PARIS: Discours, interview et déplacements prévus cette semaine pour parler éducation: Gabriel Attal revient en force sur le terrain scolaire, entretenant le doute sur les marges de manœuvre de sa ministre Nicole Belloubet, après des divergences apparentes sur les futurs groupes de niveau.
"J'emmène avec moi ici, à Matignon, la cause de l'école", a promis l'ex-ministre de l'Education en prenant ses fonctions de Premier ministre, en janvier.
Un mois après l'arrivée de Nicole Belloubet rue de Grenelle, qui a clos le passage éclair et très agité d'Amélie Oudéa-Castéra, Gabriel Attal revient sur le devant de la scène sur ces questions, avec une semaine largement consacrée à l'école.
Premier "temps fort": son déplacement lundi à Arras, où l'enseignant Dominique Bernard a été tué il y a cinq mois. L'occasion pour lui de souligner que l'école était "la meilleure arme pour combattre" les terroristes, à l'occasion de la journée d'hommage aux victimes du terrorisme.
Dans une interview prévue mercredi avec le Figaro, Gabriel Attal doit ensuite "reprendre la parole" sur des thèmes comme la laïcité à l'école, les violences contre les enseignants et la sécurisation des établissements, selon son entourage.
Le Premier ministre se rendra enfin jeudi dans un établissement scolaire avec Nicole Belloubet et mènera, ce même jour, une réunion en visio-conférence avec les chefs d'établissements (collèges, lycées) pour "ré-ancrer sa feuille de route, notamment sur le +choc des savoirs+", cette série de mesures pour l'école annoncée en décembre pour élever le niveau des élèves.
«Cacophonie»
Cette reprise en main des sujets éducation intervient après quelques jours de flottement et de discours contradictoires sur les groupes de niveau en français et en mathématiques au collège, l'une des mesures clés du "choc des savoirs". Les modalités d'application de ces groupes, largement critiqués par les syndicats, doivent être publiées en fin de semaine.
La ministre de l'Education a annoncé jeudi l'introduction d'une "certaine souplesse" dans la mise en place l'an prochain en 6e et 5e de ces groupes, qu'elle a préféré qualifier de "groupes de besoin". Elle a évoqué la possibilité de "rassembler les élèves en classe entière" à certains moments.
Mais Gabriel Attal, dès le lendemain, a réaffirmé que ces groupes seraient "appliqués à la rentrée prochaine" pour rassembler les élèves "du même niveau", sans évoquer de regroupements de classes.
"Une belle cacophonie dont on sait au moins une chose, c'est que ça ne conduit pas à de l'apaisement dans l'Education nationale", souligne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées.
"C'est regrettable qu'on se retrouve dans cette situation", abonde Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa. "Ça ressemble plus à montrer que c'est lui le chef de l'école que réellement assurer une sérénité".
Belloubet «pas cannibalisée»
Dans l'entourage de Gabriel Attal, on assure que "chacun avance avec sa sensibilité", mais qu'"il n’y a qu’une ligne, c’est celle du Premier ministre".
"Il y a une répartition des rôles", ajoute-t-on. "Tout le travail de Nicole Belloubet, c’est de renouer le lien avec les syndicats pour que les promesses soient tenues".
Mais pour d'autres, au-delà d'une répartition des rôles, ces deux discours sont le signe de divergences.
"Il y a vraiment de la friture sur la ligne", estime Sophie Vénétitay. "La rapidité de la réaction de Gabriel Attal laisse à penser qu’il ne veut pas lui donner la main et lui laisser la moindre marge de manœuvre".
Pour le sénateur (LR) Max Brisson également, "il semble qu'il n'y ait pas totalement concordance dans le discours de l’un et de l’autre", avec une ministre qui a du mal "à exprimer clairement la notion de groupe de niveau, alors que le discours du Premier ministre est beaucoup plus clair sur ce point".
Pour un proche d'Emmanuel Macron, "c'est la position de Nicole Belloubet qui gagne". "Ça veut dire qu’elle n’est pas cannibalisée".