Toujours libre et radicale, la semaine de la mode londonienne ouvre pour sa 40e édition

Nan M, mannequin albinos (Photo, AFP).
Nan M, mannequin albinos (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 16 février 2024

Toujours libre et radicale, la semaine de la mode londonienne ouvre pour sa 40e édition

  • Dans un design classique, taxis et gratte-ciels se déclinent sur des foulards ou des blouses
  • Les tailles des pantalons sont basses, le denim est travaillé - délavé, coloré ou à motifs

LONDRES: Créateurs, influenceurs, acheteurs et célébrités se sont réunis vendredi à Londres pour le coup d'envoi de la 40e semaine britannique de la mode, cinq jours d'ébullition qui tenteront de faire oublier un contexte économique morose pour les jeunes designers.

Sur des podiums physiques ou virtuels, une soixantaine de talents émergents, qui prennent la lumière à l'occasion de cet évènement, et d'icônes comme Burberry tentent de transmettre l'énergie et l'audace de cette capitale multiculturelle au travers de leurs collections automne/hiver 2024.

Le défilé du créateur irlandais et américain Paul Costelloe, qui fut le couturier fétiche de la princesse Diana, a ouvert le bal en début de matinée en l'absence de ce vétéran de la Fashion Week, âgé de 78 ans, cloué au lit par un virus.

Sa collection "Once upon a Time", en référence au film mythique "Il était une fois en Amérique", rend hommage à la ville de New York où il a vécu. Dans un design classique, taxis et gratte-ciels se déclinent sur des foulards ou des blouses, portés sur d'amples manteaux ceinturés écrus, anthracites ou en tweed à carreaux.

Dans une toute autre ambiance, l'Ukrainienne Masha Popova, l'une des créatrices favorites de la "Gen Z", a présenté une collection inspirée par la mode du début des années 2000, surfant sur le retour fulgurant de ce style baptisé "Y2K", sur fond de musique techno et devant un parterre d'influenceurs.

Les tailles des pantalons sont basses, le denim est travaillé - délavé, coloré ou à motifs - les chemises ouvertes dévoilent les torses, et les modèles filiformes sont perchés sur des talons surmontés de longues guêtres.

Le week-end fera ensuite place à des noms plus familiers comme ceux de JW Anderson, Richard Quinn, Ahluwalia, ou encore Simone Rocha, qui a signé la dernière collection haute couture printemps/été 2024 de Jean Paul Gaultier.

Force est de constater cependant que cette 40e édition ne s'ouvre pas dans un climat radieux : trois années après le Brexit, le Royaume-Uni traverse une dure crise du pouvoir d'achat causée par l'inflation depuis près de deux ans, mettant les jeunes maisons en difficulté.

En septembre, l'étoile montante Dilara Findikoglu avait ainsi été contrainte d'annuler son défilé à quelques jours de l'échéance pour des raisons financières.

Diversité et inclusivité 

Pour cette industrie qui fait travailler près de 900.000 personnes au Royaume-Uni et rapporte chaque année 21 milliards de livres (24,5 milliards d'euros) à l'économie britannique selon le British Fashion Council (BFC), organisateur de l'évènement, c'est une période "incroyablement délicate", reconnaît sa directrice Caroline Rush dans une interview à l'AFP.

Mais "ce que 40 ans de recul nous apprennent, c'est que c'est lors des périodes les plus difficiles sur le plan économique que l'on observe la créativité la plus incroyable", souligne-t-elle.

En 1984, une tente installée sur le parking de l'ancien institut du Commonwealth à Kensington, dans l'ouest de Londres, accueillait la première édition de la semaine britannique de la mode.

D'abord peu considérée, cette Fashion Week est devenue incontournable grâce à des créateurs mythiques et rebelles comme Vivienne Westwood ou John Galliano, qui ont inscrit la ville sur la carte de la mode, puis avec l'ère "Cool Britannia", à la fin des années 1990, moment d'euphorie culturelle pendant lequel Stella McCartney ou Matthew Williamson habillaient les supermodels Kate Moss et Naomi Campbell.

La semaine londonienne a depuis perdu de son pouvoir d'attraction, avec le départ de créateurs et maisons stars qui préfèrent désormais défiler à Paris, à l'instar d'Alexander McQueen ou Victoria Beckham.

Mais le programme de parrainage NEWGEN du British Fashion Council, qui aide les jeunes créateurs à se lancer, a affirmé la position de Londres comme un laboratoire de talents. Et si elle reste moins prestigieuse que celle de Paris et Milan, la plus jeune des quatre grandes Fashion Weeks continue de jouir de la réputation d'être plus libre, radicale et moins formatée.

Cette édition anniversaire veut aussi être placée sous le signe d'une plus grande diversité et inclusivité, tant dans les corps, l'âge ou la couleur de peau des mannequins, que dans les collections des créateurs, aux identités ou aux inspirations venues des Caraïbes, d'Iran, d'Inde ou d'Ethiopie.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
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  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
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  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

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Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

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Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
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  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com