L'armée de terre se démène pour recruter et retenir ses soldats

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Publié le Mercredi 06 mars 2024

L'armée de terre se démène pour recruter et retenir ses soldats

  • Avec la baisse drastique des effectifs militaires prévue par le gouvernement français en Afrique, dans la foulée du départ forcé des troupes tricolores du Mali, du Burkina Faso puis du Niger, les rêves de "sable chaud" s'éloignent
  • En parallèle, les armées se voient fortement sollicitées sur le territoire français. L'opération Sentinelle, lancée après les attentats jihadistes de 2015 a été renforcée en octobre, pour monter jusqu'à 7.000 soldats en patrouille

PARIS: Forums pour la jeunesse, partenariats avec des lycées professionnels, campagnes sur les réseaux sociaux, aides aux familles: l'armée de terre se démène pour recruter et retenir ses soldats, au moment où les Européens vivent le retour de la guerre à leur portes avec le conflit en Ukraine.

En 2023, pour la première fois, il a manqué plus de 2.000 soldats à l'appel par rapport aux objectifs de recrutement, selon le chef d'état-major de l'armée de terre, Pierre Schill.

Avec la baisse drastique des effectifs militaires prévue par le gouvernement français en Afrique, dans la foulée du départ forcé des troupes tricolores du Mali, du Burkina Faso puis du Niger, les rêves de "sable chaud" s'éloignent.

En parallèle, les armées se voient fortement sollicitées sur le territoire français. L'opération Sentinelle, lancée après les attentats jihadistes de 2015 a été renforcée en octobre, pour monter jusqu'à 7.000 soldats en patrouille, après l'assassinat d'un professeur par un jeune fiché pour radicalisation islamiste.

Plus de 15.000 militaires seront, par ailleurs, mobilisés pour les JO de Paris et plusieurs milliers d'entre eux camperont cet été sur la pelouse parisienne de Reuilly.

"On ne s'engage pas pour monter la garde mais pour des missions qui ont du sens", s'emporte sous couvert d'anonymat un jeune officier qui a été déployé au Sahel dans le cadre de l'opération antijihadiste Barkhane, terminée en 2022.

Pendant près de dix ans, les opérations extérieures françaises au Sahel ont permis à toute une génération de militaires français d'acquérir une expérience au combat mais aussi d'obtenir des soldes supérieures, puisque les primes "Opex" permettent en moyenne de la multiplier par 2,5.

"Ces éléments vont manquer et compliquer le recrutement et la fidélisation", admet un ancien haut gradé.

Fidéliser 

"Plus qu'un changement de contexte des opérations à l’extérieur, ce qui peut peser, c'est une image brouillée de la fonction militaire", estime Bénédicte Chéron, maître de conférences à l'Institut catholique de Paris.

"Si l’armée de terre apparaît comme une force équivalente à la police ou à la gendarmerie", les jeunes Français peuvent ne pas comprendre ce qui différencie cet engagement de la surveillance des espaces publics, poursuit-elle.

L'armée de terre, parmi les premiers employeurs de France, recrute jusqu'à 16.000 personnes chaque année. Un immense défi, avec un modèle social à soutenir: 50% des sous-officiers sont issus des militaires du rang et 50% des officiers sont d'anciens sous-officiers.

La France s'en sort plutôt bien par rapport à d'autres armées européennes comme l'Allemagne qui se pose la question de réintroduire le service militaire, ou encore le Royaume-Uni où pour huit militaires qui quittent les rangs des armées (retraites, démissions...) seuls cinq sont recrutés, selon un rapport parlementaire.

Mais la condition militaire et ses contraintes familiales restent un désavantage sur un marché du travail actuellement très concurrentiel. En outre, le vivier de jeunes recrues potentielles baisse, en raison de la démographie mais aussi d'un mode de vie plus sédentaire et moins sportif qu'auparavant.

Aventure et cohésion

Dans les armées, "vous trouverez une cohésion que vous ne trouverez nulle part ailleurs", commente le jeune officier, qui déplore toutefois "une somme de frustrations" au sein des régiments, "entre les infrastructures en mauvais état, l'entraînement qui est faible, le manque de grosses munitions (missiles), les limites sur l'emploi des moyens (blindés)" et les lourdeurs administratives.

Pour fidéliser les troupes, les armées font des efforts pour améliorer les conditions de vie des familles, avec un nouveau plan doté de 750 millions d'euros sur la période 2024-2030.

Du côté des ressources humaines de l'armée, le moral reste bon car les recrutements pour 2024 s'annoncent "encourageants".

"Notre mot d'ordre c'est : +Viens faire de ton métier une aventure+", fait valoir le directeur des Ressources humaines de l'armée de terre, le général Marc Conruyt, ancien commandant de Barkhane.

"Nous sommes capables d'offrir à nos jeunes compatriotes des vies un peu singulières, des aventures exceptionnelles, des missions que seuls les militaires ont le droit de faire", affirme-t-il, en énumérant le large éventail d'opérations possibles en servant sous les drapeaux: "Faire de la solidarité stratégique en Roumanie, en Estonie, passer quatre mois sur le fleuve Maroni en Guyane ou dans la jungle pour lutter contre l'orpaillage illégal, aller dans le Pacifique ou en Nouvelle-Calédonie, faire de la formation en Irak...".


Sophie Binet (CGT) a déclaré que le travail le 1er mai était « hors de question »

La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) Sophie Binet assiste à une manifestation de travailleurs du groupe de distribution français Auchan près de l'Assemblée nationale à Paris, le 22 janvier 2025. (Photo Sebastien DUPUY / AFP)
La secrétaire générale de la Confédération générale du travail (CGT) Sophie Binet assiste à une manifestation de travailleurs du groupe de distribution français Auchan près de l'Assemblée nationale à Paris, le 22 janvier 2025. (Photo Sebastien DUPUY / AFP)
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  • Sophie Binet, la leader de la CGT, s'est dite opposée au travail le 1(er) mai, en réaction à une proposition de loi visant à autoriser les établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche à le faire également le 1(er) mai
  • « C'est une conquête sociale et nous sommes là pour la préserver », a-t-elle insisté, faisant référence à la journée de mobilisation du 1er mai.

PARIS : Sophie Binet, la leader de la CGT, s'est dite opposée au travail le 1(er) mai, en réaction à une proposition de loi visant à autoriser les établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche à le faire également le 1(er) mai, notamment les boulangers et les fleuristes.

« Pas question. Il y a 364 autres jours pour ouvrir », a-t-elle réagi sur LCI. « C'est une conquête sociale et nous sommes là pour la préserver », a-t-elle insisté, faisant référence à la journée de mobilisation du 1er mai.

Une proposition de loi de sénateurs centristes, soutenue par le gouvernement, a été déposée afin que les salariés des établissements et services « dont le fonctionnement ou l'ouverture est rendu nécessaire par les contraintes de la production, de l'activité ou les besoins du public » puissent travailler le 1(er) mai. 

Cette initiative vise à répondre à la polémique de ces derniers jours concernant les boulangers, dont certains avaient subi des contrôles inopinés de l'inspection du Travail le jour de la Pentecôte l'an passé.

« Je rappelle que le 1er mai, les patrons peuvent travailler s'ils le souhaitent, mais pour les travailleurs et les travailleuses, c'est férié, chômé, et c'est un acquis de la lutte », a souligné Mme Binet.

La représentante syndicale a réfuté l'argument selon lequel les salariés seraient volontaires : « C'était exactement ce qu'on nous disait le dimanche en nous disant que, de toute manière, le dimanche était payé double, donc il fallait laisser les salariés qui le souhaitent travailler le dimanche ». 

« Le résultat, c'est qu'on a complètement libéralisé le travail du dimanche. Il y a de plus en plus d'entreprises qui appliquent des majorations de 10 % ou qui n'accordent aucune majoration du tout, et qui n'ont même pas l'air de vouloir recourir au volontariat », a-t-elle défendu.

À l'inverse, le député RN Julien Odoul a déclaré qu'il fallait « bien évidemment changer la loi parce qu'aujourd'hui on a besoin de libérer le travail, d'inciter les gens à travailler ».

« Le 1er mai, c’est la fête du travail, pas la fête de l'oisiveté ou de l'assistanat. La CGT veut nous renvoyer au XIX^e siècle, c'est une autre histoire », a-t-il souligné.


Le gouvernement français promet de procéder à un grand « ménage » au sein des agences de l'État

La ministre française en charge des comptes publics, Amélie de Montchalin, s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics, Amélie de Montchalin, s'exprime lors d'une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « L'État (...) va faire du ménage dans notre organisation, parce que les Français le demandent », a-t-elle avancé.
  • « Aujourd'hui, on compte 180 000 personnes qui travaillent dans les agences et les opérateurs, plus que de gendarmes dans le pays », a-t-elle rappelé.

PARIS : La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé dimanche que « d'ici la fin de l'année », « un tiers des agences et des opérateurs » de l'État « qui ne sont pas des universités » allaient être « fusionnés ou supprimés ».

« C'est 2 à 3 milliards d'euros d'économies à la clé », a-t-elle indiqué sur CNews/Europe 1, précisant notamment que cela impliquerait « moins d'emplois publics ».

« L'État (...) va faire du ménage dans notre organisation, parce que les Français le demandent », a-t-elle avancé.

« Aujourd'hui, on compte 180 000 personnes qui travaillent dans les agences et les opérateurs, plus que de gendarmes dans le pays », a-t-elle rappelé.

« Ces 180 000 personnes ont toutes un métier, une mission. Notre rôle est de considérer que les choses ne sont pas immuables », a-t-elle ajouté.

La ministre des Comptes publics n'a pas spécifié quelles agences et opérateurs allaient être fusionnés ou supprimés, si ce n'est que ces fusions et suppressions n'incluaient pas les universités. 

En début d'année, plusieurs agences étaient dans le collimateur du gouvernement et de la droite, notamment l'Agence bio, menacée un temps de disparition après le vote, mi-janvier au Sénat, d'un amendement auquel la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, ne s'était pas opposée.

Interrogée sur la façon dont les suppressions d'emplois publics pourraient se faire, Amélie de Montchalin a répondu : « Vous avez des gens qui partent à la retraite, vous avez des gens que vous pouvez mettre ensemble, on a plein de moyens sans faire dans la casse sociale. »

« Je serai auditionnée mi-mai par une commission du Sénat, je ferai des annonces à ce moment-là », a ajouté Amélie de Montchalin.

En 2024, le déficit public s'est creusé pour atteindre 5,8 % du produit intérieur brut (PIB). Le gouvernement espère le ramener à 5,4 % cette année, au prix d'un effort budgétaire d'une cinquantaine de milliards d'euros, renforcé récemment par 5 milliards supplémentaires.

Il entend ensuite le réduire à 4,6 % en 2026 grâce à un nouvel effort chiffré à 40 milliards d'euros. 


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret.