Au Kirghizstan, des minis glaciers artificiels pour sauver les fermiers

Des cavaliers circulent dans une rue du village de Syn-Tash, à une soixantaine de kilomètres de Bichkek, le 13 février 2024. Dans les montagnes du Tian-Shan, au Kirghizstan, des villageois ont créé un glacier artificiel pour approvisionner en eau leurs fermes frappées par la sécheresse. (Photo de Vyacheslav Oseledko AFP)
Des cavaliers circulent dans une rue du village de Syn-Tash, à une soixantaine de kilomètres de Bichkek, le 13 février 2024. Dans les montagnes du Tian-Shan, au Kirghizstan, des villageois ont créé un glacier artificiel pour approvisionner en eau leurs fermes frappées par la sécheresse. (Photo de Vyacheslav Oseledko AFP)
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Publié le Dimanche 03 mars 2024

Au Kirghizstan, des minis glaciers artificiels pour sauver les fermiers

  • Pour élever ce stupa de glace, toute la population environnante a œuvré deux semaines durant à l'automne afin de détourner d'une gorge l'eau d'un torrent montagneux provenant des sommets du Tian-Shan
  • Dans le nord du Kirghizstan, pays habitué aux révolutions et jacqueries, le manque d'eau a déjà provoqué des tensions sociales lors des précédents étés arides

SYN-TASH, Kirghizstan : Debout sur une colline artificielle de glace érigée dans le majestueux massif montagneux du Tian-Shan au Kirghizstan, l'éleveur Erkinbek Kaldanov se veut optimiste: «Désormais, nous n'aurons plus de problème avec l'eau», la sécheresse devenant un défi croissant en raison du changement climatique.

Sous ses pieds s'étend un monticule de glace d'une vingtaine de mètres de large et cinq de haut. Au cœur de l'hiver, il culminait à douze mètres.

Inquiet pour ses moutons l'an dernier après des pics de chaleur anormaux, M. Kaldanov veut croire que cette année sera moins difficile, car «quand le glacier artificiel fondra, il y aura de l'eau pour faire boire le bétail et irriguer les terres à Syn-Tash», son district.

Pour élever ce stupa de glace, toute la population environnante a œuvré deux semaines durant à l'automne afin de détourner d'une gorge l'eau d'un torrent montagneux provenant des sommets du Tian-Shan, le massif qui culmine à plus de 4.000 mètres d'altitude dans cette zone du nord du Kirghizstan, pays agricole.

Si Erkinbek Kaldanov doit compter sur cette solution, c'est que les glaciers naturels d'Asie centrale, principale ressource hydrique de la région, disparaissent peu à peu sous l'effet du réchauffement climatique.

Selon une étude de 2023 publiée dans la revue de référence «Science», l'accélération de la fonte des glaciers centrasiatiques, principalement situés au Kirghizstan et au Tadjikistan, atteindra un pic entre 2035 et 2055. A cela s'ajoute le manque de neige, dû lui aussi à la hausse des températures, qui ne leur permet plus de se régénérer.

- «Moins en moins d'eau» -

L'étendue du problème est visible sur les images satellites et régulièrement soulignée par les Nations unies. Tous les pays de la zone sont concernés, dont ceux, majoritairement désertiques, situés en aval: le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et le Turkménistan.

De quoi alimenter les conflits latents entre les États, qui dépendent encore d'un complexe système de partage des eaux hérité de la période soviétique et aujourd'hui obsolète.

«Le réchauffement climatique touche aussi l'Asie centrale, il y a de moins en moins d'eau chaque année, les nappes phréatiques se vident, les sources s'assèchent et nous avons des problèmes avec les pâturages», résume pour l'AFP Aïdos Yzmanaliev, porte-parole des fermiers de Syn-Tash.

Trouver des solutions devient urgent, d'autant que l'agriculture représente officiellement environ 10% de la fragile économie kirghize et que deux-tiers des habitants vivent en zone rurale. Dans le nord du Kirghizstan, pays habitué aux révolutions et jacqueries, le manque d'eau a déjà provoqué des tensions sociales lors des précédents étés arides.

Avec les stupas de glace, «notre but principal est de fournir de l'eau au bétail, car la majorité des 8.400 habitants de la communauté de communes de Syn-Tash sont des agriculteurs et des éleveurs», explique à l'AFP son dirigeant, Maksat Djoldochev.

«Nous prévoyons de construire deux ou trois glaciers artificiels supplémentaires pour irriguer les terres arables» poursuit-il.

- Concept simple -

L'idée et la réalisation sont relativement simples. «L'eau est tirée à trois kilomètres depuis une source de montagne via des tuyaux souterrains, puis elle jaillit en fontaine et gèle, formant le glacier», synthétise M. Yzmanaliev. Le coût est relativement modeste, 550.000 soms (environ 5.700 euros).

«Outre le fait de fournir de l'eau liquide à sa fonte, le glacier fait également baisser la température ambiante et dégage de l'humidité qui se transmet à la végétation autour, broutée par le bétail du printemps à l'automne», poursuit M. Yzmalaniev.

Né dans l'Himalaya indien en 2014 et encore peu répandu au niveau mondial hormis au Chili et expérimenté en Suisse, le concept a été importé en 2020 au Kirghizstan par Abdilmalik Eguemberdiev, dirigeant de l'association kirghize des utilisateurs des pâturages.

«Nous avons maintenant 24 glaciers artificiels à travers le pays et d'autres doivent voir le jour», se félicite-t-il auprès de l'AFP.

De plus, «grâce aux glaciers artificiels, qui fondent entre début avril et mi-juin, les fermiers peuvent garder leur bétail jusqu'à deux mois et demi de plus dans les pâturages de printemps au lieu de les envoyer vers les pâturages estivaux». De quoi ralentir l'érosion des sols, un autre problème endémique en Asie centrale.


Les sociétés françaises sur le marché des énergies renouvelables en Arabie saoudite

Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
Membres de la délégation d’entreprises françaises et saoudiennes lors de la  Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
Membres de la délégation d’entreprises françaises et saoudiennes lors de la Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
Première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation Riyad 16 février 2025 (Photo Fournie)
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  • Business France avec le soutien de l’ambassade de France en Arabie saoudite a organisé la première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation sous le slogan « pour un partenariat stratégique franco-saoudien.
  • Rachi Boulaouine, directeur de Business France en Arabie saoudite, a déclaré : « Nous sommes ravis de participer à cette nouvelle initiative. Il s'agit d'une priorité absolue pour l'Arabie saoudite et la France dans la réalisation de nos objectifs"

RIYAD: Business France avec le soutien de l’ambassade de France en Arabie saoudite a organisé la première édition des journées franco-saoudiennes dédiées à la décarbonisation au Crown Plaza Digital City de Riyad, le 16 février sous le slogan « pour un partenariat stratégique franco-saoudien pour la décarbonisation du pétrole et du gaz, ainsi que pour la transition énergétique ».

L’événement a réuni d’importantes entités gouvernementales saoudiennes notamment le ministère de l’énergie, de l’investissement et le Programme national de développement industriel et de logistique

Durant son allocution d’ouverture, Rachid Boulaouine, directeur de Business France en Arabie saoudite, a déclaré : « Nous sommes ravis de participer à cette nouvelle initiative. Il s'agit d'une priorité absolue pour l'Arabie saoudite et la France dans la réalisation de nos objectifs à l'horizon 2030.

Dans le cadre de ce programme, les deux pays s'engageront à réduire les émissions de carbone en investissant dans les énergies renouvelables. L'initiative verte de l'Arabie saoudite apportera une aide précieuse à cet égard. Apprendre à diriger et à opérer des changements massifs est essentiel dans ce domaine. Il doit s'agir d'une stratégie et d'un pilier central, en particulier lorsqu'il s'agit de développer un écosystème.

L'Arabie saoudite transforme son secteur énergétique, créant de réelles opportunités et les entreprises françaises investissent dans le pays. Le ministère de l'investissement a mis en place un système attractif pour attirer les investisseurs et le Royaume est devenu l'un des marchés émergents les plus attractifs au monde. »

Cet événement a vu la participation d’une importante délégation d’entreprises françaises spécialisées dans le secteur de des énergies renouvelables notamment Total Énergies, Air Liquide, Engie, Altrad Endel, Energy Pool, Pentabell et Valsem Industries. Ces entreprises s’engagent à réduire l’empreinte carbone des installations existantes et peuvent contribuer largement à la création d’emplois et au développement de la recherche.

En marge de cette journée Ahmed Tazri, Directeur général de Total Energies en Arabie Saoudite a déclaré à Arab News : « Nous sommes très présents sur le marché de l'énergie solaire. Nous accompagnons le royaume dans le renouvellement de son mix énergétique et investissons, avec nos partenaires, dans des projets solaires en Arabie saoudite.

Une des premières choses qu'on met en place, c'est qui peut paraître un peu paradoxal, mais c'est d'encourager nos clients à réduire leur consommation. C'est de réfléchir avec eux comment optimiser leur consommation électrique. C'est une démarche qui est très suivie, notamment en Europe, où la problématique est encore plus poussée dans tous les pays de l'OCDE. »

Ahmed Tazri a expliqué : « SATOR est un projet solaire actuellement en phase de lancement, qui devrait intervenir dans les prochaines semaines. Il permettra d'injecter 120 mégawatts dans le réseau saoudien. Il est situé entre Riyad et la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen.

Notre deuxième projet en cours est celui de Rabbit, qui, avec ses 300 mégawatts, permettra également la production d'énergie solaire dans la région nord de Djeddah, en collaboration avec notre partenaire. Cela permettra d'injecter une partie importante d'énergie renouvelable sur le réseau saoudien.

Enfin, nous avons une filiale, Sapphire, qui installe des panneaux solaires pour produire de petites quantités d'électricité sur des parkings, des bâtiments, etc. Cette filiale permet d'alimenter des consommateurs électriques à petite échelle. »

Altrad Endel est actif dans divers secteurs de l'industrie, comme la génération d'électricité, le nucléaire, la pétrochimie, l'eau et le gaz. L'entreprise Altrad est aujourd'hui un acteur de référence de l'industrie française. Présente dans plus de 50 pays et affiche un chiffre d'affaires de 5,5 milliards d'euros. Le Moyen-Orient constitue un marché stratégique pour Altrad, le deuxième après l'Europe continentale.

Anes Chaouachi, directeur régional chez Altrad Endel, a expliqué à Arab news : « Aujourd'hui, nous sommes présents en Arabie saoudite, où nous employons plus de 5 000 personnes, dont 500 Saoudiens, qui font partie de nos équipes. Notre objectif est d'accompagner nos clients pour optimiser leurs installations. Nous leur apportons des solutions intégrées qui leur permettent de maîtriser l'ensemble de leurs services, de réduire le nombre d'interfaces et de les accompagner dans l'optimisation de l'ensemble du cycle de vie de leur installation en travaillant avec eux sur la durabilité, poumon de l'environnement durable. »

Altrad Endel est très présent au Moyen-Orient et nous sommes convaincus que l'Arabie saoudite constituera l'un des marchés les plus importants pour notre groupe dans les années à venir, et nous nous y investissons. »

Le Royaume se caractérise par une abondance de ressources énergétiques renouvelables, telles que l’énergie solaire et l’énergie éolienne, considérées comme les deux principales sources d'énergie verte à fort potentiel et le programme national d'énergie renouvelable, avec tous les projets réalisés et ceux qui sont en cours de construction, témoigne vraiment de la promesse de cette initiative stratégique pour la réalisation de la Vision 2030.


L'Arabie saoudite lève 818 millions de dollars lors de l'émission de sukuk de février

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  • Le sukuk, un instrument de financement conforme à la charia, permet aux investisseurs de détenir une participation partielle dans les actifs de l’émetteur tout en respectant les principes de la finance islamique
  • Selon le Centre national de gestion de la dette, l’émission de février a été répartie en quatre tranches

RIYAD : L’Arabie saoudite a levé 3,07 milliards de riyals saoudiens (818 millions de dollars) grâce à son émission de sukuk en février, alors que le Royaume continue d’exploiter les marchés de la dette pour soutenir ses efforts de diversification économique.
Cette dernière émission libellée en riyals, gérée par le Centre national de gestion de la dette, fait suite à une émission de 3,72 milliards de riyals en janvier. Le Royaume avait levé 11,59 milliards de riyals en décembre et 3,41 milliards de riyals en novembre, selon les données officielles.
Le sukuk, un instrument de financement conforme à la charia, permet aux investisseurs de détenir une participation partielle dans les actifs de l’émetteur tout en respectant les principes de la finance islamique. L’Arabie saoudite est un acteur clé du marché mondial des sukuk, utilisant les ventes de dette pour financer des projets dans le cadre de son plan de transformation économique Vision 2030.
Selon le Centre national de gestion de la dette, l’émission de février a été répartie en quatre tranches. La première, d’une valeur de 585 millions de riyals, arrivera à échéance en 2029, tandis que la deuxième, d’un montant de 1,70 milliard de riyals, arrivera à échéance en 2032. La troisième tranche, d’une valeur de 404 millions de riyals, expirera en 2036, et la dernière tranche, totalisant 376 millions de riyals, arrivera à échéance en 2039.
L’Arabie saoudite devrait jouer un rôle de premier plan dans la dynamique des émissions de dettes et de sukuk au cours des deux prochaines années, a indiqué Fitch Ratings plus tôt ce mois-ci. L’agence a noté que les institutions financières et les entreprises saoudiennes se tournent de plus en plus vers les marchés internationaux de la dette pour diversifier leurs sources de financement.
Un rapport distinct de Fitch prévoit que le marché de la dette en Arabie saoudite atteindra 500 milliards de dollars d’ici la fin de 2025, soutenu par un nombre croissant de projets d’infrastructure et de développement.
Le Royaume devrait également dominer les échéances d’obligations et de sukuk dans la région du Golfe, avec des remboursements attendus totalisant 168 milliards de dollars entre 2025 et 2029, selon un rapport de décembre de Kamco Invest. La dette émise par le gouvernement représentera la plus grande part, avec des échéances estimées à 110,2 milliards de dollars sur cette période.
Dans l’ensemble du Conseil de coopération du Golfe, le marché de la dette a dépassé le cap des 1 000 milliards de dollars d’émissions en circulation à la fin novembre, selon un autre rapport de Fitch.
Par ailleurs, l’émission mondiale de sukuk devrait se situer entre 190 et 200 milliards de dollars en 2025, portée par l’activité sur des marchés clés comme l’Arabie saoudite et l’Indonésie, selon S&P Global. L’agence de notation a rapporté que les ventes mondiales de sukuk avaient totalisé 193,4 milliards de dollars en 2024, en légère baisse par rapport aux 197,8 milliards de dollars en 2023.


La France prête à bannir les "polluants éternels" des textiles et cosmétiques

La ministre française de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher quitte le Palais de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 29 janvier 2025. (AFP)
La ministre française de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche Agnès Pannier-Runacher quitte le Palais de l'Élysée après la réunion hebdomadaire du cabinet, le 29 janvier 2025. (AFP)
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  • Une législation "pionnière" dans l'Union européenne: le Parlement français devrait approuver définitivement jeudi une proposition de loi écologiste restreignant la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, ces "polluants éternels" massivemen
  • La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé lundi au quotidien Le Parisien que le camp du président français Emmanuel Macron soutiendrait un "vote conforme" de la proposition de loi

PARIS: Une législation "pionnière" dans l'Union européenne: le Parlement français devrait approuver définitivement jeudi une proposition de loi écologiste restreignant la fabrication et la vente de produits contenant des PFAS, ces "polluants éternels" massivement présents dans la vie courante, dont l'impact sur la santé inquiète.

Le texte, voté une première fois à l'Assemblée, et remanié par le Sénat en mai, devrait être adopté dans les mêmes termes qu'à la Chambre haute, permettant son entrée en vigueur.

La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a affirmé lundi au quotidien Le Parisien que le camp du président français Emmanuel Macron soutiendrait un "vote conforme" de la proposition de loi.

Quasi indestructibles et présentes dans quantité d'objets et de produits, ces substances chimiques per- et polyfluoroalkylés ou PFAS s'accumulent avec le temps dans l'air, le sol, l'eau, la nourriture et, in fine, dans le corps humain, notamment dans le sang et les tissus du rein ou du foie.

Si les connaissances sur les risques sanitaires associés aux différents PFAS sont insuffisantes, voire absentes, de l'avis même d'autorités sanitaires, des effets néfastes sur le métabolisme humain ont été pointés pour plusieurs "polluants éternels".

L'article phare de la proposition de loi prévoit d'interdire à partir du 1er janvier 2026 la fabrication, l'importation et la vente de tout produit cosmétique, produit de fart (pour les skis) ou produit textile d'habillement contenant des PFAS, à l'exception de certains textiles industriels ou "nécessaires à des utilisations essentielles".

Une taxe visant les industriels dont les activités entraînent des rejets de PFAS, sur le principe du "pollueur-payeur", figure également dans le texte.

Si l'ambition initiale du texte a été réduite - avec notamment l'exclusion des ustensiles de cuisine du champ de l'interdiction - le rapporteur Nicolas Thierry (Les Ecologistes) a vanté en commission la semaine dernière un texte permettant de faire de la France "l'un des pionniers en Europe" de la lutte contre les polluants éternels.