Israël propose le démantèlement de l’Unrwa en échange d’une aide accrue à Gaza

Des manifestants israéliens de droite se rassemblent devant le bureau de l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), en Cisjordanie, à Jérusalem, le 20 mars 2024, pour exiger sa fermeture (Photo, AFP).
Des manifestants israéliens de droite se rassemblent devant le bureau de l’Office de secours et de travaux des nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), en Cisjordanie, à Jérusalem, le 20 mars 2024, pour exiger sa fermeture (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 01 avril 2024

Israël propose le démantèlement de l’Unrwa en échange d’une aide accrue à Gaza

  • M. Guterres a mis en valeur l’importance de l’Unrwa, ajoutant qu’il serait «cruel et incompréhensible» de suspendre ses services aux Palestiniens
  • L’autorité et le maintien de l’Unrwa sont sanctionnés par l'Assemblée générale des nations unies, le seul organe qui a le pouvoir de déterminer le destin de l'agence

LONDRES: Israël a proposé à l’ONU le démantèlement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa), suggérant de transférer à la fois ses responsabilités et son personnel vers une nouvelle entité, en échange de l’autorisation de l’acheminement d’une aide alimentaire supplémentaire à Gaza, rapporte The Guardian dimanche.

La proposition a été présentée par le chef d’état-major israélien, le lieutenant-général Herzi Halevi, lors de discussions avec des responsables de l’ONU en Israël au début du mois de mars. Ces responsables ont relayé samedi la proposition au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, déclarent au journal britannique d’information des sources proches des discussions.

L’Unrwa, principale organisation humanitaire qui opère dans les territoires palestiniens depuis 1950, n’a pas été impliquée dans les négociations parce que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont refusé de traiter avec elle sur la base d’affirmations non vérifiées selon lesquelles certains membres du personnel de l’agence auraient participé aux attentats du 7 octobre contre Israël.

Ces allégations, toujours non étayées par l’armée israélienne, auraient privé l’agence d’un financement de 450 millions de dollars (1 dollar = 0,93 euro) provenant de seize principaux donateurs. Ce gel du financement intervient à un moment critique, alors que le blocus israélien menace 2,3 millions d’habitants de Gaza d’une famine imminente.

Israël se dit prêt à faciliter des flux d’aide importants vers Gaza, affirmant que le principal obstacle est la capacité de l’ONU, entravée encore davantage par la non-coopération d’Israël avec l’Unrwa, selon le journal The Guardian.

La proposition détaille la transition de 300 à 400 employés de l’Unrwa soit vers une agence des Nations unies existante, comme le Programme alimentaire mondial (PAM), soit vers une organisation nouvellement créée axée sur la distribution alimentaire à Gaza.

Le plan prévoit également le transfert éventuel d’un plus grand nombre d’employés et d’actifs de l’Unrwa, même s’il est difficile de savoir qui gérera la nouvelle entité ou assurera la sécurité de ses opérations.

Tamara Alrifai, directrice des relations extérieures de l’agence, fait part de ses inquiétudes. En effet, la portée limitée de la nouvelle entité proposée pourrait nuire à la distribution efficace de l’aide à Gaza. Elle met par ailleurs l’accent sur les vastes infrastructures et les importantes capacités en ressources humaines de l’Unrwa.

«Ce n’est nullement une critique du PAM, mais, logiquement, si le programme entamait une distribution de nourriture à Gaza demain, il utiliserait des camions de l’Unrwa et apporterait de la nourriture dans les entrepôts de l’Unrwa puis distribuerait de la nourriture dans les abris de l’Unrwa ou autour de ces derniers», explique-t-elle au journal The Guardian.

«Ils auront donc besoin, au minimum, de la même infrastructure que la nôtre, y compris en termes de ressources humaines.»

L’Unrwa est de loin la plus grande organisation humanitaire à Gaza. Elle employait 13 000 personnes lorsque la guerre a éclaté et 3 000 d’entre elles y travaillent encore. En plus de distribuer de la nourriture, l’agence est un employeur majeur à Gaza. Elle fournit des services éducatifs et médicaux essentiels au moment où le système de santé de l’enclave s’effondre.

«Il n’est pas uniquement question de nourriture. Nous disposons désormais de 7 centres de santé à Gaza, nous assurons 23 000 consultations chaque jour et nous avons déjà administré 53 000 vaccins depuis le début de la guerre. Il s’agit donc d’un système de soins complet qu’aucune autre agence n’est actuellement en mesure d’offrir», soutient Tamara Alrifai.

«C’est formidable que nous nous concentrions sur la nourriture en raison de la famine et que nous tirions la sonnette d’alarme sur la malnutrition, mais l’Unrwa est bien plus qu’une simple agence de distribution alimentaire.»

Certains responsables de l’ONU considèrent le plan israélien comme une tentative de montrer que l’ONU est peu disposée à coopérer en cas de famine à Gaza – et les organisations humanitaires mettent en garde contre son imminence.

D’autres agences humanitaires et organisations de défense des droits de l’homme considèrent la proposition israélienne comme le résultat d’une campagne de longue date qui vise à éliminer l’Unrwa.

Entièrement soumis à Israël 

«En autorisant cela, nous nous engageons sur une pente glissante. Nous serions entièrement soumis aux Israéliens et l’ONU serait alors directement complice de l’affaiblissement de l’Unrwa, qui est non seulement le plus grand fournisseur d’aide, mais aussi le plus grand rempart contre l’extrémisme à Gaza», a déclaré un responsable de l’ONU au journal britannique. «Nous servirions de nombreux agendas politiques si nous permettions que cela se produise.»

Les États-Unis ont soutenu en privé la proposition d’Israël d’inclure les fonctions de l’Unrwa dans d’autres organismes des Nations unies. Cependant, cette initiative s’est heurtée à l’opposition de divers donateurs et du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a toujours soutenu l’Unrwa.

Ce dernier, lors d’une récente visite dans un camp de réfugiés en Jordanie, a mis en valeur l’importance de l’Unrwa, ajoutant qu’il serait «cruel et incompréhensible» de suspendre ses services aux Palestiniens.

L’autorité et le maintien de l’Unrwa sont sanctionnés par l'Assemblée générale des nations unies, le seul organe qui a le pouvoir de déterminer le destin de l’agence.

Plusieurs responsables humanitaires de l’ONU affirment que seul l’Unrwa dispose des ressources nécessaires et bénéficie de la confiance des Palestiniens ordinaires pour acheminer l’aide alimentaire à Gaza. Tenter de créer une nouvelle organisation humanitaire pour des raisons politiques, en réponse aux demandes israéliennes et à la lumière de ses bombardements incessants sur la bande, serait désastreux.

«Il est scandaleux que des agences de l’ONU comme le PAM et de hauts responsables de l’organisation participent à des discussions sur le démantèlement de l’Unrwa», déclare l’ancien porte-parole de l’Unrwa Chris Gunness au journal The Guardian. «L’Assemblée générale accorde à l’Unrwa son mandat et elle seule est capable de le modifier, pas le secrétaire général et certainement pas un seul État membre.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.