JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé jeudi soir son intention de "trouver un accord" pour intégrer les juifs ultra-orthodoxes dans l'armée après avoir été "défié" la veille sur cette question épineuse par son ministre de la Défense.
Le service militaire est obligatoire en Israël, mais les juifs ultra-orthodoxes (haredim) peuvent en être exemptés s'ils consacrent leur temps à étudier les textes sacrés du judaïsme.
En ces temps de guerre à Gaza, cette exemption est de plus en plus critiquée au sein de la société, dont une partie estime que les haredim devraient comme les autres apporter leur contribution à la sécurité du pays et faire leur service militaire.
"Porter ensemble le fardeau du service militaire est un défi national", avait estimé mercredi soir le ministre de la Défense Yoav Gallant, ajoutant qu'il ne présenterait sa réforme du service militaire au Parlement que si elle avait le soutien de "tous les partis de la coalition".
L'ancien ministre de la Défense et membre du cabinet de guerre Benny Gantz, dont le parti de l'Union nationale (centre) est largement en tête des intentions de vote, a aussitôt salué le discours de Yoav Gallant. Et la presse israélienne a vu dans le discours de M. Gallant un possible tournant qui pourrait mener à la chute du fragile gouvernement de coalition de M. Netanyahu.
"Même le public haredi reconnaît le besoin de partager le fardeau, nous fixerons des objectifs pour l'engagement dans l'armée et dans un service civil (...) On peut y arriver sans divisions avec une majorité à la Knesset mais tout le monde ne sera pas satisfait", a répondu jeudi soir M. Netanyahu lors d'une conférence de presse.
"Tenir des élections en pleine guerre serait une défaite pour Israël" car cela "bloquerait tout", a-t-il ajouté. Et "Gallant le sait", a-t-il asséné.
La déclaration mercredi avait suscité de vives réactions de la presse qui y voyait un camouflet à l'égard de M. Netanyahu, le quotidien Maariv (centre-droit) y voyant la plus importante déclaration" politique depuis le 7 octobre.
En demandant que sa réforme soit approuvée par l'ensemble du gouvernement, M. Gallant fait glisser le centre de gravité du cabinet vers le centre sur cette question, "car il a donné un pouvoir de veto à Benny Gantz et Gadi Eisenkot", ténors du parti centriste de l'Union nationale qui ont rejoint le gouvernement après le début de la guerre, a-t-il expliqué.
M. Gallant, pourtant membre du Likoud (droite) de M. Netanyahu, a "fait une déclaration d'indépendance" et "défié" ce dernier et ses alliés des partis juifs ultra-orthodoxes, souligne le Yediot Aharonot, titre le plus vendu de la presse hébraïque.
Pour la chaîne N12, "Gallant a largué hier une bombe politique" qui pourrait "conduire à la dissolution du gouvernement dans quelques semaines", pour laquelle il "ne verserait pas une larme".
En 2018, des élections anticipées avaient dû être organisées en grande partie après l'échec du Likoud à obtenir une majorité pour faire passer une loi sur la conscription des juifs ultra-orthodoxes.