DUBAÏ: Tucker Carlson, éditorialiste provocateur de droite aux États-Unis, a critiqué le gouvernement américain pour son incapacité à plaider en faveur d’un cessez-le-feu à Gaza et en Ukraine, déclarant que la nation «perdait son autorité morale».
Prenant la parole lors du Sommet mondial des gouvernements à Dubaï lundi, l’ancien chroniqueur politique de Fox News a souligné la nécessité pour les États-Unis de s’abstenir de soutenir des guerres uniquement pour leurs propres intérêts, une stratégie communément appelée «guerre par procuration».
«Si vous voyez une nation dotée d’une puissance impressionnante qui encourage la guerre pour son propre intérêt, vous avez un dirigeant qui n’a aucune autorité morale, qui est illégitime», a déclaré M. Carlson.
«(Les États-Unis) ont toujours été un pays moralement supérieur. (Mais) si nous permettons à nos dirigeants d’utiliser notre pouvoir pour répandre la destruction pour l’intérêt du pays, c’est une honte.»
Connu pour ses critiques de longue date des politiques nationale et étrangère de l’administration du président Joe Biden, M. Carlson se démarque en s’opposant au soutien républicain apporté à Israël dans sa «légitime défense» contre le Hamas.
Lors d’une interview avec le journaliste égyptien Emad Eldin Adeeb, M. Carlson a exprimé son mécontentement face à l’état actuel de la politique américaine, jugeant que M. Biden était incompétent et critiquant le manque de liberté pour débattre ouvertement de ces questions.
«Le président est une menace inconsciente et (…), dans mon pays, il est considéré comme très impoli de dire cela. Comment en sommes-nous arrivés à avoir un président incompétent qui a fait baisser non seulement le niveau de vie, mais aussi l’espérance de vie?», a lancé M. Carlson.
Proposant une analyse comparative des niveaux de vie, il a évoqué son récent voyage à Moscou, une ville de 13 millions d’habitants, qu’il a trouvée «beaucoup plus propre, plus sûre et plus esthétique» que de nombreuses villes des États-Unis.
«N’est-ce pas là le critère ultime pour évaluer le leadership?», a-t-il demandé. «(Prenons des villes comme) Singapour, Tokyo, Dubaï et Abu Dhabi. Ces villes, en dépit de ce qu’on nous dit de leur gestion et de leurs principes, sont des endroits où il fait bon vivre, où il n’y a pas d’inflation galopante (et) où l’on ne risque pas de se faire violer.»
À propos de sa récente interview avec le président russe Vladimir Poutine, une rare concession du dirigeant russe à un journaliste occidental, M. Carlson a évoqué les critiques dont il a fait l’objet pour ne pas avoir abordé des questions telles que la liberté d’expression ou les accusations d’assassinat politique.
Il a précisé que son objectif était de comprendre le monde du point de vue de Poutine, plutôt que d’amplifier la version de ce dernier de l’histoire.
Pour défendre l’interview, M. Carlson a accusé le président Biden de ne pas comprendre l’histoire et les relations internationales, affirmant que les décideurs politiques américains croient à tort que M. Poutine a l’intention d’étendre les frontières de la Russie.
Selon l’éditorialiste américain, M. Poutine a précisé au cours de l’interview que son intention d’envahir l’Ukraine avait été déclenchée par le fait que la vice-présidente américaine Kamala Harris avait ouvertement invité l'Ukraine à adhérer à l’Otan, un privilège qui avait été refusé à M. Poutine des années auparavant.
M. Carlson estime que cette initiative est «synonyme d’un projet de placement d’armes nucléaires (à la frontière) avec la Russie».
Invoquant la censure dans le paysage médiatique américain, M. Carlson a affirmé être la seule voix à insister sur l’importance de l’invitation de l’Otan dans le contexte d’un conflit potentiel.
«Cela montre à quel point le paysage médiatique américain est constipé, restreint et censuré», a souligné M. Carlson. «Mais je suis le seul à l’avoir dit.»
«Le but de la diplomatie est de parvenir à une conclusion pacifique et mutuellement bénéfique — on l’espère — d’une crise», a-t-il ajouté.
«Si vous vous présentez volontairement à la Conférence de Munich sur la sécurité en disant: “Hé, Zelensky, pourquoi ne nous autorisez-vous pas à placer des armes nucléaires à la frontière russe?” vous vous dirigez vers une guerre parce que vous savez que c’est la ligne rouge.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com