Israël: la collecte des témoignages sur le 7 octobre, des téraoctets pour l'Histoire

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Publié le Mercredi 21 février 2024

Israël: la collecte des témoignages sur le 7 octobre, des téraoctets pour l'Histoire

  • "Deux jours après le 7 octobre, lorsque nous nous sommes remis du choc initial et que nous avons compris l'énormité de la catastrophe qui s'était abattue sur ce pays, nous avons commencé à collecter (des documents)"
  • La collecte de ces documents numériques a été la première urgence "parce qu'ils disparaissaient", explique Mme Ukeles, précisant que dans les trois semaines qui ont suivi le 7 octobre, la bibliothèque a recueilli 200.000 segments vidéo

NIRIM: Dans son studio du kibboutz Nirim, près de maisons brûlées le 7 octobre, Arnon Avni parle face à la caméra. Son témoignage, comme des centaines d'autres, la Bibliothèque nationale d'Israël le conservera précieusement comme preuve historique de l'attaque sans précédent du Hamas.

Ce graphiste de 70 ans, membre d'une association israélienne de co-voiturage d'enfants palestiniens de Gaza vers des hôpitaux israéliens, déroule les 10 heures d'angoisse passées dans la pièce sécurisée de sa maison avec ses petits-enfants au moment de l'attaque.

Il est plusieurs fois interrompu par le fracas des explosions de la guerre en cours dans la bande de Gaza, située à deux kilomètres de là, qui font trembler les fenêtres de la petite bâtisse.

Son kibboutz a été dévasté par l'infiltration de combattants du Hamas, qui y ont tué cinq personnes et enlevé cinq autres, dont deux toujours détenues à Gaza.

Arnon Avni, qui a passé toute sa vie à Nirim, est l'un des rares habitants à y être retournés, depuis un mois et demi. La quasi-totalité des autres, évacués en octobre, ne sont pas revenus.

Il se confie à des bénévoles d'"Edut 710" ("Témoignage 7 octobre"), un des nombreux projets israéliens visant à rassembler les traces - témoignages, messages WhatsApp, photographies et vidéos - liées aux atrocités du 7 octobre.

Ces données sont ensuite centralisées par la Bibliothèque nationale d’Israël (National Library of Israel, NLI) qui a mis en place une base de données d'une ampleur "sans précédent", alimentée par des dizaines d'initiatives locales et internationales, explique à l'AFP Raquel Ukeles, directrice des collections.

Témoins de la terreur 

"Deux jours après le 7 octobre, lorsque nous nous sommes remis du choc initial et que nous avons compris l'énormité de la catastrophe qui s'était abattue sur ce pays, nous avons commencé à collecter (des documents)", dit-elle.

Ce jour-là, des centaines d'hommes armés s'infiltrent dans les localités israéliennes à la lisière de la bande de Gaza, dans des bases militaires, sur les routes, dans un festival de musique, sur une plage et dans des villes, tuant des centaines de personnes de tous âges.

L'attaque entraîne la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Environ 250 personnes sont enlevées et emmenées à Gaza et, selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 30 sont morts, selon les autorités israéliennes.

En représailles, Israël a lancé une offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza, dont il a pris le contrôle en 2007, qui a fait plus de 29.000 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Témoignages de la terreur vécue par les Israéliens le 7 octobre, les images des victimes suppliciées et abattues sommairement, filmées par les caméras GoPro et téléphones des commandos du Hamas, circulent rapidement sur les réseaux sociaux, parfois diffusées en temps réel sur les comptes des familles des victimes.

La collecte de ces documents numériques a été la première urgence "parce qu'ils disparaissaient", explique Mme Ukeles, précisant que dans les trois semaines qui ont suivi le 7 octobre, la bibliothèque a recueilli 200.000 segments vidéo. Au total, elle prévoit de collecter, analyser et archiver "60 téraoctets de matériel, l'équivalent de 50 milliards de pages", un travail qui va s'étaler sur des années.

« Preuve contre ceux qui nient »

Parmi les preuves numériques, les derniers échanges WhatsApp déchirants envoyés en direct des habitants du kibboutz Beeri, la communauté la plus touchée (près de 100 morts) après le festival de musique Nova, ont été rassemblés dans le projet "Memorial 710" par un ancien responsable de la communauté.

Plus de quatre mois après les événements, et le premier choc passé, des témoins de plus en plus nombreux commencent à se confier. La USC Shoah Foundation de Steven Spielberg, un des partenaires internationaux de la collecte de la NLI, a ainsi recueilli les témoignages de quelque 400 témoins des massacres et des prises d'otages.

"C'est une atrocité de masse (…) la plus importante attaque antisémite depuis la Shoah", estime son directeur, Robert Williams, chercheur spécialisé sur l'antisémitisme et la Shoah qui collabore notamment avec l'Unesco. Il juge le travail de collecte de témoignages et de preuves des atrocités du 7 octobre d'autant plus nécessaire au vu de "la rapidité avec laquelle un déni de ces événements a commencé à apparaître sur les réseaux sociaux".

"La masse des preuves documentaires (...) est en elle-même une preuve contre ceux qui nient", explique Raquel Ukeles. Le base de données de la NLI permettra selon elle de "témoigner de ce qui s'est réellement passé le 7 octobre". Et "si nous faisons bien notre travail", ajoute-t-elle, "alors les historiens pourront faire le leur".


Les Houthis font état de quatre morts dans des frappes attribuées aux Etats-Unis

Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain. (AFP)
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  • Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida
  • Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen

SANAA: Les rebelles houthis du Yémen ont fait état mercredi d'un nouveau bilan de quatre morts dans des frappes sur Hodeida (ouest), attribuées aux Etats-Unis, et dit avoir mené une nouvelle attaque contre un porte-avion américain.

"Le bilan de l'agression américaine qui a visé mardi soir le bâtiment de la gestion de l'eau dans le district d'al-Mansouriyah, dans le gouvernorat de Hodeida, est monté à quatre morts et trois blessés", a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anis Alasbahi.

Selon les médias houthis, des frappes américaines ont visé dans la nuit plusieurs localités sous contrôle des rebelles houthis, soutenus par l'Iran, notamment des infrastructures hydrauliques dans le gouvernorat de Hodeida.

Trois raids ont également été rapportés dans le gouvernorat de Hajjah (nord-ouest) et trois autres dans le bastion du groupe rebelle, Saada, dans le nord du Yémen. Les Etats-Unis n'ont pas confirmé avoir mené ces frappes.

Le 15 mars, Washington a annoncé une nouvelle offensive militaire, promettant de recourir à une force écrasante tant que les rebelles continueront de viser des navires circulant sur les routes maritimes clefs de la mer Rouge et du golfe d'Aden.

"Les frappes contre les Houthis ont été incroyablement efficaces", a déclaré mardi la porte-parole de la Maison Blanche Karoline Leavitt, précisant qu'il y avait eu "plus de 200 frappes réussies contre les Houthis".

Les frappes américaines visent à neutraliser les menaces des Houthis en mer Rouge, une zone maritime essentielle pour le commerce mondial, où les rebelles yéménites ont mené de nombreuses attaques depuis fin 2023 affirmant s'en prendre à des navires liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens.

Les Houthis ciblent également les navires de guerre américains au large du Yémen. Ils ont affirmé tôt mercredi avoir mené une attaque contre le porte-avions Harry S. Truman, "la troisième en 24 heures", selon leur porte-parole militaire, Yahya Saree.

De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé mardi l'envoi d'un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, le Carl Vinson, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région".

Le Pentagone n'a pas précisé de date ni la zone où navigueront les deux groupes aéronavals.

Le président Donald Trump a assuré lundi sur son réseau Truth Social que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran". "Nos attaques continueront jusqu'à ce qu'ils ne soient plus une menace pour la liberté de navigation", a encore écrit le président américain.

 


Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient 

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué. (AFP)
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  • Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge
  • Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques

WASHINGTON: Les Etats-Unis envoient un deuxième porte-avions au Moyen-Orient, a annoncé mardi le porte-parole du ministère de la Défense Sean Parnell, évoquant la protection des flux commerciaux.

Cette annonce survient alors que les Houthis, rebelles yéménites soutenus par l'Iran, ont revendiqué le mois dernier des attaques contre le porte-avions Harry S. Truman en mer Rouge. Washington, qui a procédé ces dernières semaines à des frappes au Yémen, n'a pas confirmé ces attaques.

Les Houthis visent la navigation commerciale en mer Rouge depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023.

Selon le Pentagone, le Harry S. Truman sera rejoint par le Carl Vinson, actuellement dans la zone indopacifique, "afin de continuer à promouvoir la stabilité régionale, dissuader toute agression et protéger les flux commerciaux dans la région", a déclaré M. Parnell dans un communiqué.

Le ministère n'a pas précisé où exactement navigueraient les deux groupes aéronavals.

Parallèlement, le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a ordonné le déploiement dans la région "d'escadrons additionnels et d'autres actifs aériens qui renforceront nos capacités défensives de soutien aérien", selon M. Parnell.

La marine américaine compte une dizaine de porte-avions.

 


Trump s'entretient avec Sissi des Houthis et de Gaza

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient". (AFP)
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  • Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen
  • Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé"

WASHINGTON: Donald Trump a indiqué mardi s'être entretenu avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi, évoquant un appel téléphonique qui s'est "très bien passé".

"Nous avons abordé de nombreux sujets, notamment les progrès militaires considérables que nous avons réalisés contre les Houthis au Yémen qui détruisent les navires", a écrit le président américain sur son réseau Truth Social.

Il n'a pas précisé quand cet appel a eu lieu.

Lundi, Donald Trump avait assuré que "le plus dur (était) à venir pour les Houthis et leurs soutiens en Iran", alors que les Etats-Unis ont déjà mené plusieurs frappes contre les rebelles du Yémen.

Rapidement après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran et affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des dizaines d'attaques de missiles contre Israël et en mer Rouge - zone essentielle pour le commerce mondial - contre des navires auxquels ils reprochent des liens divers avec Israël.

Le président américain a également dit avoir discuté avec le dirigeant égyptien de "Gaza et des solutions possibles, de l'état de préparation militaire, etc".

Israël a repris sa campagne militaire le 18 mars avec d'intenses bombardements et une nouvelle offensive au sol, rompant deux mois de trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour la bande de Gaza a annoncé mardi que 1.042 personnes avaient été tuées depuis la reprise le 18 mars des bombardements israéliens sur ce territoire palestinien.

L'Egypte a récemment présenté un plan soutenu par les pays arabes qui permettrait de maintenir les habitants de Gaza sur leur terre. Le président américain a lui proposé leur expulsion vers l'Egypte et la Jordanie pour faire du territoire la "Riviera du Moyen-Orient".