Mort du petit Emile: des questions et des doutes à dissiper

Dans le froid, sous un ciel redevenu bleu, les investigations se poursuivent, dans des conditions sans doute rendues difficiles par les fortes pluies de la nuit (Photo, AFP).
Dans le froid, sous un ciel redevenu bleu, les investigations se poursuivent, dans des conditions sans doute rendues difficiles par les fortes pluies de la nuit (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 01 avril 2024

Mort du petit Emile: des questions et des doutes à dissiper

  • Dans le froid, sous un ciel redevenu bleu, les investigations se poursuivent, dans des conditions sans doute rendues difficiles par les fortes pluies de la nuit
  • Chute accidentelle, homicide involontaire, meurtre ?

LE VERNET: Deux jours après la découverte d'ossements du petit Emile, des dizaines d'enquêteurs passaient au crible lundi les environs du hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), là où ce garçonnet de deux ans et demi avait disparu en juillet, afin d'éclaircir les circonstances de sa mort.

"Les recherches dureront le temps qu'il sera nécessaire", a averti lors d'une conférence de presse au Vernet le colonel Pierre-Yves Bardy, commandant du groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence, en charge de sécuriser le secteur où travaillent les experts de terrain, dont des anthropologues et des maîtres-chiens : "Il faut éviter que des randonneurs ou d'autres personnes viennent polluer le site".

Dans le froid, sous un ciel redevenu bleu, les investigations se poursuivent, dans des conditions sans doute rendues difficiles par les fortes pluies de la nuit.

"C'est un travail extrêmement fin, pointu, c'est pour cela qu'on fait venir les meilleurs, ceux qui ont l'expertise la plus haute au niveau international", a insisté le gendarme.

Pour faciliter ces recherches, le minuscule bourg de 25 habitants est à nouveau coupé du monde, au moins pour la semaine, comme l'a décidé un arrêté municipal.

Une barrière placée au milieu de l'unique route qui part du village du Vernet pour mener au hameau du Haut-Vernet en bloque l'accès, ont constaté des journalistes de l'AFP. Seuls plusieurs camions de gendarmes sont passés, depuis 07h30.

Chute accidentelle, homicide involontaire, meurtre ? "On n'est pas certains de découvrir la cause ou les circonstances de la mort", a prévenu la porte-parole de la gendarmerie, Marie-Laure Pezant, sur France Info, lundi matin: "On a une partie des ossements, on n'aura peut-être pas tous les éléments pour définir les circonstances du décès".

Équipes cynophiles 

Seuls quelques ossements, dont le crâne de l'enfant de deux ans et demi, avaient été retrouvés par une randonneuse samedi, non loin du hameau, entre Digne-les-Bains et Gap. "Dans une zone en pleine nature, escarpée et pas toujours facile d'accès" qui avait pourtant été inspectée "plusieurs fois" depuis juillet, a précisé Mme Pezant, en reconnaissant qu'il existe "une chance infime" que les enquêteurs soient passés à côté du corps lors des battues de cet été.

L'objectif sera de déterminer scientifiquement si le corps se trouvait bien à cet endroit dès la disparition de l'enfant: "Quand vous avez un corps déposé, vous avez des éléments dans le sol qui permettent de savoir que le corps a séjourné un certain temps sur ce sol", a ainsi expliqué la porte-parole de la gendarmerie.

Les anthropologues vont "essayer d'identifier si ces ossements étaient sur place ou s'ils ont pu être ramenés par une personne humaine, un animal, ou bien les conditions météo".

Ces anthropologues vont travailler de concert sur le terrain avec certains de leurs collègues de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), pendant que les analyses criminalistiques sur les ossements vont elles se poursuivre dans les laboratoires de l'institut à Pontoise, en banlieue parisienne.

Ils bénéficient également de l'appui de deux équipes du centre national cynophile de Gramat (Lot), avec "des chiens spécialisés dans la recherche de restes humains", a précisé le colonel Bardy.

Thèse de l'accident ? 

Quand il a disparu, le 8 juillet, Emile venait d'arriver pour l'été dans la résidence secondaire de ses grands-parents maternels. Là où la famille passe ses vacances depuis des années. Deux voisins affirment l'avoir vu, dans la rue principale du hameau, mais avec des récits contradictoires.

Le petit garçon y avait été aperçu vers 17h15, alors qu'il portait un haut jaune, un short blanc et des chaussures de randonnée. Ses parents, des catholiques très croyants habitant La Bouilladisse, dans les Bouches-du-Rhône, n'étaient pas présents ce jour-là.

Avec la découverte de samedi, la thèse de la chute accidentelle regagne désormais en crédibilité: cette hypothèse avait pourtant semblé s'étioler à la suite des multiples battues infructueuses menées ces derniers mois autour du hameau, à 1.200 mètres d'altitude, sur les flancs du massif des Trois-Evêchés.

Ce rebondissement dramatique est survenu deux jours après une "mise en situation", une sorte de reconstitution des faits effectuée pour la première fois depuis le lancement de l'enquête. Lors de celle-ci, 17 personnes avaient été convoquées, dont toutes celles présentes le jour de la disparition d'Emile, pour tenter de déterminer avec précision leurs faits et gestes.

L'enquête s'annonce encore longue car "complexe", avait insisté dimanche auprès de l'AFP le procureur d'Aix-en-Provence, Jean-Luc Blachon. "Le mystère se déplace, mais on est toujours dans le mystère", a résumé le maire du Vernet, François Balique.


France: un Ukrainien inculpé pour le meurtre d'une Franco-Russe dans un conflit de voisinage

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  • Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie
  • Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source

EVREUX: Un Ukrainien de 69 ans a été inculpé pour meurtre et placé sous contrôle judiciaire après le décès mardi de sa voisine franco-russe à Evreux, dans le nord de la France, lors d'un différend de voisinage, a-t-on appris vendredi auprès du parquet local.

Un couple de retraités ukrainiens ainsi que leur amie avaient été agressés avec un couteau d'environ 20 cm par leur voisine franco-russe, vers 5H00 locales (7H00 GMT) dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué le procureur de la République d'Evreux Rémi Coutin lors d'une conférence de presse.

Le mari du couple ukrainien aurait alors retourné l'arme blanche contre sa voisine la blessant à trois reprises, dont une mortelle à la cuisse, toujours selon le procureur.

"Pour nous c'est la victime, celle qui a reçu les coups de couteau et est décédée mardi matin, qui était venue agresser au moins à deux reprises cette nuit-là les personnes ukrainiennes qui se trouvaient dans l'appartement au-dessus d'elle", a déclaré Rémi Coutin, justifiant ainsi le non placement en détention de l'auteur présumé des faits.

Selon le parquet, il y avait de la part de cette femme "une attitude régulièrement agressive avec des menaces de mort envers" ses voisins ukrainiens arrivés en France en mars 2022 pour fuir l'invasion de leur pays par la Russie.

Née au Kazakhstan en 1967, alors en URSS, elle était arrivée en France en 2004, d'après la même source.

Un voisin a déclaré avoir passé la soirée à boire des bières chez la quinquagénaire avant que celle-ci ne décide "de monter le son de la musique, de donner des coups de balai dans le plafond afin d'embêter ses voisins du dessus", puis de se rendre chez eux pour une première altercation.

Déjà condamné à cinq reprises pour violences, ce voisin est mis en examen pour violences aggravées pour avoir frappé l'homme ukrainien lors cette première rencontre nocturne, a relevé le parquet.

Un habitant de l'immeuble a indiqué lors de son audition qu'il avait déjà demandé l'intervention à la police les 22 et 30 juin, parce que la victime était en train de donner des coups de poing dans la porte de l'appartement de ses voisins ukrainiens.

Entendu par la police, l'ex-mari de la femme franco-russe a relaté que s'agissant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, elle considérait que la Russie devait "se défendre, chasser les nazis d'Ukraine et lutter contre l'OTAN".

 


Audiovisuel public: Dati dégaine le «vote bloqué» pour accélérer les débats

Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
Brigitte Macron et Rachida Dati. (AFP)
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  • Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique
  • Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver

PARIS: Fin de session chaotique au Sénat: face à l'"obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati a dégainé vendredi matin l'arme constitutionnelle du "vote bloqué" sur la réforme de l'audiovisuel public, pour tenter d'aboutir avant les congés parlementaires.

C'est une nouvelle vicissitude pour ce texte au parcours chaotique, porté à bout de bras par la ministre face à l'hostilité des syndicats, et qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général.

L'examen du texte a avancé à très faible allure jeudi: suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... En plus de huit heures de débats, les sénateurs ont à peine démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi du sénateur Laurent Lafon.

A la manoeuvre, la gauche, bien décidée à jouer la montre, alors que la session extraordinaire doit théoriquement s'achever vendredi à minuit.

Vendredi matin, à la reprise, rien n'a laissé présager que les discussions puissent s'accélérer. Un peu plus d'une demi heure après le début des débats, Mme Dati a annoncé que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

"Après plus de sept heures de débat, nous n'avons pu débattre que de 31 amendements sur ce texte. On a vu encore ce matin (...) de l'obstruction, toujours de l'obstruction et encore de l'obstruction", a-t-elle justifié. Il restait alors environ 300 amendements à débattre.

Les débats, suspendus vers 10H15, ont repris près de deux heures plus tard, et le président de séance Didier Mandelli (LR) a pris acte de la demande du gouvernement.

Débats "escamotés" 

Les orateurs de la gauche ont successivement protesté contre ce "coup de force", selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon (UDI) a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, l'examen du texte devrait pouvoir "aller au bout" avant la fin de la session, selon cette source. Et revenir sans doute à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée.


La session parlementaire se clôt sur un vote mouvementé de la réforme de l'audiovisuel

La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
La ministre française de la Culture, Rachida Dati, s'exprime lors d'une séance de débat sur le projet de loi, adopté par le Sénat, relatif à la réforme de l'audiovisuel public, à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 30 juin 2025. (AFP)
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  • Les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué"
  • La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un prés

PARIS: Fin de session chaotique au Parlement: les sénateurs ont approuvé largement vendredi en deuxième lecture la réforme de l'audiovisuel public, au terme de débats écourtés grâce à l'arme constitutionnelle du "vote bloqué", un choix du gouvernement vivement contesté par la gauche.

La proposition de loi de Laurent Lafon (UDI), qui pour l'essentiel prévoit de créer le 1er janvier 2026 une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), sous l'autorité d'un président-directeur général, était le dernier texte inscrit à l'agenda de la chambre haute.

La chambre basse avait mis fin à ses travaux jeudi.

Mais, dans une chorégraphie qui rappelait davantage les usages du Palais Bourbon, l'examen du texte a tourné court au Palais du Luxembourg: face à "l'obstruction" de la gauche, la ministre de la Culture Rachida Dati (LR) a annoncé vendredi matin que le gouvernement demandait au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution".

Cette procédure très rarement utilisée permet d'accélérer les débats en n'organisant qu'un seul vote, sur le texte et les amendements que le gouvernement choisit de conserver.

Les débats jeudi avaient été marqués par une particulière lenteur, entre suspensions de séance à répétition, rappels au règlement, motions de rejet préalable, invectives en pagaille... A la manœuvre, la gauche, qui craint que la réforme ne soit l'occasion d'une reprise en main politique et d'une réduction du budget de l'audiovisuel public.

- La gauche claque la porte -

Après deux heures de suspension vendredi matin, les travaux ont repris, occasion pour les groupes de gauche de protester à l'unisson contre un "coup de force" démocratique, selon le mot de l'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol. "On parle de liberté de la presse. Mais commençons déjà par respecter les droits du Parlement", a-t-elle tonné, rappelant que le Sénat avait d'autres outils à sa disposition pour discipliner les discussions.

Et ce alors que les débats ont déjà été "escamotés" en première lecture à l'Assemblée le 30 juin, après le vote surprise d'un motion de rejet déposée par les écologistes, face aux bancs désertés de la coalition gouvernementale.

"C'est vous qui êtes responsables du fait que le débat ne peut pas avoir lieu. Ce n'est pas nous", leur a rétorqué le rapporteur du texte, Cédric Vial (groupe LR).

Le président de la commission de la culture Laurent Lafon a lui aussi défendu la décision du gouvernement, pointant une obstruction "caractérisée" destinée à "empêcher que le Sénat confirme son soutien" au texte.

Peu après la reprise de la séance en début d'après-midi, les différents groupes de gauche ont renouvelé leurs critiques avant de quitter les lieux.

Le texte a finalement été adopté largement, par 194 voix contre 113. La version des sénateurs, compromis entre la majorité sénatoriale et le gouvernement, exclut de la holding France Médias Monde, comme le souhaitait le gouvernement, et conserve le deuxième volet du texte, sur la "souveraineté", que Mme Dati avait fait supprimer en commission à l'Assemblée.

Une victoire au forceps pour la ministre, qui défend bec et ongles la réforme depuis son entrée au gouvernement, face à l'hostilité des syndicats et à un agenda parlementaire contrarié.

- Victoire "à la Pyrrhus" ? -

Selon des sources parlementaires, la décision de déclencher le "vote bloqué" était sur la table depuis jeudi.

Mais, alors que le président du Sénat et le ministre des Relations avec le Parlement étaient enclins à laisser le débat se dérouler, "c'est bien Rachida Dati", en première ligne face à la gauche, qui "à un moment donné (...) a tranché pour tout le monde", selon un poids lourd.

Désormais, le texte devrait revenir à l'automne à l'Assemblée, à une date indéterminée. "Ce passage en force au Sénat sera une victoire à la Pyrrhus (...) Nous serons mobilisés dès la rentrée pour lui faire obstacle", a promis le député Aurélien Saintoul (LFI).

Le texte bénéficie à la chambre basse du soutien de la majorité du socle commun et de la relative bienveillance du RN, "plutôt partisan de s'abstenir" selon son vice-président Sébastien Chenu.