TERRITOIRES PALESTINIENS: La communauté internationale cherche à diversifier les voies pour acheminer des aides vitales à la population de Gaza au bord de la famine et bombardée sans cesse par Israël, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell dénonçant l'utilisation de la faim "comme arme de guerre".
Ces dernières 24 heures, au moins 88 personnes ont péri dans les bombardements israéliens qui ont touché notamment le sud de la bande de Gaza dévastée et assiégée depuis le 9 octobre par Israël, a indiqué mercredi le ministère de la Santé du mouvement islamiste Hamas.
Au sixième mois de la guerre déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël, le bilan humain ne cesse de s'alourdir à Gaza avec 31.272 morts en majorité des civils depuis le 7 octobre selon le même ministère, et la situation humanitaire ne cesse d'empirer, l'ONU redoutant "une famine généralisée".
Sans trêve à l'horizon et alors que les aides par voie terrestre sous contrôle d'Israël n'entrent qu'au compte-gouttes à Gaza, plusieurs pays ainsi que l'Union européenne ont décidé des voies alternatives, par mer et air.
Un premier bateau chargé de 200 tonnes de vivres a quitté mardi le port chypriote de Larnaca pour Gaza, empruntant un couloir mis en place par l'UE et plusieurs pays. Ce bateau de l'ONG espagnole Open Arms qui évolue à très petite vitesse se trouvait mercredi à environ 260 km de Gaza, selon le site Vessel Finder.
Chypre, distante d'environ 370 km des côtes du territoire palestinien, a annoncé préparer un deuxième chargement, "bien plus grand".
Quatre bateaux de l'armée américaine ont eux quitté les Etats-Unis avec une centaine de soldats et l'équipement nécessaire à la construction d'une jetée et d'un quai à Gaza pour l'acheminement de l'aide d'humanitaire. Le voyage doit prendre 30 jours environ et l'installation sera prête "d'ici 60 jours", selon les autorités américaines.
Parachutages
Depuis une dizaine de jours, plusieurs pays arabes et occidentaux dont les Etats-Unis parachutent quotidiennement des repas et des aides médicales sur la bande de Gaza surtout le nord où la situation est particulièrement désespérée.
Mais les envois par mer ou les parachutages ne peuvent se substituer à la voie terrestre, martèle l'ONU.
"Quand nous étudions les voies alternatives pour apporter de l'aide, par la mer ou par les airs, nous devons nous rappeler que nous devons le faire parce que la voie terrestre habituelle est fermée", a dit Josep Borrell.
"Et le fait d'affamer la population est utilisé comme une arme de guerre", a-t-il déploré.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 personnes sont mortes de malnutrition et de déshydratation, en majorité des enfants, dans la bande de Gaza, déjà soumise à un blocus israélien total depuis la prise de contrôle en 2007 de ce territoire par le Hamas.
L'armée israélienne a elle annoncé un "projet pilote" qui a permis mardi l'entrée de six camions d'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) directement dans le nord de la bande de Gaza, une première.
Mais le PAM estime qu'il faut 300 camions d'aide alimentaire par jour pour répondre aux besoins immenses des quelque 2,4 millions d'habitants dont la grande majorité est menacée de famine d'après l'ONU.
Depuis le début de la guerre, l'aide entre dans Gaza via deux terminaux à la frontière sud d'Israël, venant d'Egypte qui garde sa frontière fermée avec le territoire palestinien.
En dépit des pressions internationales, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est déterminé à poursuivre son offensive contre le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, l'UE et les Etats-Unis.
Un membre du Hamas tué au Liban
"Israël remportera cette guerre quoi qu'il en coûte. Et pour la gagner, Israël doit détruire les derniers bataillons du Hamas à Rafah", où s'entassent 1,5 million de Palestiniens en grande majorité des déplacés, a dit M. Netanyahu.
Le Premier ministre a juré d'"anéantir" le Hamas après l'attaque menée le 7 octobre par des commandos de ce mouvement infiltrés depuis Gaza en Israël.
Au moins 1.160 personnes ont été tuées dans cette attaque, la plupart des civils, selon un décompte établi par l'AFP à partir de sources officielles israéliennes et quelque 250 personnes avaient été enlevées et emmenées à Gaza. 130 otages s'y trouvent encore dont 32 déclarés morts par Israël.
En représailles, l'armée israélienne a lancé une campagne massive de bombardements contre le territoire exigu, suivie 20 jours plus tard d'une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d'avancer du nord au sud de cette bande de terre d'environ 40 km de long et 10 de large.
Le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) Philippe Lazzarini a dénoncé une "guerre contre les enfants", en affirmant que plus d'enfants ont été tués à Gaza en quatre mois de guerre qu'en quatre ans de conflits à travers le monde.
Face à l'intransigeance des protagonistes, les pays médiateurs -Etats-Unis, Qatar, Egypte- n'arrivent pas à arracher un accord de trêve accompagné de libérations d'otages, qui était espéré pendant le mois de jeûne musulman du ramadan qui a début cette semaine.
"Nous ne sommes pas près d'un accord", a dit le Qatar.
A la frontière israélo-libanaise, les violences ne connaissent elles non plus aucun répit. Mercredi, le Hamas a annoncé la mort d'un membre de sa branche armée, Hadi Moustapha, dans une frappe attribuée à Israël contre une voiture dans le sud du Liban dans laquelle une autre personne a péri.