WASHINGTON: Donald Trump a menacé samedi, en cas de retour à la Maison Blanche, de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie si ceux-ci ne payaient pas leur part, affirmant même qu'il "encouragerait" Moscou à s'en prendre à eux.
Lors d'un meeting en Caroline du Sud, Donald Trump a rapporté une conversation qu'il aurait eue avec un des chefs d'Etat de l'Otan, sans le nommer.
"Un des présidents d'un gros pays s'est levé et a dit: eh bien, monsieur, si on ne paie pas et qu'on est attaqué par la Russie, est-ce que vous nous protégerez?", raconte l'ex-président républicain avant de révéler sa réponse: "Non, je ne vous protègerais pas. En fait, je les encouragerais à faire ce qu'ils veulent. Vous devez payer vos factures".
Donald Trump, qui affrontera probablement Joe Biden à l'élection présidentielle de novembre, reproche régulièrement aux alliés de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord de ne pas tenir leurs engagements en matière de dépenses militaires. En campagne, il avait déjà menacé à plusieurs reprises de sortir de l'Otan s'il retournait à la Maison Blanche.
«Déclarations imprudentes»
Ses propos de samedi ont provoqué l'indignation et la consternation en Europe et au sein de l'organisation.
Pour le président du Conseil européen Charles Michel, "des déclarations imprudentes sur la sécurité de l'Otan et la solidarité de l'article 5 ne servent que les intérêts de Poutine" et "n'apportent ni plus de sécurité ni plus de paix dans le monde".
L'article 5 stipule que si un pays de l'Otan est victime d'une attaque armée, chaque membre de l'Alliance considérera cet acte de violence comme une attaque armée dirigée contre l'ensemble des membres et prendra les mesures qu'il jugera nécessaires pour venir en aide au pays attaqué.
Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a lui mis en garde contre des propos qui "sapent notre sécurité".
"Toute suggestion selon laquelle les Alliés ne se défendront pas les uns les autres sape notre sécurité à tous, y compris celle des Etats-Unis, et expose les soldats américains et européens à un risque accru", a-t-il déclaré.
La Maison Blanche avait répliqué dès samedi aux déclarations de Donald Trump en vantant les efforts déployés par Joe Biden pour renforcer les alliances dans le monde entier.
"Encourager l'invasion de nos alliés les plus proches par des régimes meurtriers est consternant et insensé", a réagi samedi soir Andrew Bates, un porte-parole de la Maison Blanche.
"Plutôt que d'appeler à la guerre et de promouvoir le chaos, le président Biden continuera à soutenir le leadership américain", a ajouté Andrew Bates.
«Une histoire»
La dernière rivale de Donald Trump aux primaires républicaines, Nikki Haley, a dénoncé la rhétorique de l'ex-président.
"Ne prenons pas le parti d'une brute qui tue ses opposants", a-t-elle affirmé en allusion à Vladimir Poutine.
"Nous voulons que les alliés de l'Otan paient leur part, mais il y a des moyens d'obtenir cela sans (...) dire à la Russie: +faites ce que vous voulez avec ces pays-là+", a-t-elle ajouté.
Le sénateur républicain Marco Rubio a de son côté tenté de minimiser les déclarations de Donald Trump.
L'élu de Floride a ainsi affirmé dimanche que l'ex-président n'avait fait que "raconter une histoire", car "il ne parle pas comme un politicien traditionnel".
"Je n'ai aucune inquiétude", a-t-il ajouté à propos de l'avenir de l'Alliance en cas de victoire de Donald Trump à la présidentielle.
L'ex-président, qui conserve une mainmise d'envergure sur le Parti républicain, a fait pression au cours des dernières semaines sur les élus de son camp au Congrès pour enterrer un projet de loi prévoyant le versement d'une nouvelle aide à l'Ukraine, mais aussi à Israël et Taïwan, ainsi qu'une réforme de la politique migratoire.
D'un montant de 95 milliards de dollars, le projet de loi sera débattu la semaine prochaine.
La majorité de ces fonds reviendrait à l'Ukraine afin qu'elle reconstitue ses stocks de munitions, d'armes et d'autres besoins essentiels, alors que le pays entre dans une troisième année de guerre.
Donald Trump s'est souvent montré hostile à la poursuite de l'aide américaine à l'Ukraine.