BRUXELLES/PARIS: Un effort de l'UE pour imposer des sanctions aux colons israéliens qui attaquent les Palestiniens en Cisjordanie est au point mort en raison des objections de la Hongrie et de la République tchèque, selon des diplomates.
Les deux alliés indéfectibles d'Israël ont clairement indiqué jeudi devant un comité de l'UE qu'ils n'étaient pas prêts à laisser la proposition aller de l'avant pour le moment, ont révélé quatre diplomates, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat au sujet des délibérations internes de l'UE.
Certains ont déclaré qu'un compromis pourrait être trouvé ultérieurement pour permettre la mise en œuvre des mesures, peut-être après l'adoption de nouvelles sanctions de l'UE à l'encontre du Hamas, le groupe militant palestinien responsable de l'attaque du 7 octobre contre Israël qui a déclenché la crise actuelle au Proche-Orient.
Alors que l'attention internationale s'est concentrée sur cet assaut transfrontalier depuis Gaza et sur la guerre qu'Israël y a menée par la suite, les responsables européens ont également exprimé leur inquiétude croissante face à la montée de la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont exprimé des préoccupations similaires et ont déjà imposé des sanctions à plusieurs colons qu'ils considèrent comme responsables de la violence.
Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré en décembre qu'il proposerait des mesures similaires.
Mais les sanctions de l’UE exigent l’unanimité des États membres et le bloc n’a pas encore trouvé d’accord − reflet de divisions plus larges au Moyen-Orient, certains pays de l’UE soutenant fermement Israël tandis que d’autres penchent davantage vers les Palestiniens.
Les propositions en cours de discussion imposeraient des sanctions à une douzaine de personnes ou d'organisations, selon des diplomates. L'UE n'a pas précisé le contenu de ces sanctions, mais des responsables ont indiqué qu'elles incluraient des interdictions de voyager dans l'UE.
L'UE a déjà imposé des sanctions au Hamas à la suite des attentats du 7 octobre et des diplomates affirment que d'autres sanctions sont en cours.
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a déclaré mercredi que ce n'était «certainement pas le moment» de sanctionner les colons israéliens, a rapporté l'agence de presse nationale MTI. Budapest estime que l'UE devrait se concentrer sur l'aide à apporter à Israël pour vaincre le Hamas et libérer les otages.
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavsky, a déclaré que son pays ne s'opposait pas «fondamentalement» aux sanctions contre les colons incitant à la violence, mais qu'il ne souhaitait pas qu'elles s'ajoutent aux mesures prises contre le Hamas.
«Un acte de terrorisme n'est pas à mettre sur le même plan que des actes commis par des colons», a-t-il précisé. «Il n'y a pas de lien entre ces deux types d'actes.»
La France, qui a insisté sur les sanctions à l'encontre des colons et qui devrait prochainement introduire des interdictions nationales de voyager à l'encontre de deux ou trois personnes, espère qu'une fois ses mesures mises en place, les partenaires européens seront plus enclins à aller de l'avant.
«Une fois que nous aurons pris nos mesures, nous verrons comment les autres réagissent», a soutenu une source diplomatique française.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com