Fin du droit du sol à Mayotte: Macron rencontre Darmanin, toujours des barrages sur l'île

Un gendarme français en alerte lors d'une patrouille dans une zone forestière de l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 24 mai 2023. (AFP)
Un gendarme français en alerte lors d'une patrouille dans une zone forestière de l'île française de Mayotte, dans l'océan Indien, le 24 mai 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 12 février 2024

Fin du droit du sol à Mayotte: Macron rencontre Darmanin, toujours des barrages sur l'île

  • Macron est accusé de favoriser l'installation de migrants illégaux en provenance principalement des Comores voisines
  • Gérald Darmanin s'est décidé à supprimer le droit du sol, une mesure qu'il a lui-même décrite comme «extrêmement forte, nette, radicale»

PARIS: Emmanuel Macron reçoit lundi les ministres des outre-mer Gérald Darmanin et Marie Guévenoux pour discuter de la réforme constitutionnelle qui doit supprimer le droit du sol à Mayotte, toujours paralysée par des habitants en colère contre l'insécurité et l'immigration incontrôlée.

Vivement critiquée par la gauche qui a déjà annoncé son refus de la voter, cette mesure-choc a été dévoilée dimanche par le ministre de l'Intérieur et sa collègue déléguée à l'outre-mer lors d'une visite éclair dans l'archipel de l'océan Indien.

"On voit le président tout à l'heure en fin d'après-midi" pour lui faire "un retour de notre déplacement", a déclaré lundi Mme Guévenoux au micro de Franceinfo.

L'exécutif entend engager la révision constitutionnelle nécessaire sans tarder.

"Nous avons plusieurs moments de réforme constitutionnelles possibles", a précisé lundi M. Darmanin, en visite à Rennes. "ll y a des réformes constitutionnelles qui arrivent", qui vont concerner la Nouvelle-Calédonie, l'interruption volontaire de grossesse et la Corse.

"Donc nous avons plusieurs moments de réformes constitutionnelles possibles (...) mais là il appartient au président de la République de choisir son moment puisqu'il en discute avec les forces politiques".

Sur le terrain, Mayotte restait lundi largement bloquée. Les barges qui relient Grande-Terre et Petite-Terre étaient toujours à l’arrêt et les barrages en place depuis le 22 janvier aux quatre coins du territoire.

"Il est hors de question de lever les barrages pour le moment", a déclaré dans la matinée à l'AFP Safina Soula, la présidente d'un des collectifs de citoyens.

"Nous nous sommes mis d'accord avec le ministre, nous attendons des écrits", a-t-elle précisé. "Nous lui laissons jusqu'à mercredi pour recevoir ce courrier (...) nous verrons si le contenu est conforme à nos attentes".

Dimanche, Gérald Darmanin a précisé qu'un courrier d'engagement devait être envoyé dès le début de cette semaine au collectif des "forces vives", qui pilote le mouvement, et aux élus locaux.

"J'ai cru comprendre qu'après avoir reçu ce courrier, les barrages seraient levés", a-t-il anticipé.

Sur RTL, la députée de Mayotte Estelle Youssouffa (Liot) a dit espérer "une levée des barrages à partir de mercredi".

«Plus de République»

Département français le plus pauvre de France, Mayotte est peuplé de 310.000 habitants, selon l'Insee - probablement beaucoup plus selon la Chambre régionale des comptes - dont 48% d'immigrés comoriens ou d'autres pays d'Afrique.

La plupart arrivent clandestinement à bord de barques de pêche traditionnelles depuis l'île comorienne d'Anjouan, distante de seulement 70 km. Beaucoup vivent dans des "bangas" (cases) insalubres organisés en bidonville.

Pour tenter d'enrayer ce flux, Gérald Darmanin s'est donc décidé à supprimer le droit du sol, une mesure qu'il a lui-même décrite comme "extrêmement forte, nette, radicale". "Il ne sera plus possible de devenir français si on n'est pas soi-même enfant de parent français", a-t-il décrit.

Même si elle doit rester "évidemment circonscrite à l'archipel de Mayotte", selon M. Darmanin, la mesure divise déjà largement les oppositions.

"Pour résoudre les problèmes de Mayotte, on n'a pas besoin de moins de République, on a besoin de plus de République, et donc certainement pas le fait d'entamer le droit du sol", a déclaré sur CNews/Europe 1 le député LFI Manuel Bompard.

"C'est un bon début puisque ça fait vingt ans que nous réclamons la suppression du droit du sol pour l'intégralité du pays", a rappelé sur Franceinfo le président du Rassemblement national, Jordan Bardella.

La fin du droit du sol à Mayotte permettra, selon M. Darmanin, de supprimer les titres de séjour territorialisés, un dispositif empêchant les détenteurs d'un titre de séjour mahorais de venir dans l'Hexagone et dont les collectifs d'habitants en colère demandent la suppression.

Le nombre de titres de séjours émis à Mayotte diminuera de 90% avec ces nouvelles mesures et le durcissement du regroupement familial permis par la récente loi immigration, a précisé à l'AFP l'entourage du ministre.

La suppression de ce dispositif sera actée dans un projet de loi Mayotte qui, a précisé lundi Gérard Darmanin, "sera déposé avant l'été à la table du conseil des ministres".


Entretien Barrot - Barrack sur les dossiers syrien et libanais

L’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack. (AFP)
L’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack. (AFP)
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  • Le ministre et son interlocuteur américain ont également évoqué les avancées récentes dans les discussions entre les autorités syriennes de transition et les Forces démocratiques syriennes
  • Concernant le Liban, les discussions ont porté sur le soutien international aux Forces armées libanaises (FAL), dans le cadre de la mise en œuvre du plan de désarmement présenté le 5 septembre devant le Conseil des ministres

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est entretenu lundi avec l’Envoyé spécial américain pour la Syrie, Thomas Barrack, afin d’évoquer la situation régionale, notamment en Syrie et au Liban, ainsi que les perspectives de coopération internationale pour la stabilité du Proche-Orient.

Sur la Syrie

Les deux responsables ont réaffirmé leur soutien à la transition politique en cours en Syrie et à la relance socio-économique du pays. Ils ont souligné l’importance d’une coordination étroite entre les acteurs régionaux et internationaux, ainsi qu’avec les autorités syriennes de transition, afin de faciliter la réintégration progressive de la Syrie dans son environnement régional et dans le système économique mondial.

Le ministre et son interlocuteur américain ont également évoqué les avancées récentes dans les discussions entre les autorités syriennes de transition et les Forces démocratiques syriennes. La France et les États-Unis ont convenu de maintenir leur coordination et de poursuivre leurs efforts en faveur d’un dialogue constructif, notamment pour la mise en œuvre de l’accord du 10 mars et la consolidation du cessez-le-feu du 7 octobre.
Les deux parties ont souligné que seule une solution politique négociée permettra l’unification durable de la Syrie et l’intégration de l’ensemble de ses régions dans le processus de transition nationale.

Sur le Liban

Concernant le Liban, les discussions ont porté sur le soutien international aux Forces armées libanaises (FAL), dans le cadre de la mise en œuvre du plan de désarmement présenté le 5 septembre devant le Conseil des ministres. Les deux responsables ont insisté sur la nécessité pour l’armée libanaise de montrer des résultats concrets et mesurables, notamment dans ses opérations au sud du Litani, tout en clarifiant ses besoins prioritaires.

Le ministre a réaffirmé l’engagement du président de la République à mobiliser la France pour l’organisation, en novembre à Riyad, d’une conférence internationale de soutien aux FAL. Il a par ailleurs sollicité l’appui des États-Unis pour assurer le succès de cette initiative, qui vise à renforcer les capacités de l’armée libanaise et à consolider la stabilité du pays.

Sur le plan économique, les deux responsables ont appelé les autorités libanaises à respecter leurs engagements, notamment en adoptant une loi sur la répartition des pertes bancaires et en concluant un accord avec le FMI. La France a indiqué être prête à accueillir à Paris une conférence consacrée à la reconstruction et au redressement économique du Liban dès que les conditions seront réunies.

Rapprochement entre le Liban et la Syrie

Le ministre et l’Envoyé spécial américain ont salué le rapprochement en cours entre Beyrouth et Damas, illustré par la visite du ministre syrien des Affaires étrangères à Beyrouth le 10 septembre. Ils ont souligné que ce dialogue contribue à renforcer la souveraineté et la stabilité régionale, et ont encouragé les deux pays à poursuivre sur cette voie.

Cessez-le-feu à Gaza et perspectives de paix

Enfin, les deux responsables ont évoqué la mise en œuvre du cessez-le-feu à Gaza et le plan de paix régional, estimant que ces développements doivent ouvrir la voie à une nouvelle dynamique de paix entre Israël et ses voisins. En ligne avec la Déclaration de New York, la France a réaffirmé son soutien à tous les efforts de dialogue visant à consolider la stabilité et la coexistence dans la région.


Vol au Louvre: la direction du musée défend la qualité des vitrines fracturées

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  • "Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable
  • Le journal satirique affirme que "le vol des bijoux de la Couronne, survenu le 19 octobre au matin, aurait sans doute pu être évité si le musée du Louvre n’avait pas changé les vitrines qui les abritaient pour d’autres prétendument plus sécurisées"

PARIS: La direction du Louvre a défendu mardi auprès de l'AFP la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux dérobés dimanche dans la galerie d'Apollon, réagissant à un article du Canard enchaîné qui affirme qu'elles sont "apparemment plus fragiles que les anciennes".

"Le musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d'obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les œuvres de la vue du public", a déclaré la direction du musée parisien.

Le journal satirique affirme que "le vol des bijoux de la Couronne, survenu le 19 octobre au matin, aurait sans doute pu être évité si le musée du Louvre n’avait pas changé les vitrines qui les abritaient pour d’autres prétendument plus sécurisées".

Il n'a fallu dimanche aux malfaiteurs que quelques minutes pour pénétrer dans la galerie d'Apollon hissés sur un monte-charge, fracturer très rapidement à la disqueuse deux des trois nouvelles vitrines installées fin 2019 pour abriter les précieux bijoux, et repartir en emportant huit joyaux dans leur fuite.

Le Canard Enchaîné affirme qu'une ancienne vitrine blindée installée dans la galerie dans les années 1950 et dotée d'un système lui permettant de disparaître "à la première alerte" dans un coffre-fort aurait sans doute permis d'éviter le vol si elle avait été maintenue en place.

La direction du Louvre assure toutefois que ce système ancien, doté d'un nouveau mécanisme dans les années 1980, "était devenu inopérant et obsolète, avec des phénomènes de blocage dans la descente des volets latéraux". "Plusieurs accidents ont été déplorés", mettant "en danger les œuvres", selon le musée.

Trois nouvelles vitrines "présentant toutes les garanties nécessaires", dont les deux fracturées dimanche, avaient donc été commandées à l'issue d'études lancées en 2014, ajoute la direction.


Nicolas Sarkozy est en prison, une première historique

L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Ici, main dans la main avec son épouse Carla Bruni. (AFP)
L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République. Ici, main dans la main avec son épouse Carla Bruni. (AFP)
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  • "Il y est pour un minimum de trois semaines ou d'un mois" comme il a déposé une demande de mise en liberté, a dit son avocat Christophe Ingrain
  • Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n'était arrivé à aucun ancien chef d'Etat de l'Union européenne

PARIS: L'ancien président Nicolas Sarkozy est en prison, près d'un mois après sa condamnation pour association de malfaiteurs dans le procès libyen, une détention inédite dans l'histoire de la République.

"Il y est pour un minimum de trois semaines ou d'un mois" comme il a déposé une demande de mise en liberté, a dit son avocat Christophe Ingrain devant les portes de la prison parisienne de la Santé, après y avoir laissé son client. La cour d'appel de Paris a deux mois pour statuer sur cette demande de mise en liberté, déposée immédiatement après l'incarcération.

Le Brésilien Lula ou le Sud-Africain Jacob Zuma ont dormi en prison après avoir quitté le pouvoir. Mais ce n'était arrivé à aucun ancien chef d'Etat de l'Union européenne.

Salué par les vivats de ses supporters quand il a quitté son domicile de l'ouest parisien vers 09H15, Nicolas Sarkozy, 70 ans, est arrivé une vingtaine de minutes plus tard à la Santé, après avoir été suivi par une noria de caméras et de photographes à moto. Sa voiture a patienté quelques minutes près du haut mur carcéral avant que l'ex-président ne pénètre dans l'enceinte de la seule prison parisienne.