LONDRES: Le député britannique Lee Anderson, ancien vice-président du parti conservateur suspendu pour des propos islamophobes, a rejoint lundi la formation d'extrême droite Reform UK du champion du Brexit Nigel Farage, dont la progression inquiète les Tories à quelques mois des législatives.
Il devient de ce fait "le premier député" à porter la voix de Reform UK à la Chambre des communes, s'est félicité le président de la formation, Richard Tice, lors d'une conférence de presse organisée à Londres.
Selon le site du Parlement, les élections partielles ne sont pas automatiquement déclenchées si un député change d'affiliation à un parti.
"Reform UK m'a offert l'opportunité de m'exprimer au Parlement au nom de millions de personnes à travers le pays qui ont le sentiment de ne pas être écoutées", a déclaré M. Anderson, 57 ans, qui a dit vouloir "récupérer son pays" dans un discours aux accents trumpistes.
"Je ne peux pas faire partie d'une organisation qui étouffe la liberté d'expression", a poursuivi le député du Nottinghamshire, dans le nord de l'Angleterre, en référence à sa suspension du groupe parlementaire conservateur fin février.
Le député, coutumier des sorties polémiques, avait soutenu sur la chaîne ultraconservatrice GB News que des islamistes auraient "pris le contrôle" de Sadiq Khan, membre de l'opposition travailliste et premier maire musulman de la capitale britannique élu en 2016.
Propos condamnés
Les propos de Lee Anderson ont été largement condamnés alors que les actes antisémites et antimusulmans ont explosé au Royaume-Uni depuis les attaques du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien. Refusant de présenter ses excuses, il a été suspendu.
En janvier, le député avait déjà démissionné de son poste de vice-président du parti conservateur pour soutenir une ligne plus dure que le gouvernement sur l'immigration.
Anti-immigration, europhobe et hostile aux politiques climatiques, Reform UK pourrait contribuer à anéantir les espoirs des conservateurs de rester au pouvoir à l'issue des élections législatives prévues d'ici à fin 2024.
En éparpillant les voix à droite, l'ancien parti du Brexit, crédité d'environ 10% des intentions de vote, risque en effet d'affaiblir les Tories face au parti d'opposition travailliste, déjà donné largement favori.
Le président honoraire et fondateur de Reform UK Nigel Farage entretient, lui, le suspense au sujet d'une potentielle candidature aux législatives.