Frappes israéliennes sur Gaza, combats autour des hôpitaux

Un garçon palestinien est assis sur le site d'une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024. (Reuters)
Un garçon palestinien est assis sur le site d'une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 mars 2024. (Reuters)
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Publié le Mercredi 27 mars 2024

Frappes israéliennes sur Gaza, combats autour des hôpitaux

  • Les opérations militaires israéliennes se poursuivent dans et aux abords de trois grands hôpitaux du territoire, où se cachent des combattants du Hamas, selon Israël
  • Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution restée sans effet appelant à un cessez-le-feu immédiat

TERRITOIRES PALESTINIENS: D'intenses bombardements israéliens ont fait mercredi des dizaines de morts à travers la bande de Gaza, assiégée et menacée de famine, où les combats entre l'armée et le Hamas se poursuivent aux abords de plusieurs grands hôpitaux.

La guerre qui fait rage depuis le 7 octobre entre Israël et le mouvement islamiste ne connaît aucun répit dans le territoire palestinien, où 76 personnes ont été tuées en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Une boule de feu a illuminé le ciel nocturne au-dessus de Rafah après une frappe aérienne sur cette ville du sud de Gaza où sont massés un million et demi de Palestiniens, selon l'ONU, en majorité des déplacés qui vivent sous la menace d'une offensive terrestre annoncée par Israël.

Au matin, des nuages de fumée s'élevaient dans le ciel après des bombardements au-dessus de Rafah, et au-dessus d'une autre zone densément peuplée dans le nord du territoire, selon des images de l'AFP.

"Des gens étaient assis et tout à coup, des débris ont envahi l'endroit. Ils ont échappé à la mort pour l'affronter ici", a témoigné Moussa Dahir, rescapé d'une frappe qui a tué ses parents et détruit sa maison à Rafah.

L'armée "n'a pas pu lancer d'opération terrestre à Rafah, alors elle a décidé de s'en prendre aux civils dans leurs maisons", a-t-il ajouté.

Les opérations militaires israéliennes se poursuivent pendant ce temps dans et aux abords de trois grands hôpitaux du territoire, où se cachent des combattants du Hamas, selon Israël.

L'armée a annoncé mercredi continuer son opération commencée le 18 mars dans le grand complexe hospitalier al-Chifa de la ville de Gaza, dans le nord, affirmant avoir tué jusqu'à présent "des dizaines de terroristes", en avoir arrêté "des centaines" et avoir découvert des armes.

Des centaines d'habitants ont fui le quartier depuis une semaine.

Des points noirs dans le ciel

Les opérations militaires continuent aussi à Khan Younès, dans le sud, dans le secteur de deux hôpitaux distants d'environ un kilomètre, Nasser et al-Amal, a ajouté l'armée.

L'hôpital al-Amal est "hors service" et "a cessé de fonctionner complètement", avait indiqué mardi le Croissant-rouge palestinien après l'évacuation des civils qui s'y trouvaient.

Selon le Croissant-rouge, des milliers de civils se trouvaient encore mardi dans l'hôpital Nasser encerclé par des dizaines de chars et de blindés. L'armée a indiqué mercredi à l'AFP que les soldats n'étaient pas entrés "à l'intérieur de l'hôpital".

L'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Allemagne et l'Espagne ont parachuté mercredi de nouvelles cargaisons de vivres pour venir en aide aux plus de 300.000 personnes restées dans le nord de la bande de Gaza, où les camions entrés par le sud arrivent très difficilement.

Le Hamas avait appelé les pays étrangers à cesser ces opérations et demandé l'ouverture des accès terrestres pour l'aide humanitaire, strictement contrôlée par Israël, après avoir annoncé la mort lundi de 18 personnes, dont 12 noyées en essayant de récupérer de la nourriture tombée dans la mer.

Au sol, les habitants guettent chaque jour les points noirs dans le ciel et se précipitent quand les parachutes atterrissent, se bousculant et se battant même.

"Quand les parachutes sont tombés à l'eau, de jeunes hommes et de jeunes garçons ont commencé à patauger dans leur direction. Et malheureusement certains ne sont pas revenus", a raconté à l'AFP Ouday Nassar, témoin du drame de lundi sur la plage d'al-Soudanyia, au nord de la ville de Gaza.

Appel au monde

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

D'après Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d'entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 34 seraient mortes.

Israël a réagi au plus haut niveau mercredi après des révélations d'agressions sexuelles subies par une ex-otage du Hamas, Amit Soussana, pendant sa captivité de 55 jours.

Le porte-parole de l'armée, le contre-amiral Daniel Hagari, a appelé "le monde à agir" et faire "tout pour libérer nos otages", après la publication dans le New York Times d'une interview de cette avocate de 40 ans.

En représailles à cette attaque qui a traumatisé le pays, Israël a juré de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait jusqu'à présent 32.490 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Ramenez-les à la maison"

Le Qatar, pays médiateur avec les Etats-Unis et l'Egypte, a affirmé mardi que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour une trêve associée à un échange d'otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, malgré les obstacles.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution restée sans effet appelant à un "cessez-le-feu immédiat". Les Etats-Unis, qui ont durci le ton envers Israël face aux lourdes pertes civiles, se sont abstenus.

A Tel-Aviv, des familles d'otages ont manifesté mardi soir pour exhorter le gouvernement israélien à conclure un accord.

"Assez de s'occuper des petits détails! Mettez-vous au travail et ramenez-les à la maison maintenant!", a déclaré Ayala Metzger, la belle-fille de Yoram Metzger, un otage du Hamas.

La guerre dans la bande de Gaza s'accompagne d'une flambée de violence à la frontière israélo-libanaise.

Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a annoncé mercredi avoir tiré des roquettes sur le nord d'Israël, où les services de secours israéliens ont fait état d'un mort, en représailles à un bombardement imputé à l'armée israélienne qui a tué sept secouristes dans un village frontalier.

 

Guerre à Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce un bilan de 32.490 personnes tuées

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé mercredi un nouveau bilan de 32.490 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

En 24 heures, 76 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère, qui fait état de 74.889 blessés en plus de cinq mois et demi de guerre.

« Ramenez-les à la maison »

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une première résolution appelant à un cessez-le-feu à Gaza, par 14 voix pour et une abstention, celle des Etats-Unis qui avaient jusqu'alors bloqué trois projets de résolution en ce sens.

Furieux contre son allié américain, Israël a annulé la visite d'une délégation attendue à Washington pour discuter entre autres d'une éventuelle opération terrestre à Rafah, à laquelle l'administration Biden s'oppose, préconisant plutôt des mesures ciblées contre des dirigeants du Hamas.

Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a jugé mardi "trop élevées" les pertes civiles et l'aide humanitaire "beaucoup trop faible" dans la bande de Gaza, au moment d'accueillir au Pentagone son homologue israélien, Yoav Gallant, arrivé plus tôt cette dans la capitale américaine.

Le Qatar - pays médiateur avec les Etats-Unis et l'Egypte - a affirmé mardi que les négociations indirectes entre le Hamas et Israël pour une trêve à Gaza ainsi qu'un échange d'otages et de prisonniers palestiniens se poursuivaient, bien que les deux parties en guerre se renvoient la responsabilité de l'absence de progrès.

Dans la métropole israélienne de Tel-Aviv, des familles d'otages ont manifesté tard mardi pour exhorter le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu à conclure un accord.

"La délégation israélienne (...) doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir à un accord et ramener tous les otages chez eux. Assez de s'occuper des petits détails! Mettez-vous au travail et ramenez-les à la maison maintenant!", a déclaré sur place Ayala Metzger, belle-fille de Yoram Metzger, otage du Hamas.

"Sept secouristes" ont par ailleurs été tués dans une frappe nocturne contre un centre d'urgence à Habariyeh, dans le sud du Liban, a annoncé mercredi à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable du groupe Jamaa Islamiya, une organisation libanaise liée au Hamas. D'après un autre responsable, une dizaine de sauveteurs se trouvaient dans ce bâtiment au moment de la frappe.


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.