près de Sidon, le 18 avril 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban
  • Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban

GHAZIYEH: Une personne a été tuée vendredi dans un nouveau raid israélien visant un véhicule près de la ville côtière de Saïda, dans le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après deux mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant viser combattants et infrastructures du mouvement islamiste libanais soutenu par l'Iran.

"Le raid mené par l'ennemi israélien contre une voiture sur la route Saïda-Ghaziyeh a fait un mort", a indiqué le ministère de la Santé.

Après la frappe, le véhicule tout-terrain a pris feu, provoquant un nuage de fumée noire dans le ciel, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'armée libanaise a bouclé la zone et les pompiers sont intervenus pour maîtriser les flammes.

La frappe n'a pas été revendiquée dans l'immédiat, mais l'armée israélienne a affirmé avoir tué plusieurs combattants du Hezbollah parmi lesquels des "commandants" cette semaine dans le sud du pays.

Après le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas sur le sol israélien, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël, tirant des roquettes sur le territoire israélien, disant agir ainsi en soutien aux Palestiniens.

En septembre 2024, le conflit a dégénéré en guerre ouverte avec des bombardements israéliens intenses au Liban qui ont décimé la direction du Hezbollah et fait plus de 4.000 morts, selon les autorités.


Explosion au port de Beyrouth: première comparution d'un ex-ministre

Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
Une photo montre une vue du port de Beyrouth, site d'une énorme explosion qui a dévasté la capitale libanaise trois ans plus tôt, le 22 juillet 2023. (AFP)
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  • Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020
  • En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques

BEYROUTH: Un ancien ministre de l'Intérieur a comparu jeudi pour la première fois devant le juge libanais chargé de l'enquête sur la gigantesque explosion au port de Beyrouth en 2020, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.

En 2021, le juge Tarek Bitar avait été contraint de suspendre son enquête sur cette explosion qui a fait plus de 220 morts et plus de 6.500 blessés en raison de pressions politiques.

Une série d'actions en justice avaient en outre été intentées contre lui par des responsables politiques et fonctionnaires cités dans l'enquête, notamment l'ancien ministre de l'Intérieur, Nohad al-Machnouk, soupçonné de "négligence et manquements".

Le juge a repris en février ses investigations, après l'élection de Joseph Aoun à la présidence de la République et la nomination d'un Premier ministre réformateur, Nawaf Salam, qui se sont tous deux engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire.

Selon la source judiciaire qui a requis l'anonymat, l'interrogatoire a porté sur un rapport que M. Machnouk avait reçu le 5 avril 2014, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, concernant la "détention d’un navire dans les eaux territoriales libanaises, dont l’équipage avait demandé à être autorisé à reprendre la mer".

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale libanaise.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium acheminées par navire, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Pointées du doigt pour négligence criminelle, les autorités libanaises, qui étaient au courant des dangers encourus, ont rejeté toute enquête internationale.

L'enquête avait notamment été suspendue après les accusations de partialité du juge proférées par le Hezbollah, désormais très affaibli par sa dernière guerre contre Israël fin 2024. Le parti qui dominait la vie politique libanaise avait demandé le renvoi de M. Bitar.

Deux juges de la direction des enquêtes de Paris sont attendus à Beyrouth à la fin du mois, pour présenter à M. Bitar les éléments recueillis par la justice française, trois ressortissants français figurant parmi les victimes, selon une source judiciaire.

Le 11 avril, deux anciens hauts responsables de la sécurité avaient également comparu pour la première fois devant M. Bitar.


Cellule terroriste: Amman partage les détails de l’enquête avec Beyrouth

Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
Le roi Abdallah de Jordanie et le président libanais Joseph Aoun. (AFP)
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  • Beyrouth ne sait pas si des citoyens libanais sont impliqués dans un groupe de fabrication de missiles
  • Les services de renseignement de l'armée arrêtent deux Palestiniens pour contrebande d'armes à la frontière libano-syrienne

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a été informé, mercredi, par le roi Abdallah de Jordanie des résultats de l'enquête sur une cellule de fabrication de missiles découverte en Jordanie. Deux membres de cette cellule avaient été envoyés au Liban pour y suivre une formation.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a exprimé la «pleine disposition du Liban à la coordination et à la coopération» entre les deux pays et a chargé le ministre de la Justice Adel Nassar de travailler avec son homologue jordanien, en coopération avec les agences de sécurité et judiciaires, sur les enquêtes et l'échange d'informations.

Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les services de renseignement de l'armée libanaise «suivaient de près l'affaire de la cellule terroriste et nous ne savons pas encore si des Libanais sont impliqués».

«Cette agence a demandé à la Jordanie de lui fournir des informations concernant les enquêtes, de s'appuyer sur les enquêtes libanaises et, dans le cas où une implication libanaise serait prouvée, l'affaire serait alors renvoyée à la justice libanaise», a déclaré cette personne.

Parallèlement, les services de renseignement de l'armée libanaise ont déclaré avoir arrêté deux Palestiniens dans la ville de Sidon, dans le sud du pays, pour «commerce et contrebande d'armes militaires à travers la frontière libano-syrienne, et ont saisi plusieurs armes et munitions militaires en leur possession».

Le commandement de l'armée a déclaré que les détenus faisaient l'objet d'une enquête sous la supervision du pouvoir judiciaire.

Les médias ont rapporté que les deux hommes étaient des membres de l'appareil de sécurité du mouvement Hamas à Sidon.

Aucune agence de sécurité officielle n'a confirmé l'existence d'un lien entre les arrestations et la cellule jordanienne.

Mardi, l'agence de presse jordanienne a cité des responsables des services de renseignement qui ont déclaré qu'«une série de complots visant la sécurité nationale du pays ont été déjoués et 16 personnes soupçonnées de préparer des actes de chaos et de sabotage ont été arrêtées».

Les plans prévoyaient la production de missiles à l'aide de matériaux locaux et de composants importés. Des explosifs et des armes à feu ont été découverts, ainsi qu'un missile dissimulé prêt à être utilisé.

Les 16 suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la mise au point de drones, d'avoir recruté et formé des individus au niveau national et d'en avoir envoyé d'autres à l'étranger pour qu'ils y poursuivent leur formation.

Selon les déclarations des suspects, deux membres de la cellule – Abdallah Hicham et Muath al-Ghanem – ont été envoyés au Liban pour coordonner leurs activités avec une figure importante de l'organisation et recevoir une formation.

En décembre, l'armée libanaise a lancé un processus de désarmement des factions palestiniennes situées à l'extérieur des camps de réfugiés palestiniens. Ces factions, fidèles à l'ancien régime syrien, étaient principalement basées dans la région de la Békaa, le long de la frontière avec la Syrie, et dans la région méridionale.

Le Premier ministre Nawaf Salam a exprimé «l'entière solidarité du Liban avec la Jordanie dans la lutte contre les complots qui menacent sa sécurité et sa stabilité» et sa «volonté de coopérer avec les autorités jordaniennes en cas de besoin concernant les informations selon lesquelles certaines personnes impliquées dans ces complots ont reçu une formation au Liban», selon son bureau de presse.

Lors du lancement du projet de réhabilitation de la route de l'aéroport de Beyrouth, M. Salam a déclaré que les questions de sécurité sur la route de l'aéroport étaient «en cours d'examen avec le ministre de la Défense Michel Menassa et le ministre de l'Intérieur Ahmed Hajjar».

Au cours des dernières 48 heures, la municipalité de Beyrouth a entrepris des efforts pour retirer des rues de la capitale les drapeaux des partis et les images des politiciens et des chefs de partis, en particulier ceux qui sont associés au Hezbollah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com