JERUSALEM: Les Palestiniens ont vécu à Jérusalem un dernier vendredi de ramadan teinté de tristesse, émaillé aussi de quelques tensions entre fidèles et la police israélienne contrôlant l'entrée de l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam.
Quelque 120.000 personnes sont venues prier vendredi, selon les responsables du site dominant la Vieille ville, appelées par le grand mufti Muhammad Ahmad Hussein à venir, malgré la forte présence policière liée au contexte de guerre à Gaza.
"S'il n'y avait pas eu la guerre, les choses auraient été bien plus faciles", constatait Yasser Basha, venu de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, expliquant que seuls les hommes de plus de 55 ans et les femmes de plus de 50 ans ont pu entrer sur l'esplanade où se trouve la mosquée Al-Aqsa.
Adli al-Agha, 53 ans, a raconté comment des gaz lacrymogènes émis par un mini-drône de la police avaient fait fuir une partie des fidèles chantant "Avec notre âme et notre sang nous nous sacrifions pour toi Al-Aqsa".
La police a pour sa part indiqué avoir interpellé huit personnes pour "incitation et soutien au terrorisme".
Au terme de ce dernier vendredi du mois de jeûne du ramadan, les musulmans devaient ensuite marquer vendredi soir la Nuit du destin (Laylat al-Qadr), considérée comme la plus sacrée car commémorant le moment où l'archange Gabriel serait apparu au prophète Mahomet pour lui révéler le Coran.
Un moment au cours duquel les croyants estiment que leurs prières ont le plus de chances d'être exaucées, un moment festif aussi où les enfants peuvent veiller et les magasins rester ouverts jusqu'à l'aube.
Mais pour de nombreux Palestiniens, l'humeur n'était guère à la fête, alors que la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas va bientôt entrer dans son 7e mois.
La guerre a été déclenchée par une attaque du Hamas qui le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes en Israël, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens. Depuis, plus de 33.000 sont mortes à Gaza, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.
«Pas moyen d'y échapper»
Jérusalem "est triste a et perdu sa lumière. Nous ressentons tous ce qui se passe à Gaza. Pas moyen d'y échapper même pour une minute", a dit Sameeha Al Qadi, 55 ans, venue des environs de Bethléem.
Les décorations dans Jérusalem sont modestes, et nombre de Palestiniens prennent cette année le café noir, qui marque généralement le deuil, les mardis et mercredis jours habituels de célébration.
Cette année "les gens ne célèbrent pas", explique Sabah, 54, qui raconte avoir perdu des proches à Gaza. "J'ai un goût amer dans la bouche. C'est tellement douloureux, en cette période de fêtes familiales."
Pâques le week-end dernier avait été tout aussi sombre pour les chrétiens palestiniens.
D'habitude, le magasin de gâteaux d'Adnan Jafar, dans la Vieille ville de Jérusalem, faisait ses meilleures affaires à cette période de l'année.
"Je n'ai jamais vu un ramadan comme celui-ci. Et nous savons tous pourquoi", dit le commerçant de 60 ans. Mais pour lui, "nous ne sommes pas les seuls affectés par (Gaza), cela affecte le monde entier".