Dans le nord de Gaza, manger son cheval pour ne pas mourir de faim

Selon l'ONU, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza assiégée par Israël (Photo d'illustration, AFP).
Selon l'ONU, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza assiégée par Israël (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Samedi 24 février 2024

Dans le nord de Gaza, manger son cheval pour ne pas mourir de faim

  • Abou Gibril s'est résolu à sacrifier sa dernière richesse: ses deux chevaux de trait, qu'il a abattus et cuisinés, sans oser dire à ses voisins ce qu'il leur donnait à manger
  • «On n'a pas eu d'autre choix, il a fallu tuer les chevaux pour nourrir les enfants», dit ce paysan palestinien de 60 ans réfugié dans le grand camp de déplacés Jabaliya

TERRITOIRES PALESTINIENS: Pour ne pas mourir de faim dans le nord de la bande de Gaza en guerre, Abou Gibril s'est résolu à sacrifier sa dernière richesse: ses deux chevaux de trait, qu'il a abattus et cuisinés, sans oser dire à ses voisins ce qu'il leur donnait à manger.

"On n'a pas eu d'autre choix, il a fallu tuer les chevaux pour nourrir les enfants", dit à l'AFP ce paysan palestinien de 60 ans réfugié dans le grand camp de déplacés Jabaliya.

La guerre lui a tout pris, raconte-t-il. Dès le début des combats en octobre, elle a détruit sa maison et ses champs à Beit Hanoun, dans l'extrême nord de la bande de Gaza.

Abou Gibril et sa famille ont fait quelques kilomètres pour trouver refuge à Jabaliya, créé en 1948.

Avant la guerre, Jabaliya était déjà le plus grand camp de déplacés à Gaza, surpeuplé, avec plus de 100.000 personnes entassées sur 1,4 km2 selon l'ONU, entre pauvreté, chômage, eau croupie et coupures d'électricité.

Abou Gibril y survit avec sa famille dans une tente qu'il a bricolée, à côté d'une école autrefois gérée par l'ONU et où des milliers d'autres déplacés se sont installés.

Et si les combats les ont jusqu'ici épargnés, "c'est la faim qui nous tue" maintenant, dit-il.

Selon l'ONU, 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine dans la bande de Gaza assiégée par Israël. Et ces graves pénuries pourraient entraîner une "explosion" de la mortalité infantile à Gaza, où un enfant de moins de deux ans sur six est sévèrement mal nourri, a prévenu cette semaine l'Unicef.

La situation est particulièrement alarmante dans le nord, en proie "au chaos et à la violence", selon le Programme alimentaire mondial (PAM), qui y a suspendu mardi la distribution de son aide, en raison des combats ou des foules affamées qui se jettent sur les camions sur les routes pour les piller.

Samedi matin, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé qu'un enfant de deux mois, Mahmoud Fatouh, était mort de malnutrition à l'hôpital al-Chifa de la ville de Gaza, à moins de 10 km de Jabaliya. Une vidéo relayée par des médias proches du Hamas, et montrant un bébé agonisant présenté comme Mahmoud Fatouh, circulait sur les réseaux sociaux, sans pouvoir être identifiée.

Abou Gibril a fait cuire la viande des deux chevaux, mise dans du riz (seul, faute de légumes) et distribué à sa famille, ses proches et quelques voisins, soit plusieurs dizaines de personnes.

Mais sans leur dire que c'était du cheval, pour qu'ils puissent se rassasier sans être dégoûtés, personne à Gaza ne mangeant habituellement ces fidèles compagnons des paysans.

A part deux de ses proches, "personne ne sait qu'il mange en fait du cheval", glisse-t-il.

Fourrages, maïs pourri, feuilles

Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, durant laquelle au moins 1.160 personnes ont péri, 29.606 Palestiniens ont été tués, en grande majorité des civils, dans l'offensive menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien qui a pris le pouvoir dans le petit territoire en 2007.

A Jabaliya, des femmes et enfants faisaient la queue vendredi devant une distribution alimentaire. Trépignant de faim et d'impatience avec leurs gamelles vides, jouant parfois des coudes devant de grandes marmites de soupe fumantes chauffées au feu de bois.

"Le prix du riz s'est envolé", explique un adolescent. Avant de craquer, de désespoir: "Nous, les grands, on peut survivre. Mais ces enfants de quatre ou cinq ans, qu'ont-ils fait pour mériter de s'endormir le soir tenaillés par la faim, et se réveiller dans le même état le lendemain?"

Les habitants du camp en sont réduit à fouiller les alentours à la recherche de tout ce qui peut être ingéré, et qu'ils ne mangeraient pas en temps habituel: de l'orge, des fourrages, du maïs pourri, des feuilles.

S'ajoute parfois la honte et l'humiliation de devoir mendier. "On n'a même plus un shekel à la maison, on a commencé à faire du porte-à-porte, mais personne de nous donne rien", dit une femme.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées vendredi dans le camp pour crier famine. Amer Abou Qamsan, un de leurs représentants, a appelé la communauté internationale à "sauver" les habitants du nord de Gaza de la famine.

Autour de lui, des enfants tenaient des pancartes barrées de slogans comme "Les bombardements ne nous ont pas tués, mais la faim s'en charge", ou "La faim nous mange de l'intérieur". Puis la petite foule s'est mise à chanter "Non à la famine, non au génocide, non au blocus".


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

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  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
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  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
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  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.