LONDRES : Les groupes extrémistes violents exploitent l'indignation suscitée par la guerre à Gaza pour attiser les flammes de la radicalisation, recruter des adeptes et encourager les attaques de loups solitaires en Occident, ont averti des responsables de la lutte contre le terrorisme.
Depuis l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qui a déclenché les représailles d'Israël à Gaza, des responsables de la sécurité ont mis en garde contre une augmentation spectaculaire des tendances islamistes violentes, de la propagande terroriste en ligne et du nombre d'individus signalés aux autorités.
S'exprimant samedi lors de la conférence de Munich sur la sécurité, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a déclaré que les actions provocatrices des forces israéliennes déployées dans la bande de Gaza allaient attiser les sentiments dans les pays arabes et islamiques, d'autant plus que le nombre de morts approche les 30 000.
Il a averti que ces incidents pourraient servir les idéologies du terrorisme et de l'extrémisme dans le monde.
Le mois dernier, Matt Jukes, chef de la police antiterroriste britannique, a révélé que les événements au Moyen-Orient avaient créé un «climat dangereux» dans lequel la colère contre les actions d'Israël et l'inaction supposée de l'Occident alimentent des griefs qui peuvent être exploités par des groupes extrémistes.
«Cela nous place à un point où les communautés, dans la rue et en ligne, nous amènent à décrire ce qui s'est passé au Moyen-Orient comme un moment de radicalisation», a indiqué M. Jukes dans un communiqué le 19 janvier.
«Ce sont les moments où un mélange d'indignation, de griefs et un ensemble de facteurs durables peuvent influencer les personnes susceptibles d'être poussées vers le terrorisme», a-t-il expliqué.
Des préoccupations similaires ont été soulevées immédiatement après l’attaque dirigée par le Hamas par le chef du MI5, Ken McCallum, qui a déclaré à la BBC que «beaucoup de terroristes potentiels au Royaume-Uni s’inspirent de leur compréhension déformée de ce qui se passe dans d’autres pays».
De même, aux États-Unis, le directeur du FBI, Chris Wray, a déclaré: «Nous ne pouvons pas écarter la possibilité que le Hamas ou d'autres organisations terroristes étrangères profitent du conflit pour appeler leurs partisans à mener des attaques sur notre propre sol.»
Elizabeth Pearson, experte en contre-terrorisme et auteur du livre récemment publié Extreme Britain, estime que le conflit entre Israël et le Hamas agit comme un «paratonnerre» pour la radicalisation – un phénomène aggravé par des griefs préexistants.
«Ce conflit particulier a toujours été un vecteur symbolique pour les différentes identités qui se sentent – et deviennent – marginalisées», a déclaré à Arab News Mme Pearson, qui dirige le programme de maîtrise en études sur le terrorisme et le contre-terrorisme au Royal Holloway de l'université de Londres.
«J'ai parlé à des militants islamistes au Royaume-Uni et ils ont explicitement décidé d'utiliser ce conflit et le sort des Palestiniens pour gagner de nouveaux membres. Le récit de la victimisation et de l'impuissance des musulmans est essentiel à cet égard. Les réponses des islamistes sont toujours les suivantes: la seule façon de résoudre ce problème est de rejoindre notre groupe.»
Selon les experts, il existe plusieurs façons pour les groupes extrémistes d'essayer d'adapter les événements du Moyen-Orient à leur vision du monde. Pour Alan Mendoza, directeur exécutif de la Henry Jackson Society, ces interprétations suivent un schéma familier.
«La manière habituelle dont le récit émerge est le suivant : «L’Occident est corrompu et hypocrite», a expliqué M. Mendoza à Arab News.
«Ses alliés tuent des musulmans innocents tandis qu'il leur fournit des armes et leur assure une couverture diplomatique. Ces mêmes pays occidentaux oppriment de plus en plus leurs populations musulmanes chez eux. Venez nous rejoindre pour libérer notre peuple», a-t-il ajouté.
Les implications de ce climat de radicalisation au Royaume-Uni s’expriment de plusieurs façons. Le plus évident depuis le début de la crise de Gaza a été l’augmentation soudaine des crimes haineux et des discours haineux sur les réseaux sociaux.
«Nous assistons à une escalade massive de l'islamophobie et, en particulier, de l'antisémitisme», a déclaré à Arab News Emily Winterbotham, directrice du programme sur le terrorisme et les conflits au Royal United Services Institute de Londres.
«Les services de renseignement britanniques le reconnaissent. Les manifestations et les actes antisémites, islamophobes, le vandalisme et les tensions sociales accroissent le climat de radicalisation», a-t-elle précisé.
Les statistiques de la police métropolitaine de Londres montrent qu'il y a eu 218 incidents antisémites entre le 1er et le 18 octobre de l'année dernière, contre 15 au cours de la même période en 2022. De même, 101 délits islamophobes ont été recensés, contre 42 précédemment.
«Nous avons également constaté une multiplication par 12 du contenu haineux sur les médias sociaux qui est transmis à des policiers spécialisés de l’Unité de référence sur Internet pour la lutte contre le terrorisme», a signalé Mme Winterbotham. «Il s’agit principalement de contenu antisémite et d’utilisateurs qui ne figuraient pas auparavant sur le radar de la police.»
Les groupes islamistes ne sont pas les seuls à s'être emparés des événements du Moyen-Orient pour promouvoir un discours extrémiste, recruter des adeptes et inciter à la violence.
«Les groupes d'extrême droite au Royaume-Uni utilisent le conflit pour délégitimer davantage l'islam et les musulmans, en prenant le parti d'Israël afin de promouvoir un agenda antimusulman», a déclaré Mme Pearson.
«La polarisation, l'islamophobie et l'antisémitisme dans la société en général justifient la haine et la violence... C'est la polarisation, l'incapacité d'éprouver de l'empathie pour les autres et, en fin de compte, leur déshumanisation, qui est une caractéristique clé de la radicalisation», a-t-elle éclairci.
Anas Al-Tikriti, PDG et fondateur de la Fondation Cordoba, rejette l'idée que les islamistes ou les musulmans en général sont les seuls responsables de l'augmentation apparente des contenus extrémistes depuis le début du conflit.
«Je dirais que tout conflit, en particulier l'ampleur et évidemment le territoire dont nous parlons au cours des quatre derniers mois, aura créé une remontée, probablement significative, des tendances radicalisées dans les deux camps», a-t-il déclaré à Arab News.
«Mais pourquoi se concentrer uniquement sur le côté musulman? Pourquoi ne pas parler, par exemple, de ce qui se passe sur les plateformes et les comptes sionistes?», s'est-il demandé.
Il a ajouté: «Je doute que quiconque soit choqué ou surpris par le fait que le conflit, de la manière, de la forme et des images dont nous avons été submergés, ait conduit à de telles tendances. Mais je rejette, je rejette absolument et totalement... que ces tendances soient exclusives aux cercles musulmans.»
Selon les chiffres de la police métropolitaine, la quantité de contenu terroriste apparaissant en ligne a été multipliée par 15 par rapport à ce qu'elle était avant le 7 octobre, avant de se stabiliser à un niveau sept fois supérieur.
«C’est extraordinaire et cela démontre le volume et l’intensité de la rhétorique en ligne autour du conflit en cours», a dévoilé le chef de la lutte antiterroriste M. Jukes dans sa déclaration de janvier.
«Nous observons toujours des pics après les incidents terroristes, mais ce que nous avons vu depuis le 7 octobre est plus élevé et plus soutenu que jamais. Il s'agit d'un conflit et de tensions qui se manifestent en ligne d'une manière qui, d'après notre expérience, est sans précédent», a-t-il prévenu.
Ce qui est moins clair, c'est de savoir si ce climat de radicalisation est confiné à la sphère en ligne ou s'il est désormais évident dans les communautés.
«Bien que le plus grand forum de radicalisation dans ce conflit ait eu lieu en ligne, des vidéos provenant de plusieurs mosquées ont montré des sermons du vendredi qui ne peuvent qu'être conçus pour enflammer les opinions de ceux qui les écoutent», a mentionné M. Mendoza.
«Les campus n’ont pas non plus été à l’abri de la tendance croissante des marches de protestation où la rhétorique extrémiste est souvent entendue et les slogans affichés», a-t-il clarifié.
«Il est clair que si la propagation de ces activités n’est pas contrôlée, non seulement elle se poursuivra, mais elle s’aggravera à mesure que les limites de ce qui est acceptable seront repoussées», a-t-il prévenu.
Les experts de la lutte contre le terrorisme considèrent les activités en ligne comme un bon baromètre – bien qu'imparfait – de la radicalisation dans la vie publique. Le dilemme pour les autorités antiterroristes est de reconnaître la différence entre le bavardage et une menace imminente dans le monde réel.
«Une grande partie de ce contenu extrémiste et de cette radicalisation a lieu dans l'espace en ligne, qui reflète mais de façon exagérée ce qui se passe dans la vie réelle», a déclaré Mme Winterbotham.
«La relation entre le contenu extrémiste en ligne et le comportement hors ligne n'est pas encore suffisamment comprise. Il est important de travailler à l'identification des facteurs de risque, des modèles de langage et des indicateurs de comportement, en particulier dans l'espace en ligne, afin d’aider à identifier les individus et les groupes extrémistes qui présentent un risque de violence », a-t-elle expliqué.
Il y a eu récemment des exemples troublants de la façon dont le contenu terroriste mis en ligne peut influencer l'opinion publique de manière inattendue.
En novembre, la «Lettre au peuple américain», un manifeste rédigé en 2002 par Oussama ben Laden, est soudainement devenue virale sur TikTok, des influenceurs lisant des passages du document et qualifiant l'ancien chef d'Al-Qaïda de héros.
«Le fait que la génération Z considère le contenu de ces vidéos comme plus crédible que les informations traditionnelles est très inquiétant et profite à Al-Qaïda et à d'autres groupes extrémistes violents», a indiqué Mme Winterbotham.
«Nous assistons également à l'essor des théories du complot. Ce n'est pas nouveau, mais c'est la combinaison de ces théories avec des récits extrémistes qui est particulière. Compte tenu de la polarisation et de la radicalisation du débat sur Israël et Gaza, une minorité de Britanniques s'engage dans des théories conspirationnistes souvent très préjudiciables», a-t-elle expliqué.
Compte tenu de ce nombre croissant d'individus radicalisés, les experts estiment qu'il n'est pas impossible que des organisations terroristes nationales ou étrangères incitent à commettre des actes violents sur le sol britannique ou y participent activement.
Le niveau de menace terroriste au Royaume-Uni est actuellement qualifié de «non-négligeable» – le troisième des cinq niveaux – ce qui signifie qu'un attentat est considéré comme probable. Si des groupes terroristes décident de perpétrer une attaque au Royaume-Uni, ce niveau de menace pourrait passer à «grave» ou «critique».
«Le Hamas lui-même représente potentiellement une menace pour le territoire britannique, et nous avons vu des complots du Hamas déjoués en Allemagne et au Danemark dès l'année dernière», a déclaré Mme Winterbotham, faisant référence à l'arrestation, le 14 décembre, de quatre personnes soupçonnées de préparer des attentats contre des institutions juives en Europe.
«Les réponses possibles incluent des frappes à l'étranger contre des ambassades, des installations diplomatiques et des représentants israéliens», a-t-elle ajouté.
Mais les parties au conflit ne sont pas les seules à chercher des cibles occidentales. Des groupes comme Daech sont probablement aussi à la recherche d’une ouverture.
Récemment, le porte-parole de Daech, Abu Hudhayfa, a prononcé un nouveau discours, “Et tuez-les, où que vous les rencontriez”, qui encourage les attaques d'acteurs isolés», a indiqué Mme Winterbotham.
«Nous avons déjà constaté une augmentation des attaques d'acteurs solitaires depuis le 7 octobre à Arras, en France, à Paris et à Bruxelles, ainsi qu'une attaque déjouée à Las Vegas. Des liens avec Gaza ont été établis», a-t-elle indiqué.
Al-Qaïda pourrait également essayer d'exploiter ce climat, des activités en ligne récentes indiquant que le réseau terroriste tente d'encourager les attaques de loups solitaires.
«Ces derniers mois, Al-Qaïda a intensifié ses incitations contre les gouvernements arabes alliés des États-Unis», a déclaré Mme Winterbotham.
«Le 26 décembre, Al-Qaïda dans la péninsule arabique a relancé son magazine en anglais Inspire, avec une vidéo montrant des scènes de Gaza, des manifestations et le soutien des États-Unis à Israël, appelant à des attaques en Amérique et contre des cibles juives et occidentales, notamment des compagnies aériennes américaines, britanniques et françaises et des personnalités de premier plan, et contenant des instructions pour la fabrication d'explosifs artisanaux», a-t-elle précisé.
La Palestine n'a jamais été l'une des principales priorités d'Al-Qaïda, affirme Mme Winterbotham. «L'organisation a plutôt utilisé la Palestine dans sa rhétorique pour élargir son audience. Toutefois, la présence en Iran du chef de facto d'Al-Qaïda, Saïf al-Adel, a une influence.»
En effet, compte tenu de son soutien au Hamas et à d'autres groupes régionaux par procuration, notamment les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban et diverses milices chiites en Syrie et en Irak, les responsables de la sécurité croient également que l'Iran est désireux d'exploiter le climat de radicalisation.
En janvier, il est apparu que des vidéos de discours antisémites prononcés par des généraux iraniens devant des étudiants britanniques faisaient l'objet d'une enquête de la Charity Commission. L'autorité de régulation se pencherait également sur des slogans de «mort à Israël» dans les locaux d'une organisation caritative islamique au Royaume-Uni.
Les discussions des membres du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran (CGRI), enregistrées en 2020 et 2021 et qui comprenaient la négation de l'Holocauste et des références à une guerre apocalyptique contre les Juifs, ont renforcé les préoccupations croissantes selon lesquelles le CGRI tente de radicaliser les musulmans du Royaume-Uni.
Les services de sécurité ont déjà averti que le CGRI incitait à la violence et complotait pour enlever ou tuer des personnes sur le sol britannique, ce qui a conduit à des appels pour qu'il soit désigné comme une organisation terroriste étrangère. Certains pensent que la guerre à Gaza offre à l'Iran de nouvelles opportunités.
«Le jeu de l'Iran est simple», a déclaré M. Mendoza. «En se présentant comme le principal défenseur international de Gaza – même si, en réalité, son soutien à Gaza a entraîné la destruction totale des habitants palestiniens de Gaza – il est en mesure de canaliser la rage émotionnelle exprimée par le public en solidarité avec le propre combat de l'Iran contre l'Occident.»
«L'Iran et ses mandataires espèrent utiliser Gaza à des fins de relations publiques, comme en témoigne le soutien public apporté aux Houthis dans certaines parties de l'Occident, en dépit de leur bilan épouvantable en matière de droits de l'homme et de leurs convictions théologiques», a-t-il précisé.
Pour contrer le phénomène de radicalisation, le gouvernement britannique a lancé Prevent, un système établi pour la première fois en 2007 à la suite des attentats du 7 juillet 2005, afin de permettre aux institutions publiques de signaler les individus présentant des tendances extrémistes.
Le taux de ces renvois est considéré comme un autre baromètre de l'ampleur de la radicalisation à un moment donné.
Selon le chef de la lutte antiterroriste, Matt Jukes, les renvois à Prevent ont augmenté de 13% entre le 7 octobre et le 31 décembre de l'année dernière par rapport à la même période en 2022. M. Jukes a indiqué que cette augmentation «est directement liée au conflit au Moyen-Orient».
Mais quelle est l'efficacité de la stratégie Prevent pour empêcher les idées de se transformer en intentions?
«L'un des problèmes des programmes tels que Prevent est qu'ils ont tendance à mieux contrer les idées en démantelant les systèmes de croyances idéologiques structurés», a expliqué Mme Winterbotham.
Il y a eu récemment des exemples troublants de la façon dont le contenu terroriste mis en ligne peut influencer l'opinion publique de manière inattendue (Photo, AFP).
«Cela peut être d'une utilité limitée lorsqu'il s'agit d'aborder des questions liées au Moyen-Orient et aux formes contemporaines d'extrémisme basées sur des idéologies hybrides et mixtes», a-t-elle éclairci.
Elle a appelé à «un engagement plus complet, impliquant une réponse de l'ensemble de la société qui combine des actions préventives intégrées et non sécurisées avec des activités de prévention ciblées».
«Dans la lutte contre les idées extrémistes et les groupes terroristes qui visent à saper la démocratie, il est plus important que jamais de mettre en place des systèmes de gouvernance solides qui traitent tous les individus de manière équitable et cohérente», a estimé Winterbotham.
«Il s'agit d'un principe clé de notre travail de lutte contre le terrorisme, mais une grande partie de ce travail va bien au-delà de la lutte contre le terrorisme», a-t-elle ajouté.
Mme Pearson convient que les politiques de lutte contre la radicalisation doivent être mises en œuvre avec sensibilité, sinon elles aggravent les choses.
«Il est important que les responsables n'amplifient pas les émotions qui entourent ce conflit. Un leadership efficace doit servir à calmer, et non à enflammer», a-t-elle jugé.
«Les étiquettes comme “terroriste” et “extrémiste” ont eu tendance à s’étendre au cours des dernières années, couvrant davantage de personnes et d’infractions. Le Royaume-Uni devrait veiller à ne pas élargir inutilement ces termes», a-t-elle suggéré.
Bien entendu, l'un des moyens d'éliminer la menace que représente la radicalisation émanant de la guerre de Gaza serait de résoudre le conflit israélo-palestinien, vieux de plusieurs décennies, qui est à l'origine de tant d'instabilité au Moyen-Orient.
«Il y a une position très raisonnable et très sensée que le Royaume-Uni aurait dû adopter il y a de nombreux mois», a déclaré Anas Al-Tikriti.
«Il s'agit d'appeler à un cessez-le-feu, ce que le gouvernement britannique non seulement n'a pas fait mais est allé jusqu'à licencier et punir ceux qui ont prononcé ce mot, allant même jusqu'à qualifier d'antisémites ceux qui ont parlé d'un cessez-le-feu, ce qui est totalement absurde», a-t-il ajouté.
Dans ces conditions, les récits extrémistes ne risquent-ils pas de paraître justifiés si la communauté internationale ne parvient pas à faire avancer le processus de paix au Moyen-Orient ou si le conflit s'aggrave encore dans la région?
«Il est évident que lorsque les États, les agences de la communauté internationale telles que les Nations unies, ne parviennent pas à protéger la vie des personnes, lorsqu'ils ne prennent pas le contrôle et ne punissent pas les auteurs de crimes, les gens se sentent obligés de prendre les choses en main», a expliqué M. Al-Tikriti.
«Ils augmenteront le volume de leurs récits, le ton de leurs récits, afin d'exposer les échecs de la communauté internationale», a-t-il poursuivi.
«L'autre camp dira que c'est de l'extrémisme. Le gouvernement pourrait également le qualifier d'extrémiste. Le chef de la police antiterroriste britannique pourrait également le qualifier d'extrémiste. Pour moi, il s'agit simplement d'une réaction humaine naturelle», a-t-il estimé.
Pour M. Mendoza, la réponse de la communauté internationale est probablement sans importance aux yeux des groupes extrémistes. «Les extrémistes utiliseront tous les facteurs possibles pour faire avancer leur discours», a-t-il précisé.
«Si le cadran n'est pas tourné vers la paix au Moyen-Orient, ils l'utiliseront comme un moyen de recruter pour la justice. Mais si la donne change, ils rejetteront l'accord de paix qui émergera comme une trahison de la terre historique de Palestine et l'utiliseront à la place», a indiqué M. Mendoza.
«De même, qu'il y ait ou non un nouveau conflit au Moyen-Orient, la situation sera tournée à leur avantage. Cela nous rappelle que le véritable problème de la radicalisation ne relève pas de la politique étrangère, mais de la politique intérieure», a-t-il estimé.
«Si les extrémistes ont le champ libre pour organiser et pousser leur propagande, alors ils en récolteront les fruits. Ce n’est qu’en adoptant une approche de tolérance zéro à l’égard de leurs fantasmes que nous pourrons remettre le génie de la radicalisation dans sa bouteille», a-t-il ajouté.
Indépendamment de la façon dont les groupes extrémistes peuvent manipuler le récit, les chiffres publiés par les autorités antiterroristes britanniques montrent une corrélation entre le conflit au Moyen-Orient et une radicalisation accrue, créant une menace potentielle pour la sécurité.
«Les discours extrémistes résonnent parce qu’ils contiennent toujours quelques noyaux de vérité», a soutenu Elizabeth Pearson. «Plus un conflit dure, plus la violence et l’injustice sont visibles en ligne et renforcent le récit, plus le risque est grand.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com