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L'économie marocaine est sortie de la pandémie de Covid-19 en pleine expansion et devrait croître à nouveau en 2024. La résilience du pays s'est également manifestée par une récupération rapide après les dégâts causés par les forts tremblements de terre de septembre 2023. Cette croissance économique est fortement axée sur la transition du pays vers l'énergie durable. L'annonce faite la semaine dernière par le Maroc de réserver 1 million d'hectares de terres spécifiquement pour des projets d'énergie verte est représentative de ce changement.
L'ampleur de cette annonce est immense. Dans un premier temps, le projet réservera 300 000 hectares de terres aux investisseurs locaux et internationaux dans des projets d'énergie verte. Compte tenu de la stabilité économique et politique du pays, ainsi que de son environnement favorable aux entreprises, ce projet a déjà suscité un vif intérêt de la part des investisseurs.
À l'heure actuelle, les sources d'énergie renouvelables couvrent environ 20 % des besoins en électricité du Maroc ; bien que ce chiffre soit élevé par rapport aux normes régionales, l'annonce de la semaine dernière améliorera considérablement la disponibilité des énergies renouvelables dans le pays, pour la consommation intérieure et, surtout, pour l'exportation.
Le Maroc dispose d'un immense potentiel pour la collecte d'énergie renouvelable en raison de sa situation géographique - il est soit ensoleillé soit venteux tous les jours de l'année et il est très proche de l'Europe de l'Ouest.
Avec plus de 3 000 heures d'ensoleillement par an, 71 % des heures de la journée au Maroc sont ensoleillées. Cela a permis au pays de lancer une vaste campagne d'énergie solaire d'une valeur d'environ 9 milliards de dollars.
Bien que le Maroc dépende actuellement fortement du pétrole et du charbon pour sa production d'électricité, il s'est engagé à réduire cette dépendance.
Zaid M. Belbagi
Le complexe solaire Noor Ouarzazate est l'une des réussites les plus remarquables de cette campagne. Il s'agit de la plus grande centrale solaire à concentration du monde, d'une capacité de 580 mégawatts, qui a été construite dans le but d'alimenter plus d'un million de foyers dans le pays. Cette centrale est importante pour la sécurité énergétique du Maroc, car elle permet à une grande partie de la population d'avoir accès à une énergie abordable et fiable et, lorsqu'elle sera étendue, à de l'énergie destinée à l'exportation.
Le Maroc accueille également la première liaison par câble électrique entre l'Europe et l'Afrique, l'interconnexion sous-marine Espagne-Maroc, qui relie les infrastructures énergétiques des deux continents.
De même, le Maroc a commencé à utiliser ses vastes étendues de terres ouvertes et la fréquence élevée du vent pour installer des projets éoliens à grande échelle qui décarbonisent sa consommation d'énergie. Le Maroc abrite désormais le parc éolien de Tarfaya, le deuxième plus grand parc éolien d'Afrique. S'étendant sur 100 km2 dans le désert du Sahara, il exploite plus de 130 turbines éoliennes et dispose d'une capacité installée de 300 MW, ce qui lui permet de répondre aux besoins de 1,5 million de ménages marocains. Le parc éolien de Midelt à Draa-Tafilalet, d'une capacité de 210 MW, est un autre exemple de réussite dans l'expansion de la production d'énergie renouvelable au Maroc.
L'une des réalisations les plus remarquables à cet égard est le projet Xlinks Morocco-UK Power, une installation de production d'électricité entièrement alimentée par l'énergie éolienne et solaire et dotée d'un système de stockage par batterie. L'approvisionnement en électricité sans carbone généré par ce projet devrait durer de manière fiable près de 20 heures par jour en moyenne. Ce projet est mené par la société britannique Xlinks, spécialisée dans les énergies renouvelables, et a également bénéficié de l'investissement de TotalEnergies, d'Octopus Energy et de l'Abu Dhabi National Energy Company. Ce projet sera situé à Guelmim Oued-Noun, une région connue pour être riche en ressources naturelles et renouvelables. Une fois opérationnel, le projet pourrait répondre à environ 8 % de la demande énergétique du Royaume-Uni.
Bien que le Maroc dépende actuellement fortement du pétrole et du charbon pour sa production d'électricité, il s'est engagé à réduire cette dépendance. Selon la stratégie énergétique nationale du Maroc de 2009, le pays vise à produire 52 % de son énergie primaire à partir de sources renouvelables d'ici à 2030. Cet objectif est d'autant plus important que les besoins énergétiques du pays devraient tripler d'ici 2030. Le Maroc vise également une réduction de 18,3 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici la même année.
Le Maroc est reconnu comme un leader continental en matière de production d'énergie durable et est en passe de devenir un leader mondial dans le même domaine.
Zaid M. Belbagi
Le plan s'appuie sur de multiples sources d'énergie renouvelable, notamment l'énergie éolienne, l'énergie solaire et l'hydroélectricité. Cet objectif ambitieux permettra au Maroc de réduire considérablement son empreinte carbone et sa dépendance vis-à-vis des importations d'énergie, qui pèsent lourdement sur l'économie, étant donné que 90 % des besoins énergétiques du pays sont couverts par des importations de combustibles fossiles.
Les progrès réalisés dans la transition vers l'énergie verte aideront non seulement l'économie du Maroc et ses engagements en matière de climat, mais ils rendront également le pays plus autonome. Les perturbations mondiales dues au Covid-19 et les tensions géopolitiques qui ont suivi au Moyen-Orient et en Ukraine ont mis en évidence la nécessité de sécuriser les chaînes d'approvisionnement et de les nationaliser dans toute la mesure du possible. En développant ses capacités nationales de production d'énergie renouvelable, le Maroc sera moins sujet à la volatilité de l'offre due aux tensions diplomatiques ou aux menaces sécuritaires.
En outre, cela stimulera la création d'emplois dans le pays, non seulement dans les usines d'énergie renouvelable, mais aussi dans les industries auxiliaires telles que le conseil en énergie, la logistique et les exportations. En 2021, le secteur de l'énergie représentait plus de 12 000 emplois au Maroc et ce chiffre devrait passer à plus de 400 000 au cours des 20 prochaines années grâce à l'augmentation des investissements dans le secteur.
Le Maroc jouit d'une position de plus en plus importante au Maghreb et sur le continent africain en raison de sa croissance économique régulière et de sa position géostratégique. Il est de plus en plus considéré comme un pont entre les marchés européen et africain, d'autant plus que sa situation stratégique permet des connexions infrastructurelles entre les deux continents. Aujourd'hui, il est reconnu comme un leader continental en matière de production d'énergie durable et est en passe de devenir un leader mondial dans le même domaine.
Avec la plus grande centrale solaire concentrée du monde et le deuxième parc éolien d'Afrique sur son territoire, le Maroc a reçu une reconnaissance positive au niveau mondial. La communauté internationale a salué ses progrès dans la réalisation de l'objectif de développement durable n° 7 des Nations unies, qui consiste à garantir l'accès de tous à une énergie abordable, fiable et durable. Avec l'augmentation des investissements dans le secteur des énergies vertes et la volonté des acteurs internationaux d'exploiter le potentiel du pays dans ce domaine, le Maroc va commencer à redessiner la carte géopolitique.
Zaid M. Belbagi est commentateur politique et conseiller auprès de clients privés entre Londres et le CCG. X : @Moulay_Zaid
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com
