Tunisie: premier verdict dont des peines capitales pour l'assassinat de l'opposant Belaïd en 2013

Des personnes scandent des slogans alors qu'elles se rassemblent pour une manifestation dans la capitale Tunis, le 6 février 2022, marquant l'anniversaire de l'assassinat du politicien tunisien de gauche Chokri Belaid, qui a été abattu devant sa maison en 2013. (AFP)
Des personnes scandent des slogans alors qu'elles se rassemblent pour une manifestation dans la capitale Tunis, le 6 février 2022, marquant l'anniversaire de l'assassinat du politicien tunisien de gauche Chokri Belaid, qui a été abattu devant sa maison en 2013. (AFP)
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Publié le Mercredi 27 mars 2024

Tunisie: premier verdict dont des peines capitales pour l'assassinat de l'opposant Belaïd en 2013

  • Au total, 23 personnes avaient été inculpées pour l'assassinat par balles dans sa voiture et devant son domicile le 6 février 2013 de cet avocat de 48 ans, critique virulent du parti islamo-conservateur Ennahdha
  • Après 11 ans d'enquêtes et procédures judiciaires, et 15 heures de délibération, le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité

TUNIS: Quatre accusés dans le procès pour l'assassinat de l'opposant de gauche tunisien Chokri Belaïd en 2013 ont été condamnés à mort, dans le tout premier verdict prononcé mercredi dans une affaire qui avait choqué la Tunisie et provoqué une grave crise politique.

Au total, 23 personnes avaient été inculpées pour l'assassinat par balles dans sa voiture et devant son domicile le 6 février 2013 de cet avocat de 48 ans, critique virulent du parti islamo-conservateur Ennahdha, à l'époque au pouvoir en Tunisie.

Après 11 ans d'enquêtes et procédures judiciaires, et 15 heures de délibération, le tribunal de première instance de Tunis a également condamné deux accusés à la prison à perpétuité, a annoncé en direct sur la télévision nationale Aymen Chtiba, procureur général adjoint du pôle judiciaire antiterroriste.

Le procureur s'est félicité que "justice ait été rendue", expliquant la longueur des délibérés, qui ont duré toute la nuit, par "la nature et le volume" du dossier.

Des peines de 2 à 120 ans d'emprisonnement ont aussi été prononcées pour d'autres inculpés tandis que cinq individus ont été acquittés même s'ils restent poursuivis dans d'autres affaires.

Si la justice tunisienne continue à prononcer régulièrement des condamnations à la peine capitale, notamment dans des affaires de terrorisme, un moratoire est appliqué de facto depuis 1991.

Des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) avaient revendiqué l'assassinat de M. Belaïd ainsi que celui, six mois plus tard, du député Mohamed Brahmi, 58 ans, une autre figure de l'opposition de gauche.

Les autorités tunisiennes avaient annoncé en février 2014 la mort de Kamel Gadhgadhi, considéré comme le principal auteur de l'assassinat de M. Belaïd, pendant une opération antiterroriste.

MM. Belaïd et Brahmi s'opposaient à la politique d'Ennahdha, mouvement qui a dominé le Parlement et le gouvernement après la révolution tunisienne en 2011, jusqu'à un coup de force en 2021 de l'actuel président Kais Saïed (élu en 2019) par lequel il s'est octroyé les pleins pouvoirs.

Ces deux assassinats avaient choqué la Tunisie et constitué un tournant pour ce pays, berceau du Printemps arabe, alors en pleine transition démocratique, en provoquant une profonde crise politique, au terme de laquelle Ennahdha avait dû céder le pouvoir à un gouvernement de technocrates en 2014.

« Innocence » d'Ennahdha

En février 2023, le ministère tunisien de la Justice avait annoncé la mise en place d'une commission chargée d'une étude "approfondie" sur les enquêtes et poursuites policières et judiciaires sur ces assassinats.

En juin 2022, le président Kais Saied qui a fait de l'assassinat des deux "martyrs" une cause nationale, avait ordonné la révocation de dizaines de magistrats dont certains sont soupçonnés, selon lui, d'avoir entravé l'enquête.

Les familles et la défense des deux opposants tués ont accusé régulièrement au cours de la dernière décennie des partis politiques et certains juges de faire obstacle à la recherche de la vérité pour protéger les coupables.

Les proches de Chokri Belaïd ont pointé du doigt Ennahdha, accusant le mouvement de s'être au moins montré "indulgent" envers le discours des islamistes extrémistes qui s'était développé à l'époque.

Ennahdha a répondu à ces critiques en disant avoir classé le mouvement salafiste jihadiste Ansar al-Charia - toléré après la chute du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali en 2011 - comme organisation terroriste après les assassinats de deux opposants.

Mercredi matin, le mouvement a promptement réagi au premier verdict, estimant que les enquêtes policières et judiciaires ainsi que les condamnations prononcées "prouvent l'innocence" d'Ennahdha. Le parti a dénoncé "une volonté de certains courants idéologiques et partis politiques de l'accuser à tort" de ces assassinats.

Après la révolte de 2011 ayant provoqué la chute de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a connu un essor des groupes jihadistes avec des milliers d'islamistes partis combattre en Syrie, Irak et Libye.

Des attentats ont également fait des dizaines de morts parmi les touristes (à Sousse et Tunis en 2015) et les forces de sécurité en Tunisie.

Les autorités affirment avoir obtenu ces dernières années des progrès significatifs dans la lutte contre les jihadistes.


Le chef d'état-major libyen est mort dans un "accident" d'avion en Turquie (officiel)

Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
Photo prise et diffusée par le ministère turc de la Défense le 23 décembre 2025, montrant le chef d'état-major libyen, le général Muhammad Ali Ahmad Al-Haddad. (AFP/ministère turc de la Défense)
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  • Le chef d’état-major libyen Mohamed al-Haddad et plusieurs hauts responsables militaires sont morts dans un accident d’avion après leur départ d’Ankara
  • Les autorités turques évoquent une urgence liée à un dysfonctionnement électrique ; la Libye observe trois jours de deuil national et a dépêché une délégation pour enquêter

TRIPOLI: Le chef d'état-major libyen et plusieurs autres responsables militaires sont morts dans un "accident" d'avion après avoir quitté la capitale turque Ankara, où ils étaient en visite, a annoncé mardi soir le Premier ministre libyen, Abdelhamid Dbeibah.

"C'est avec une profonde tristesse et une grande affliction que nous avons appris la nouvelle du décès du chef d'état-major général de l'armée libyenne, le général de corps d'armée Mohamed Al-Haddad (...), à la suite d'une tragédie et d'un accident douloureux lors de (son) retour d'une mission officielle dans la ville turque d'Ankara", a déclaré M. Dbeibah sur sa page officielle sur Facebook.

Les autorités turques ont annoncé que l'épave de l'avion qui le transportait avait été retrouvée. Elles avaient auparavant indiqué que le contact avait été perdu avec l'appareil moins de 40 minutes après son décollage d'Ankara.

Le général Mohamad al-Haddad, originaire de Misrata (ouest), avait été nommé à ce poste en août 2020 par l'ancien chef du gouvernement Fayez al-Sarraj.

Plusieurs autres responsables militaires se trouvaient à bord selon le Premier ministre libyen: le chef d'état-major de l'armée de terre, le général Al-Fitouri Ghraybel, le directeur de l'Autorité de l'industrie militaire, Mahmoud Al-Qatioui, et le conseiller du chef d'état-major, Mohamed Al-Assaoui Diab.

Un photographe, Mohamed Omar Ahmed Mahjoub, les accompagnait.

M. Dbeibah a déploré une "grande perte pour la patrie"". "Nous avons perdu des hommes qui ont servi leur pays avec loyauté et dévouement", a-t-il noté.

Le gouvernement d'union nationale (GNU) de M. Dbeibah, basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale, a décrété un deuil national de trois jours.

Il a aussi demandé au ministère de la Défense d'envoyer une délégation officielle à Ankara pour faire la lumière sur les circonstances de l'incident, selon un communiqué du gouvernement.

L'appareil "a signalé une urgence due à un dysfonctionnement électrique au contrôle aérien et a demandé un atterrissage d'urgence", a précisé la présidence turque.

Le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen, a de son côté présenté ses condoléances et dit sa "profonde tristesse".


Le ministre israélien de la Défense promet de ne "jamais quitter" Gaza

Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
Des enfants jouent dans le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, dans le centre de la bande de Gaza, le 22 décembre 2025. (Photo : Eyad Baba / AFP)
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  • Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré qu’Israël « ne quitterait jamais Gaza » et évoqué la création d’avant-postes, avant que son ministère ne précise qu’il n’y a aucune intention de recolonisation
  • Ces propos interviennent alors qu’une trêve fragile est en vigueur et que les médiateurs appellent à la mise en œuvre du plan Trump, qui prévoit un retrait complet israélien de Gaza

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a affirmé mardi qu'Israël "ne quitterait jamais Gaza", évoquant la possible création d'avant-postes dans le territoire palestinien ravagé par la guerre, avant que ses services ne modèrent ses propos.

"Nous sommes au cœur de Gaza et nous ne quitterons jamais Gaza", a déclaré M. Katz en déplacement dans la colonie de Beit-El en Cisjordanie occupée, lors d'un discours filmé par des médias israéliens.

"Nous sommes là-bas pour empêcher ce qui s'est passé" de se reproduire, a-t-il ajouté, en référence à l'attaque meurtrière du Hamas palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

M. Katz a évoqué l'installation d'avant-postes dans le nord de Gaza, pour remplacer des colonies évacuées par Israël lors de son retrait unilatéral de 2005, citant le modèle de "Nahal", associant présence militaire et implantation agricole.

"Au moment opportun (...) nous établirons dans le nord de Gaza, des avant-postes Nahal à la place des communautés (des anciennes colonies) qui ont été déracinées", a-t-il dit.

Ses services ont rapidement tempéré ses propos, assurant qu'ils "s'inscrivaient exclusivement dans un contexte sécuritaire."

"Le gouvernement n'a aucune intention d'établir des colonies dans la bande de Gaza", selon un communiqué.

Les déclarations du ministre interviennent dans le contexte d'une fragile trêve entrée en vigueur le 10 octobre entre Israël et le Hamas, sous l'égide de Washington et de médiateurs régionaux.

Les pays médiateurs --Qatar et Égypte-- appellent à la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix du président américain Donald Trump. Cette étape prévoit notamment un retrait complet des forces israéliennes de la bande de Gaza, et le plan stipule qu'"Israël ne va ni occuper ni annexer Gaza."

Les propos de M. Katz ont suscité de vives critiques dans l'opposition.

"Le gouvernement vote d'une main en faveur du plan Trump, et de l'autre il vend des fables sur des centres de peuplement isolés à Gaza", a assené sur X Gadi Eizenkot, ancien ministre et ancien chef d'état-major.

Jeudi dernier, quelques dizaines d'Israéliens ont pénétré illégalement dans la bande de Gaza, en violation des consignes de l'armée, et y ont planté symboliquement un drapeau israélien, pour appeler à la réoccupation et à la recolonisation du territoire palestinien, réclamée notamment par les ministres d'extrême droite du gouvernement Netanyahu.


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.