Attal seul en scène face aux députés, une mise en lumière qui divise

Le Premier ministre français Gabriel Attal assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 2 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal assiste à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 2 avril 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)
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Publié le Mercredi 03 avril 2024

Attal seul en scène face aux députés, une mise en lumière qui divise

  • L'exercice rappelle celui du «Prime Minister's Questions» le mercredi midi à la Chambre des communes britannique
  • «L'idée me semble inappropriée. Souvent les députés préfèrent une vraie réponse du ministre» concerné par le dossier, estime ainsi un élu du parti d'Edouard Philippe

PARIS: Dans une nouvelle formule pour tenter de redynamiser un exercice un peu usé, Gabriel Attal sera mercredi le seul membre du gouvernement à répondre aux questions des députés face à une majorité qui tangue sur plusieurs dossiers et des oppositions remontées sur le dérapage budgétaire.

"J'aurais pu dire non mais ce n'est pas mon genre de me dérober", s'est justifié mardi le Premier ministre devant des journalistes en sortant de la séance des questions au gouvernement.

Orateurs, thématiques, "ce sera la surprise", a-t-il ajouté à propos de ce face-à-face inédit de 45 minutes avec les députés auxquels il répondra désormais chaque mercredi à partir de 14H.

Sur les écrans d'information de l'Assemblée, les questions au gouvernement (QAG) sont devenues les "questions au Premier ministre".

L'exercice rappelle celui du "Prime Minister's Questions" le mercredi midi à la Chambre des communes britannique. "C'est une excellente inspiration", juge le député Renaissance Charles Rodwell, lui-même franco-britannique. Gabriel Attal "donnera une cohérence d'ensemble à la politique gouvernementale" juste après le Conseil des ministres.

"Il faut recréer un moment politique fort", abonde un conseiller de l'exécutif qui voit dans l'exercice une forme de "considération" de l'opposition. Il souligne aussi que le jeune chef de gouvernement "aime la joute oratoire".

«Nombrilisme»

Expérimentée jusqu'à fin mai, cette nouvelle formule avait été validée avec le soutien de Renaissance, de la droite et de l'extrême droite. Mais sans la gauche, ni les alliés du camp présidentiel Horizons et MoDem.

"L'idée me semble inappropriée. Souvent les députés préfèrent une vraie réponse du ministre" concerné par le dossier, estime un élu du parti d'Edouard Philippe.

Les oppositions ne cachent pas leur mécontentement. Le député LFI Alexis Corbière y voit un exercice de "nombrilisme (qui) accélère la dégénérescence de la Ve République". "Attention, la légende raconte que Narcisse finit par se noyer en s'admirant", ajoute-t-il sur le réseau X.

Le sénateur écologiste Yannick Jadot fustige un "mépris du Parlement, mépris des ministres". "Les QAG deviennent une +performance+ de Gabriel Attal. Affligeant pour notre démocratie déjà malade qui se réduit à un pathétique exercice de communication".

Pour répondre aux 10 questions, une par groupe, Gabriel Attal aura droit à ses conseillers au banc et se sera préparé à l'exercice quelques heures avant.

"Il est le chef du gouvernement, il veut être le patron", a estimé sur TF1 l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin (2002-2005). "Il faut qu’il entre dans la vie des Français, qu'il s’expose" et "qu’il prenne des risques" parce qu'il "a un leadership à assumer".

"C'est une manière de revaloriser à la fois la fonction de Premier ministre et le Parlement" et de "redonner un peu de corps à l'activité et au contrôle parlementaire" dont les questions au gouvernement font partie, estime de son côté l'historien parlementaire Jean Garrigues.

«Concurrence intempestive»

Ce premier rôle dévolu au chef du gouvernement reste "marginal au regard du fonctionnement très présidentialiste" des institutions de la Ve République "mais de facto cela met la lumière sur le Premier ministre dans un moment où le président est très contesté et se trouve dans une perspective de départ", analyse-t-il auprès de l'AFP.

Reste à savoir si Gabriel Attal sera perçu "dans son rôle de fusible et protecteur du président, ou au contraire comme une concurrence intempestive".

Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on se félicite que Gabriel Attal "attire du monde", comme sur TF1 mercredi dernier. "C'est une confirmation que l'effet régénération est toujours là" alors que le chef de gouvernement est cité parmi les héritiers politiques potentiels du président.

En l'absence de majorité absolue à l'Assemblée, l'exercice sera aussi sans doute moins périlleux que la défense de réformes d'ampleur comme celles sur les retraites ou l'immigration qui ont provoqué de vives secousses pour le camp présidentiel.

Gabriel Attal, qui est également chef de la majorité, pourra en outre mesurer le soutien dont il dispose dans ses propres rangs, qui se divisent sur la nouvelle réforme de l'assurance chômage ou les solutions à trouver pour résorber le déficit.

Un député de la majorité craint "une volonté" de la droite et l'extrême droite "de voir le Premier ministre se crasher" à cette séance, mais Gabriel Attal devrait aussi en profiter pour répondre à ses adversaires à l'approche des élections européennes.


Le budget de la Sécurité sociale et son débat sur les retraites suspendus au vote sur les "recettes"

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (en bas) s'exprime lors d'un débat parlementaire sur le budget 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 31 octobre 2025. (AFP)
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  • Les députés doivent voter sur la partie « recettes » du budget de la Sécurité sociale, dont le rejet bloquerait l’examen de la suspension de la réforme des retraites prévue dans la partie « dépenses »
  • Malgré les divisions, le gouvernement appelle à la responsabilité pour éviter un blocage, tandis que les oppositions cherchent à peser sur le déficit et la répartition des recettes

PARIS: Le budget de la Sécurité sociale va-t-il poursuivre son chemin à l'Assemblée? Les députés doivent se prononcer, potentiellement samedi, sur sa partie "recettes" largement remaniée, et dont le rejet interromprait les débats avant même l'article-phare suspendant la réforme des retraites.

Signe de l'importance du moment, le ministère des Relations avec le Parlement a appelé les députés à adopter cette partie du texte pour que le débat "se poursuive" sur les dépenses, avant un vote sur l'ensemble du texte prévu mercredi, plutôt que d'envoyer dès ce week-end tout le projet de loi initial au Sénat. Laconique, et s'exprimant depuis le Mexique, Emmanuel Macron a tout de même répété ses vœux de "stabilité" pour le pays, en misant sur "la responsabilité de chacun" dans l'examen de ce budget.

La partie "dépenses" contient des "sujets de santé, de prévention, d'hôpital" et "la suspension de la réforme des retraites", rappelle le ministère.

Un message nécessairement adressé aux oppositions, mais qui peut aussi se lire comme un appel à la mobilisation de son propre camp, échaudé par certaines concessions à la gauche.

"On est loyal à un gouvernement qui fait n'importe quoi", s'est emporté anonymement cette semaine un député Renaissance.

L'opportunité d'aborder tous les sujets pèse à gauche: "on ne votera pas contre la partie recettes, ne serait-ce que parce qu'on veut qu'il y ait le débat sur la réforme des retraites", a expliqué à l'AFP Stéphane Peu, patron du groupe communiste, qui devrait s'abstenir.

Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN, pense que tous les groupes ont "intérêt à ce qu'on aborde les dépenses" car "ce n'est pas bon de laisser entendre aux Français que quand on parle de budget on ne parle que de fiscalité". Mais la décision sera actée par la patronne Marine Le Pen.

Le gouvernement espérera nécessairement une abstention des socialistes plutôt qu'un vote contre, alors que le PS, qui a obtenu sous la menace d'une censure l'annonce d'une suspension de la réforme des retraites, a un intérêt objectif à ce que les débats aillent jusqu'à cet article crucial.

- Quel déficit? -

Les oppositions, mais aussi une partie du camp gouvernemental, peuvent aussi se targuer d'avoir largement réécrit la partie recettes: exit la surtaxe sur les mutuelles, la cotisation patronale sur les tickets-restaurants ou la fin d'une exonération sur les salaires des apprentis.

Et la gauche a aussi fait adopter des amendements PS, LFI et communiste pour une hausse de CSG sur les revenus du patrimoine, et dégager 2,8 milliards de recettes en 2026. Le tout avec un avis favorable, quoique très froid, du gouvernement, qui n'a pas approuvé le dispositif mais veut qu'il reste sur la table pour la suite de la navette parlementaire.

"C'est la seule chose, pour l'instant, qu'ils ont cédée. Si les choses ne changent pas (...) ce sera un vote contre", estimait vendredi après-midi Hendrik Davi, du groupe écologiste, qui décidera samedi de sa position.

"J'aurais bien aimé qu'il y ait un petit peu plus de recettes", pointait aussi Jérôme Guedj (PS) vendredi, déçu du manque de soutien à certaines réductions d'exonérations patronales. "Il faut qu'on voit à la fin ce qu'il y a."

Plus d'impôts, moins de dépenses... Tous les groupes s'inquiètent à leur manière de la façon dont sera réduit le déficit de la Sécu. La copie du gouvernement prévoyait 17,5 milliards d'euros de déficit en 2026 (contre 23 milliards en 2025).

Mais le feu nourri des parlementaires contre plusieurs mesures-phares, comme le gel des retraites et des minima sociaux auquel le gouvernement entend renoncer, éloigne l'objectif.

"Il faudra nous assurer que, de manière absolue, le déficit de la sécurité sociale ne soit pas supérieur à 20 milliards d'euros", a insisté mercredi la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Une alerte perçue comme une marge de manœuvre par certains à gauche, qui considèrent que le gouvernement de Sébastien Lecornu est effectivement prêt à renoncer à certaines mesures d'économies.


La présidente du Louvre déterminée à mener à bien la modernisation du musée

 La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes. (AFP)
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  • "J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui"
  • Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente

PARIS: La présidente-directrice du Louvre, musée le plus visité au monde, a assuré vendredi "avoir pris toute la mesure" des problèmes de sécurité du musée, après le vol retentissant de bijoux de la Couronne et un rapport très critique de la Cour des comptes.

"J'ai pris toute la mesure de nos problèmes de sécurité", a déclaré Laurence des Cars, en précisant que le plan de sécurisation du Louvre, ou "schéma directeur" des équipements de sûreté, rentrait "en application aujourd'hui".

Il consiste en "toute une série de travaux d'améliorations, notamment en matière de vidéosurveillance", qui constitue "un des points faibles" du musée, comme l'a rappelé la présidente, qui en avait déjà fait état lors de son audition devant la commission de la Culture du Sénat fin octobre.

"Je veux remercier la confiance qui m'est accordée" pour "porter la transformation du Louvre, qui a plus que jamais besoin de transformation, de modernisation, pour devenir pleinement un musée du XXIe siècle. Ce qu'il n'est pas aujourd'hui", a ajouté la présidente, dont la démission avait été refusée après le vol.

Laurence des Cars, en poste depuis septembre 2021, a convoqué un conseil d'administration d'urgence vendredi pour revoir la gouvernance du musée le plus visité du monde.

Le 19 octobre, des malfaiteurs avaient réussi à s'introduire au Louvre et à dérober des joyaux d'une valeur de 88 millions d'euros, qui restent introuvables. Quatre suspects ont été mis en examen et écroués.

La Cour des comptes a étrillé jeudi le grand musée parisien dans un rapport en estimant qu'il avait "privilégié des opérations visibles et attractives" au détriment de la sécurité.

Entre 2018 et 2024, le Louvre a consacré 26,7 millions d'euros à des travaux d'entretien et de mise aux normes et 105,4 millions d'euros "pour l'acquisition d'œuvres", selon le rapport.

Mais, pour Laurence des Cars, "le Louvre est un tout" dans "lequel il ne faut pas opposer les travaux aux acquisitions des oeuvres, l'accueil de tous les publics". "Nous avons assuré l'ensemble de nos missions".

 


Un jeune homme tué par arme blanche dans une rixe à Clermont-Ferrand

Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP. (AFP)
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  • A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat
  • La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière

CLERMONT-FERRAND: Un jeune homme a été tué par arme blanche lors d'une rixe dans la nuit de jeudi à vendredi à Clermont-Ferrand et l'auteur des coups est en fuite, a indiqué le procureur à l'AFP.

Une rixe est survenue entre deux groupes de personnes dans le centre de la ville en fin de soirée pour un motif encore inconnu, a expliqué Eric Serfass.

A un moment, l'un des protagonistes est parti chercher un couteau. A son retour, il a frappé au thorax un jeune homme qui n'a pas pu être ranimé par les secours, a précisé le magistrat.

La victime était âgée de 20 ans et son meurtrier s'est enfui avec l'arme du crime, selon une source policière.

Il n'y a pas eu d'autres blessés et aucune interpellation n'a encore eu lieu, selon le procureur.

Une enquête pour homicide volontaire est ouverte.