LONDRES: Une «campagne de désinformation» de plusieurs mois a été à l’origine de la décision jeudi de la Texas A&M University de fermer son campus de Doha, a déclaré la Qatar Foundation.
Le System Board of Regents de l’université a voté par 7 voix contre 1 en faveur de la fin de son contrat avec la fondation, avec la fermeture progressive du campus de Doha au bout de quatre ans.
Dans un communiqué publié après le vote, l’institution universitaire a déclaré que le conseil d’administration avait reconsidéré sa présence au Qatar, qui dure depuis plusieurs décennies, «en raison de l’instabilité accrue au Moyen-Orient».
La fondation a déploré ce vote, dans un communiqué, décrivant l'université comme ayant été «influencée par une campagne de désinformation visant à nuire aux intérêts» de la fondation.
«Il est inquiétant que la désinformation soit devenue le facteur déterminant dans cette décision, et qu’elle ait pu outrepasser les principes fondamentaux de l’éducation et de la connaissance, sans tenir compte de l’important impact positif que ce partenariat a apporté à la fois au Qatar et aux États-Unis», indique le communiqué.
«Il est profondément regrettable qu’une institution universitaire mondialement respectée comme la Texas A&M University ait été victime d’une telle campagne, et qu’elle ait permis à la politique d’infiltrer ses processus décisionnels. Le conseil d'administration n'a tenté à aucun moment de s’enquérir de la véracité des faits auprès de la Qatar Foundation avant de prendre cette décision malencontreuse», poursuit le communiqué.
Le président du Board of Regents, Bill Mahomes, a affirmé que «le conseil d'administration a décidé que la mission principale de Texas A&M devrait être développée principalement au Texas et aux États-Unis».
«D’ici au milieu du XXIe siècle, l’université n’aura pas nécessairement besoin d’une infrastructure de campus située à 13 000 km de distance pour soutenir les collaborations en matière d’éducation et de recherche», a-t-il déclaré.
Cette décision de l’université fait suite à des mois de pression de la part d’un groupe de réflexion pro-israélien à Washington qui a soulevé des inquiétudes quant aux droits du gouvernement qatari sur les technologies de défense et nucléaires supposées être développées sur le campus de Doha.
L’Institut pour l’étude de l’antisémitisme et de la politique mondiale, qui se présente comme «dédié à l’étude universitaire de l’antisémitisme», a envoyé une lettre aux responsables américains en janvier les avertissant de la «menace à la sécurité nationale» représentée par le campus.
Quelques mois plus tôt, l’institut avait publié un rapport de 17 pages détaillant une «relation préoccupante entre le Qatar et la Texas A&M University».
Le rapport, publié après le déclenchement de la guerre à Gaza en octobre, indique que l’État qatari jouit d’une «propriété substantielle» des droits de développement d’armes et de recherche nucléaire menée sur le campus Texas A&M de Doha.
Toutefois, dans une lettre datant du mois dernier, le président de l’université, Mark Welch, a nié ces affirmations. «Contrairement à ce que laissent entendre ces articles, aucune recherche sur la technologie nucléaire, les armes/la défense ou la sécurité nationale n’est menée sur ce campus», a-t-il indiqué. «Le campus du Qatar n’a pas non plus de lien avec la recherche sur les réacteurs nucléaires effectuée au Texas ou au laboratoire national de Los Alamos. L’insinuation selon laquelle nous divulguons ou compromettons des données de recherche sur la sécurité nationale est à la fois fausse et irresponsable.»
En octobre, cheikha Hind bent Hamad al-Thani, PDG de la Qatar Foundation et sœur de l’émir du Qatar, s’est déclarée «atterrée par l’ampleur des meurtres et des destructions perpétrés à Gaza, ainsi que par les souffrances et la crise humanitaire qui en ont résulté».
Elle avait ajouté: «Je suis rassurée par la réponse de la communauté de la Qatar Foundation – nos étudiants en tête – depuis la sensibilisation et la démystification des fausses nouvelles sur les réseaux sociaux jusqu’à la tenue de discussions durant les cours.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com