Eric Zemmour condamné à 15 000 euros d'amende pour une diatribe anti-immigration en 2019

Le leader du parti d'extrême droite français « Reconquête » Eric Zemmour prononce un discours lors de la réunion économique du parti d'extrême droite français Reconquête ! à Paris (Photo, AFP).
Le leader du parti d'extrême droite français « Reconquête » Eric Zemmour prononce un discours lors de la réunion économique du parti d'extrême droite français Reconquête ! à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 22 février 2024

Eric Zemmour condamné à 15 000 euros d'amende pour une diatribe anti-immigration en 2019

  • Les sorties controversées et provocatrices de M. Zemmour sur l'islam, les immigrés ou l'Histoire de France lui ont valu plusieurs procédures judiciaires et condamnations
  • M. Zemmour devra, par ailleurs, verser 1 000 euros de dommages et intérêts et 2 000 euros de frais de procédure à quatre associations antiracistes

PARIS: Le polémiste d'extrême droite, Eric Zemmour, a été condamné jeudi en appel à 15.000 euros d'amende pour une virulente diatribe contre l'islam et l'immigration prononcée lors d'une réunion politique en 2019.

Dénonçant un "discours de haine" dépassant "les limites admissibles de la liberté d'expression", la cour d'appel de Paris l'a reconnu coupable d'injures publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la Nation, la race ou la religion, ainsi que de provocation à la haine raciale.

M. Zemmour devra, par ailleurs, verser 1.000 euros de dommages et intérêts et 2.000 euros de frais de procédure à quatre associations antiracistes.

Lors d'une "convention de la droite" organisée par des proches de l'ex-députée du Front national (devenu RN) Marion Maréchal le 28 septembre 2019, M. Zemmour avait fustigé des immigrés "colonisateurs" et une "islamisation de la rue", puis décrit le voile et la djellaba comme "les uniformes d'une armée d'occupation".

Relaxé

Pour ces propos, M. Zemmour avait été condamné à 10.000 euros d'amende en première instance, en septembre 2020, par le tribunal correctionnel de Paris.

Mais il avait été relaxé en appel un an plus tard, au motif que les propos litigieux ne visaient pas "l'ensemble des Africains, des immigrés ou des musulmans, mais uniquement une fraction de ces groupes".

Le parquet général et des associations antiracistes parties civiles avaient formé un pouvoir devant la Cour de cassation qui, en février 2023, avait ordonné un nouveau procès du président de Reconquête! devant la cour d'appel de Paris.

Celle-ci a estimé jeudi que, dans ses propos marqués par l'"outrance" et le "mépris" et destinés à "engendrer la peur", Eric Zemmour avait appelé "expressément au combat" et ainsi exhorté "explicitement à la discrimination, la haine ou la violence" envers les musulmans.

Pour Samuel Thomas, le président de l'association La Maison des potes, partie civile, cette condamnation est une "belle victoire", même si M. Zemmour n'a pas été condamné à une peine complémentaire d'inéligibilité.

Les sorties controversées et provocatrices de M. Zemmour sur l'islam, les immigrés ou l'Histoire de France lui ont valu plusieurs procédures judiciaires et condamnations.

Il a notamment été condamné en 2011 pour avoir affirmé que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes", en 2017 pour avoir dit que la France faisait l'objet d'une "invasion" et d'un "jihad" visant à "l'islamiser", puis en 2022 pour avoir qualifié les mineurs migrants isolés de "voleurs", "assassins" et "violeurs".

 


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.