PARIS: Le président français Emmanuel Macron entame dimanche le "parcours de mémoire" autour du 80e anniversaire de la libération du pays pendant la Seconde guerre mondiale, qui culminera en juin avec le Débarquement de Normandie.
Le chef de l'Etat va rallier dans la matinée le plateau des Glières, dans les Alpes (sud-est), théâtre de combats qui opposèrent l'armée allemande et la milice française aux résistants en mars 1944.
Il y présidera une cérémonie et prononcera un discours à la nécropole de Thônes, où reposent 105 résistants, puis se rendra dans l'après-midi à la Maison d'Izieu (Ain, sud-est), où 44 enfants juifs furent raflés par la Gestapo de Lyon sur ordre de son chef Klaus Barbie le 6 avril 1944. Tous furent déportés et assassinés dans les camps d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Reval (Estonie).
Ce long cycle de commémorations s'est ouvert avec un hommage à Jean Moulin, chef de la Résistance, en 2023, puis l'entrée au Panthéon de Missak Manouchian, résistant communiste apatride d'origine arménienne.
Débute maintenant celui de la "Renaissance" de la France avec la victoire sur l'occupant nazi et le régime de Vichy en 1944.
"La mission du président, c'est de dire que nous avons une histoire particulière qui est une grande histoire mais qui comporte aussi ses zones d'ombre, qu'il faut savoir regarder en face", souligne un conseiller présidentiel, en rappelant l'implication de la milice pour lutter contre les résistants.
«Haine»
Emmanuel Macron avait déjà fait le déplacement aux Glières en compagnie de l'ex-président Nicolas Sarkozy, le 31 mars 2019, pour le 75e anniversaire des combats.
De janvier à mars 1944, 465 maquisards se regroupèrent sur ce plateau en Haute-Savoie pour recevoir des parachutages d'armes des Alliés, dans la perspective du Débarquement de Provence (août 1944).
L'armée allemande et la milice investirent le lieu à la fin mars 1944. Les deux tiers des maquisards furent faits prisonniers et 124 tués lors des combats ou fusillés, neuf disparurent et 16 mourront en déportation.
Le chef de l'Etat rendra hommage à la diversité des combattants, "Français +de naissance+ montagnards de la région, militaires de carrière, réfractaires du Service du Travail obligatoire (...), militants antifranquistes notamment, qui se levèrent sous une même devise, +Vivre libre ou mourir+, pour combattre le nazisme et défendre les valeurs de la République", relève l'Elysée.
A Izieu, Emmanuel Macron rappellera que "le fondement unique de l'antisémitisme, c'est la haine", poursuit la présidence. La France connaît un regain d'antisémitisme depuis l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte de l'armée israélienne à Gaza.
Mémoire et JO
Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie d'Izieu, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d'origine polonaise, et son époux Miron Zlatin, qui avait fui la Révolution russe, a accueilli une centaine d'enfants, parfois pour quelques semaines.
Emmanuel Macron rendra aussi hommage le 16 avril au maquis du Vercors (Drôme, sud-est), une première pour un président en activité. Suivront ensuite les célébrations pour le 80e anniversaire du Débarquement en Normandie, le 6 juin, auxquelles le président américain Joe Biden est attendu.
Puis se tiendront l'hommage à Georges Mandel, assassiné le 7 juillet 1944 en forêt de Fontainebleau, le 80e anniversaire du Débarquement de Provence et de la libération de Paris en août et enfin celle de Strasbourg (est) en novembre.
Depuis 2017, Emmanuel Macron enchaîne les hommages nationaux et les références historiques, plus que ses prédécesseurs, exception faite peut-être du général Charles de Gaulle.
Après "l'itinérance mémorielle" autour de la Première Guerre mondiale en 2018, les commémorations de la Libération doivent constituer un temps fort de son second quinquennat, avec les JO de Paris.