GENEVE: La communauté juive en Suisse réclame mercredi des "mesures plus concrètes" après l'attaque d'un juif orthodoxe par un adolescent se réclamant de l'Etat islamique samedi à Zurich, déplorant l'absence "de sursaut national".
"Le fait qu’un tel événement n’a pas généré de sursaut national est un vrai problème, parce qu’il met en lumière un manque de conscience de la gravité de la situation", déclare le secrétaire général de la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (Cicad) Johanne Gurfinkiel, dans un entretien au quotidien Arc Info.
"Nous attendons désormais des mesures plus concrètes: par exemple que la présidente de la Confédération convoque une réunion d’urgence avec les représentants des milieux concernés pour connaître leurs attentes et leurs propositions", souligne M. Gurfinkiel.
L'auteur présumé de l'attaque au couteau ayant grièvement blessé un juif orthodoxe à Zurich samedi soir avait fait allégeance au groupe Etat islamique (EI) dans une vidéo, authentifiée par la police. L'auteur présumé est un adolescent "de 15 ans de nationalité suisse et d'origine tunisienne", selon le parquet.
Le responsable de la Cicad estime que ce type d'attaque n'était qu'une question de temps au regard du climat délétère qui règne selon lui, depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, après les attaques sans précédent menées par le mouvement islamiste le 7 octobre en Israël.
M. Gurfinkiel pointe du doigt la hausse "massive" des actes antisémites en Suisse ces dernières années, "qui ont encore explosé après le 7 octobre et le début du conflit entre Israël et le Hamas". Rien qu'en Suisse romande (francophone), près de 1.000 cas ont été recensés en 2023, soit une augmentation de 68% par rapport à l'année précédente, souligne le responsable.
Le plan d'action devrait se construire en collaboration avec la société civile.
"Nous considérons qu’il faudrait investir davantage de moyens dans la prévention et la sensibilisation, que cela soit dans les administrations, dans les milieux politiques et naturellement à l’école", explique le responsable.
"Cela impliquerait, par exemple, d’introduire à l’école des modules spécifiques consacrés aux grandes questions sociétales actuelles, comme l’antiracisme, l'homophobie, le sexisme et l’antisémitisme", propose M. Gurfinkiel.
"Une telle démarche ne représenterait pas un travail colossal, mais résoudrait déjà un certain nombre de dérives", selon lui.
Un peu plus de 0,2% de la population résidente suisse permanente se revendique de religion juive, sur une population d'un peu moins de 9 millions de personnes, selon les statistiques officielles.