Enfant battu à mort: 12 ans de prison pour son grand frère tortionnaire

Dylan Owana Bodo, 26 ans, était jugé en appel depuis mercredi pour "violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner" (Photo d'illustration, AFP).
Dylan Owana Bodo, 26 ans, était jugé en appel depuis mercredi pour "violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner" (Photo d'illustration, AFP).
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Publié le Samedi 10 février 2024

Enfant battu à mort: 12 ans de prison pour son grand frère tortionnaire

  • Dylan Owana Bodo, 26 ans, était jugé en appel depuis pour violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort
  • La séance de correction, en partie enregistrée par la soeur, dure jusqu'à minuit

BESANCON: Pendant six heures un soir de septembre 2018 à Mulhouse, Seal-Evan, neuf ans, a été battu pour ne pas avoir fait ses devoirs. Il en est mort: son grand frère tortionnaire a été condamné à 12 ans de prison vendredi par la cour d'assises du Doubs.

Dylan Owana Bodo, 26 ans, était jugé en appel depuis mercredi pour "violences volontaires sur mineur de 15 ans ayant entraîné la mort sans intention de la donner". La cour d'assises du Doubs a suivi les réquisitions du parquet et l'a condamné à 12 ans de réclusion, une décision qui a laissé le jeune homme impassible.

Trois chiffres symbolisent ce "dossier de l'indicible, de l'insoutenable", avait plaidé l'avocate de la partie civile, Me Corinne Vuillemin: "Seal-Evan, neuf ans, son calvaire a duré six heures, sous les yeux de son frère de 11 ans".

L'accusé affirme qu'il "n'a jamais voulu tuer son frère, mais lui faire du mal, oui, qu'il souffre, oui", avait souligné l'avocate générale, Marie-Christine Tarrare. Elle a identifié dans ces "violences d'une particulière intensité, commises sur un temps long", la "source" de la mort de Seal-Evan.

Manche à balai

Dylan Owana Bodo, qui a lui-même grandi au Cameroun dans un contexte de violences quotidiennes, reconnaît avoir battu son frère sur ordre de sa mère, en déplacement à Paris, mais il soutient que les coups n'ont pas tué l'enfant.

"Il n'a pas donné de coup fatal" et il y a "un doute, qui doit lui bénéficier", a ainsi plaidé son avocat, Me Fabien Ndoumou.

Le 16 septembre 2018, Seal-Evan, garçon joyeux et enthousiaste, essuie une volée de gifles et de coups de ceinture dans l'appartement familial à Mulhouse (Haut-Rhin), de la part de son frère aîné et de sa sœur.

L'enfant résiste et insulte son frère qui, empreint de croyances vaudou, le pense alors "possédé" et "voit rouge, très rouge": les coups redoublent, à coups de manche à balai, frappé tellement fort qu'il se brise sur le corps de Seal-Evan.

Son autre frère de 11 ans, auquel le garçon est très lié, et la compagne de l'aîné, enceinte, assistent impuissants aux faits.

Dylan Owana Bodo "est décontenancé par la résistance de son petit-frère, il ne cherche plus à l'éduquer, mais à le soumettre", a analysé devant les jurés le psychiatre Philippe Goetz. "Il est incapable d'être la figure d'autorité qu'il veut être" et "se rejouent ici les violences qu'il a subies enfant. Il ne subit plus le bâton, c'est lui qui le tient", poursuit-il.

Mère absente

La séance de correction, en partie enregistrée par la soeur, dure jusqu'à minuit, puis Seal-Evan devient confus, perd connaissance et meurt.

Selon l'autopsie les causes du décès sont imprécises. L'enfant aurait notamment été asphyxié par l'inhalation du contenu de son estomac lors de régurgitations, pendant un malaise.

"Seal-Evan est aussi décédé parce que sa mère ne l'a pas protégé", relève le ministère public, "cette mère absente va ordonner à son fils aîné de +gérer+ le plus petit".

Me Ndoumou précise que son client, arrivé alors depuis peu à Mulhouse et au casier judiciaire vierge malgré un parcours chaotique, "avait trouvé une désorganisation dans la maison et essayait de mettre les choses en ordre".

Lors de leur procès en première instance devant la cour d'assises du Haut-Rhin, le frère aîné et la sœur, âgée de 25 ans, avaient respectivement été condamnés à 15 ans et six ans de prison.

La mère de cette fratrie livrée à elle-même avait été condamnée à quatre ans de prison pour "complicité de violences volontaires". Enfin, l'ex-petite amie de l'accusé avait reçu une peine de trois ans de prison avec sursis pour "non-empêchement d'un crime".

Seul Dylan Owana Bodo avait fait appel.

Au total, "122 enfants mineurs sont décédés en 2018 suite à des violences, dont 80 sous les violences de membres de leur famille", a rappelé Mme Tarrare. "Seal-Evan était l'une de ces 80 petites victimes".


La condamnation de Marine Le Pen « n'est pas une décision politique », affirme le procureur général

La présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, arrive au palais de justice de Paris pour le verdict de son procès pour soupçon de détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
La présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, arrive au palais de justice de Paris pour le verdict de son procès pour soupçon de détournement de fonds publics européens, à Paris, le 31 mars 2025. (Photo par Thomas SAMSON / AFP)
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  • « La justice n'est pas politique. Cette décision n'est pas une décision politique, mais judiciaire. Elle a été rendue par trois juges indépendants et impartiaux », a déclaré mardi l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz.
  • Cette décision du tribunal de Paris « a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a aussi affirmé le procureur général près la Cour de cassation sur la radio RTL.

PARIS : « La justice n'est pas politique. Cette décision n'est pas une décision politique, mais judiciaire. Elle a été rendue par trois juges indépendants et impartiaux », a déclaré mardi l'un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz, en réaction aux critiques contre la condamnation de la veille de la cheffe de file de l'extrême droite, Marine Le Pen.

Cette décision du tribunal de Paris « a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a aussi affirmé le procureur général près la Cour de cassation sur la radio RTL, qualifiant « d'inadmissibles » les « attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l'objet de poursuites pénales ».

Les termes utilisés par Marine Le Pen la veille sur la chaîne de télévision TF1 sont « totalement excessifs ». « La décision a été rendue au terme d'un procès qui a tout d'un procès équitable, à la suite d'un débat contradictoire qui a duré deux mois et d'une instruction qui a duré des années », a réagi le magistrat.

« L'État de droit a été totalement violé » par « une décision politique », avait estimé Marine Le Pen lundi soir sur TF1.

Cette décision a été rendue conformément à la loi, en application de textes votés par la représentation nationale », a insisté Rémy Heitz. Les juges ont appliqué la loi et les peines prévues par celle-ci.

Le haut magistrat a qualifié « d'inadmissibles » les « attaques très personnalisées contre des magistrats et les menaces qui peuvent faire l'objet de poursuites pénales », se disant « choqué » que la présidente du tribunal qui a rendu la décision soit placée sous protection.

Selon l'AFP, la magistrate bénéficie d'une protection, notamment de rondes autour de son domicile, après avoir reçu des menaces.

« C'est totalement anormal que l'on s'en prenne à un magistrat », a jugé Rémy Heitz, appelant à « dépassionner les choses », à « la mesure et à la sérénité » : « laissons la justice faire son travail en toute indépendance ».

Concernant le procès en appel, il a précisé que la question de savoir s'il pouvait se tenir avant la présidentielle de 2027 relevait de la cour d'appel de Paris. « Techniquement, c'est probablement possible. C'est à examiner, à voir en fonction du calendrier judiciaire », a-t-il déclaré, ajoutant que les dates seraient connues « probablement assez vite ».

Le tribunal a condamné Mme Le Pen pour détournement de fonds publics, ayant établi qu'il y avait bien eu un « système » mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des « économies » à son parti, le Rassemblement national (RN), en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant en réalité pour le RN.


L'interview de Marine Le Pen suivie par 8 millions de téléspectateurs sur TF1

Sur TF1, la députée du Pas-de-Calais a dénoncé une "décision politique", un "jour funeste pour notre démocratie" et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires".  "Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi", a-t-elle martelé, exigeant une audience en appel rapide. (AFP)
Sur TF1, la députée du Pas-de-Calais a dénoncé une "décision politique", un "jour funeste pour notre démocratie" et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires". "Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi", a-t-elle martelé, exigeant une audience en appel rapide. (AFP)
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  • Marine Le Pen a été condamnée lundi à cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics pour avoir fait prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour son parti
  • Sur TF1, la députée du Pas-de-Calais a dénoncé une "décision politique", un "jour funeste pour notre démocratie" et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires"

PARIS: Quelque 8 millions de téléspectateurs ont suivi lundi soir l'interview de Marine Le Pen au JT de TF1, après sa condamnation à une inéligibilité immédiate pour cinq ans, soit une part d'audience (PDA) de près de 40%, a annoncé la chaîne mardi.

Au total, l'ensemble du 20H présenté par Gilles Bouleau a réuni en moyenne près de 7 millions de téléspectateurs, pour une PDA de 35%, selon les données de Médiamétrie.

C'est bien plus que les scores habituellement enregistrés par ce programme. En mars, le JT du soir de la Une, également présenté par Anne-Claire Coudray le week-end, a compté 5,2 millions d'adeptes en moyenne (27% de PDA).

Marine Le Pen a été condamnée lundi à cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics pour avoir fait prendre en charge par le Parlement européen des personnes qui travaillaient en réalité pour son parti.

La dirigeante du Rassemblement National (RN), qui va faire appel, voit désormais son avenir sérieusement compromis alors qu'elle faisait figure de favorite pour l'élection présidentielle de 2027 après trois tentatives infructueuses.

Sur TF1, la députée du Pas-de-Calais a dénoncé une "décision politique", un "jour funeste pour notre démocratie" et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires".

"Je ne vais pas me laisser éliminer ainsi", a-t-elle martelé, exigeant une audience en appel rapide.


France: Bardella dénonce «la tyrannie des juges» mais aussi «les menaces» à leur égard

"Tout sera fait pour nous empêcher d'arriver au pouvoir", a-t-il avancé au micro de Cnews/Europe 1. Jordan Bardella a fait un parallèle entre "le climat" en France et la Roumanie où le candidat d'extrême droite a été privé d'une victoire potentielle par l'annulation de l'élection présidentielle. (AFP)
"Tout sera fait pour nous empêcher d'arriver au pouvoir", a-t-il avancé au micro de Cnews/Europe 1. Jordan Bardella a fait un parallèle entre "le climat" en France et la Roumanie où le candidat d'extrême droite a été privé d'une victoire potentielle par l'annulation de l'élection présidentielle. (AFP)
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  • Au lendemain du jugement choc de cinq ans d'inéligibilité contre la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, son parti organise la contre-offensive politique et médiatique mardi en prenant l'opinion à témoin
  • "Nous sommes totalement innocents dans cette affaire et, en dépit de cela, on prive des millions et des millions de Français de leur candidate naturelle et légitime à l'élection présidentielle", a encore clamé M. Bardella

PARIS: Le président du parti français d'extrême droite le Rassemblement national a dénoncé mardi "la tyrannie des juges" au lendemain de la condamnation de Marine Le Pen, tout en condamnant "les menaces, les injures ou les insultes" à leur égard.

"Tout sera fait pour nous empêcher d'arriver au pouvoir", a-t-il avancé au micro de Cnews/Europe 1. Jordan Bardella a fait un parallèle entre "le climat" en France et la Roumanie où le candidat d'extrême droite a été privé d'une victoire potentielle par l'annulation de l'élection présidentielle.

La décision de justice empêche, à ce stade, Mme Le Pen de concourir à la présidentielle 2027.

Il a annoncé "l'organisation ce week-end de distributions de tracts et mobilisations pacifiques" qui seront "pacifiques" car "nous ne sommes pas des fachos (...), nous sommes des gens raisonnables".

Au lendemain du jugement choc de cinq ans d'inéligibilité contre la cheffe de file de l'extrême droite française Marine Le Pen, son parti organise la contre-offensive politique et médiatique mardi en prenant l'opinion à témoin, et en exigeant un procès en appel suffisamment rapide pour espérer maintenir sa candidature à la présidentielle.

"Nous sommes totalement innocents dans cette affaire et, en dépit de cela, on prive des millions et des millions de Français de leur candidate naturelle et légitime à l'élection présidentielle", a encore clamé M. Bardella. Le président du RN, qui pourrait être le candidat de son parti à la présidentielle si la cour d'appel ne revenait pas sur le jugement du tribunal, a promis une "loyauté totale" à Marine Le Pen car il a "une dette envers elle".

Le tribunal a condamnée Mme Le Pen pour détournement de fonds publics, ayant établi qu'il y avait bien eu un "système" mis en place entre 2004 et 2016 pour faire faire des "économies" à son parti, le Rassemblement national (RN), en payant avec l'argent du Parlement européen des assistants d'eurodéputés travaillant en réalité pour le RN.

La victimisation est le leitmotiv de Marine Le Pen depuis près de trente ans de carrière politique, lors de laquelle elle a autant mis en scène ses déboires que sa capacité, jusqu'alors, à les surmonter.

Dès lundi soir, sur le plateau de la chaîne de télévision TF1, Marine Le Pen a mené la charge au JT de TF1 dénonçant une "décision politique", "jour funeste pour notre démocratie", et "des pratiques que l'on croyait réservées aux régimes autoritaires".

Vingt-trois autres personnes ont été condamnées, ainsi que le parti Front National (FN) devenu RN.

Le montant total des détournements s'élève à 4,4 millions d'euros, dont 1,1 déjà remboursé.