BEYROUTH: Le mouvement islamiste libanais Hezbollah a annoncé mardi avoir visé à deux reprises une base militaire israélienne après des frappes la veille sur l'est du Liban, l'ONU demandant l'arrêt de ce cycle de violences.
Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, le Hezbollah cible quotidiennement des positions miliaires israéliennes, en soutien à son allié palestinien.
Israël mène des frappes sur les villages frontaliers et des opérations ciblées contre des responsables du Hezbollah.
Dans un communiqué, le Hezbollah a affirmé mardi avoir "visé la base de contrôle aérien de Méron", dans le nord d'Israël, à l'aide d'une salve de missiles antiblindés.
Il a affirmé que cette opération intervenait "en riposte aux attaques israéliennes contre les villages et régions du sud" du Liban.
Dans la soirée, l'armée israélienne a indiqué avoir intercepté plusieurs des "20 lancements qui ont été observés depuis le Liban vers le nord d'Israël".
Elle a ajouté avoir "identifié l'impact d'un missile antichar dans la zone de l’unité de contrôle aérien à Méron", précisant qu'il n'avait pas affecté le bon fonctionnement du site. "L'armée israélienne frappe actuellement des cibles terroristes du Hezbollah au Liban", poursuit le communiqué.
Entre Israël et le Hezbollah libanais, une escalade qui reste contrôlée
La guerre d'usure entre le puissant mouvement libanais Hezbollah et l'armée israélienne a pris un tour dangereux cette semaine avec des frappes israéliennes en profondeur en territoire libanais, faisant craindre un conflit à large échelle.
Mais malgré les discours belliqueux de part et d'autre, les deux parties, engagées dans des violences quotidiennes depuis près de cinq mois, ne semblent pas avoir intérêt à un embrasement régional.
Risque de guerre généralisée?
"On ne peut évidemment pas écarter le risque d'une guerre à large échelle, mais il est peu probable", estime Hisham Jaber, un général à la retraite.
Un accident pouvant dégénérer est cependant toujours possible. Ainsi, une roquette tirée lundi par le Hezbollah sur le Golan a atterri près d'un bus scolaire, selon le quotidien israélien Yedioth Ahronoth.
"S'il semble encore que les deux parties ne veulent pas vraiment une guerre totale, les échanges de tirs" lundi "montrent à quel point la situation dans le nord est fragile et peut facilement conduire à une escalade globale", écrit pour sa part mardi le journaliste israélien Avi Issacharoff dans le même quotidien.
Mais pour l'analyste libanais, "ni le Hezbollah", ni son parrain, "l'Iran", n'ont intérêt à une guerre à large échelle qui embraserait toute la région.
L'analyste militaire israélien Amir Bohbot estime également dans le site Walla que "malgré l'atmosphère explosive, les deux camps contrôlent la situation et marchent sur la pointe des pieds".
Une issue diplomatique?
Le Hezbollah lie l'arrêt des combats à la fin de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
De son côté, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a averti qu'une éventuelle trêve à Gaza n'entamerait pas "l'objectif" d'Israël de repousser le Hezbollah de sa frontière nord, par la force ou la diplomatie.
Le parti chiite avait déjà annoncé avoir visé cette base plus tôt dans la matinée "à l'aide d'une salve de roquettes", "en riposte à l'agression israélienne sur les abords de Baalbeck" la veille.
Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait déclaré que ces roquettes n'avaient fait ni victimes ni dégâts, ajoutant que l'aviation israélienne avait attaqué et détruit "un site militaire" et "une infrastructure militaire" du Hezbollah en représailles.
Le Hezbollah a également déclaré en fin d'après-midi avoir visé pour la première fois à l'aide de dizaines de roquettes de type Katyoucha "le poste de commandement de la 146ème division à Gaaton", à quelques 8 km de la frontière.
La coordinatrice spéciale de l'ONU au Liban Joanna Wronecka a réagi mardi en "demandant instamment l’arrêt immédiat de ce dangereux cycle de violence".
De son côté, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), a déploré mardi "l'évolution inquiétante des échanges de tir" et "une intensification des frappes", affirmant que la récente escalade risquait de "compromettre une solution politique" au conflit.
Le porte-parole du Département d'Etat américain, Mathew Miller, a indiqué que son pays "ne veut pas voir d'escalade du conflit de la part d'une partie ou de l'autre", ajoutant qu'Israël avait assuré les Etats-Unis qu'il voulait suivre "une voie diplomatique".
Israël avait annoncé lundi avoir visé, pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre, des positions du Hezbollah à Baalbeck (est), tuant deux combattants, bien au-delà des régions frontalières habituellement visées.
La région de Baalbeck, dans la plaine de la Békaa frontalière de la Syrie, est un bastion du Hezbollah qui y dispose d'une importante présence militaire.
L'armée israélienne a déclaré que les frappes visaient des sites de la défense aérienne du Hezbollah après que le groupe a abattu un drone Hermes-450 israélien.
Au moins 284 personnes, pour la plupart des combattants du Hezbollah et de formations qui lui sont alliées, et environ 44 civils, ont été tuées au Liban depuis le 7 octobre, selon un décompte de l'AFP.
Côté israélien, dix soldats et six civils ont été tués, selon l'armée.