BEYROUTH: Les autorités libanaises ont arrêté sept Syriens soupçonnés d'implication dans l'assassinat d'un responsable du parti chrétien des Forces Libanaises (FL) dont le corps a été retrouvé en Syrie, ont indiqué des sources judiciaire et militaire.
Trois des suspects dans l'assassinat de Pascal Sleiman, enlevé dimanche au nord de Beyrouth, ont été remis par les autorités syriennes aux services de sécurité libanais, a précisé la source militaire.
L'affaire a provoqué un vif émoi au Liban, l'influent parti chrétien évoquant "un assassinat politique jusqu'à preuve du contraire".
Le parti des FL de Samir Geagea est un opposant notoire au Hezbollah pro-iranien, dont le chef Hassan Nasrallah a démenti dans un discours lundi soir tout lien avec cette affaire.
Selon une source judiciaire, "les aveux des sept Syriens arrêtés ont concordé sur le fait que le mobile unique du crime était le vol" de la voiture de Pascal Sleiman.
L'armée libanaise a indiqué lundi soir qu'"il a été tué par des membres d'un gang qui tentaient de voler sa voiture", selon les premiers résultats de l'enquête.
Selon la source judiciaire, les suspects "ont avoué avoir frappé la victime au visage et à la tête avec la crosse de leurs revolvers pour qu'il arrête de résister, puis l'ont placé dans le coffre de la voiture" et emmené en Syrie où ils ont découvert qu'il est décédé.
Une source militaire a indiqué que le corps avait été retrouvé en Syrie, et que les malfaiteurs faisaient partie d'un gang spécialisé dans le vol de voitures au Liban.
Boucs émissaires
L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie, a indiqué qu'un corps correspondant au signalement de la victime avait été retrouvé dans la région syrienne de Homs.
Cette zone proche du Liban est contrôlée par le régime de Damas et le Hezbollah libanais, son allié, y est fortement implanté.
La source militaire a indiqué que Beyrouth devait récupérer le corps mardi.
L'annonce de l'enlèvement puis de la mort de Pascal Sleiman a provoqué l'indignation à Byblos (nord), dont il était le responsable local au sein des FL.
Le Premier ministre Najib Mikati, a condamné le meurtre et appelé les Libanais à "faire preuve de sagesse et ne pas se laisser entraîner par les rumeurs et les émotions".
Lundi soir, des centaines de sympathisants de la formation chrétienne avaient bloqué des routes à Byblos, certains s'en prenant à des Syriens, selon des vidéos en ligne.
"J'espère qu'on ne va pas faire porter à tous les réfugiés syriens la responsabilité de ce qui s'est passé", a déclaré à l'AFP Abdallah, un Syrien de 21 ans qui a refusé de donner son nom.
Le Liban accueille quelque deux millions de Syriens, des réfugiés ayant fui la guerre civile déclenchée dans leur pays en 2011.
Rami Kaiss, de l'ONG Human Rights Watch, a appelé dans une déclaration à l'AFP Beyrouth à mener une "enquête approfondie et transparente".
"La tentative de faire de l'ensemble de la population réfugiée un bouc émissaire est déplorable et doit être dénoncée parce qu'elle menace d'alimenter la violence déjà en cours contre les Syriens au Liban", a-t-il ajouté.