Attal amorce la campagne des Européennes en ciblant le RN

Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une conférence de presse à l'hôtel Matignon, à Paris, le 21 février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent contre les salaires, les impôts et la réglementation (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une conférence de presse à l'hôtel Matignon, à Paris, le 21 février 2024, pour répondre aux agriculteurs qui protestent contre les salaires, les impôts et la réglementation (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 21 février 2024

Attal amorce la campagne des Européennes en ciblant le RN

  • Gabriel Attal a accusé mardi soir le Rassemblement national de n'avoir «ni bilan, ni cohérence» sur l'agriculture
  • Attal s'est dit prêt à «se mobiliser» pour les Européennes et il pourrait participer à des meetings, selon une source au sein de l'exécutif

PARIS: En attendant la nomination de la tête de liste aux élections européennes, Gabriel Attal a donné le ton de la campagne de la majorité en installant avec virulence le match contre le Rassemblement national, favori du scrutin, au risque de porter la lumière sur son adversaire.

Gabriel Attal a accusé mardi soir le Rassemblement national de n'avoir "ni bilan, ni cohérence" sur l'agriculture, juste avant que le parti présidentiel Renaissance ne fasse savoir que la majorité lancerait sa campagne le 9 mars à Lille, "en présence de sa tête de liste" dont le nom n'est toujours pas connu.

Sur l'agriculture ou sur le travail, le RN est "pétri de contradictions" et "flou sur beaucoup de sujets", accuse son entourage.

Ce n'est pas la première fois que Gabriel Attal s'en prend au RN. Il l'avait exclusivement ciblé après sa déclaration de politique générale, accusant Marine Le Pen d'être "tellement contre tout" qu'à la fin elle "en (finit) par ne plus défendre les intérêts de notre pays".

Marine Le Pen "c'est la championne de l'arrogance", a-t-il encore fustigé la semaine dernière devant les parlementaires de la majorité. "Elle a réponse à tout" mais "si on l'écoute, (...) on n'est plus dans l'UE, elle remet la peine de mort, elle ne soigne pas le Covid avec les vaccins".

Gabriel Attal s'est dit prêt à "se mobiliser" pour les Européennes et il pourrait participer à des meetings, selon une source au sein de l'exécutif.

Il est "le meilleur choix" pour ces élections dans 4 mois, estime un ministre qui prédit un "moment électoral compliqué" alors que la liste de l'extrême droite est donnée à 10 points devant celle de la majorité.

Réponse «générationnelle»

Emmanuel Macron a choisi un Premier ministre âgé de 34 ans, "pour sa popularité" qui représente aussi une "réponse générationnelle parfaite" à Jordan Bardella, tête de liste du RN âgé de 28 ans, fait valoir le même ministre.

Mais sa mise en avant ne règle pas pour autant les tâtonnements stratégiques de la majorité, accusée à gauche et jusque dans ses rangs de chasser sur les terres du RN avec la loi immigration. Quel positionnement adopter face à un parti en quête de notabilisation et qui a le vent dans le dos dans les sondages?

M. Attal, qui s'est érigé en tenant de l'autorité, a lui-même entretenu la confusion en intégrant le RN dans "l'arc républicain" des partis,contrairement à sa prédecesseure ou à un Emmanuel Macron lui-même ambivalent sur le sujet. Sa justification: il faut "écouter tout le monde" par "respect" pour les électeurs et mettre les partis "face à leurs responsabilités".

En ce sens, le chef de la majorité a fait savoir mardi qu'il entendait débattre avec Marine Le Pen, au sujet de l'agriculture. Mais le match a tourné au jeu d'esquive: la cheffe des députés RN a décliné, proposant plutôt à M. Attal une joute face à M. Bardella, ce que le Premier ministre a refusé en arguant qu'il n'était pas tête de liste aux Européennes. Il faudra donc attendre.

«Manque de vision»

En fustigeant le RN, Gabriel Attal met aussi la lumière sur un adversaire qui gagne paradoxalement en notoriété.

"Nos adversaires sont fascinants. Ils nous mettent sans cesse au centre du jeu", se réjouit un cadre du RN. "Macron est un peu obnubilé par nous. C'est comme dire que le RN va gagner, ça nous fait monter".

La stratégie d'un face-à-face entre Bardella et Attal, "c'est bon pour Bardella", abonde un haut dirigeant politique.

Car "un grand principe en politique, c'est de ne jamais parler de son adversaire, de l’ignorer (c’est du Chirac). Il faut essayer de s’imposer par soi-même, ses idées, sa propre dynamique", souligne-t-il.

Une source au sein d'un parti allié de la majorité y voit une absence de projet: "Les seuls arguments qu'on entende (...) c'est: anti-RN. On n'est pas sur un projet".

"Il y a un manque de vision à moyen et long terme, dans tous les domaines. Pas de perspective, pas de feuille de route. Sur l'Europe je suis incapable de dire quelle sera la campagne de la liste présidentielle", déplore-t-il.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».