Biden face aux accusations israéliennes et palestiniennes ou la politique du «deux poids, deux mesures»

Après les accusations portées par Israël contre l’Unrwa la semaine dernière, les États-Unis n’ont pas hésité une seconde avant de suspendre tout financement à l’agence de l’ONU. (Photo, AFP)
Après les accusations portées par Israël contre l’Unrwa la semaine dernière, les États-Unis n’ont pas hésité une seconde avant de suspendre tout financement à l’agence de l’ONU. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 03 février 2024

Biden face aux accusations israéliennes et palestiniennes ou la politique du «deux poids, deux mesures»

Biden face aux accusations israéliennes et palestiniennes ou la politique du «deux poids, deux mesures»
  • Même si le carnage infligé aux Palestiniens fait l’objet d’une enquête qui pourrait montrer qu’il s’agit d’un génocide, l’administration Biden dénonce sans équivoque ces affirmations
  • Le président Biden n’a pas demandé d’enquête sur ce qui s’est réellement passé lors du festival de musique Nova en Israël le 7 octobre

Lorsque, la semaine dernière, Israël a accusé un petit nombre d’employés de l’Office de secours et de travaux des Nations unies (Unrwa) d’avoir participé à la violente attaque du 7 octobre contre le pays, les États-Unis n’ont pas hésité une seconde avant de suspendre tout financement à l’agence qui vient en aide aux réfugiés palestiniens.

La Maison-Blanche a réagi rapidement à cette accusation choquante, mais nous ne savons pas si les affirmations d’Israël contre l’Unrwa sont vraies. Nous ne saurons peut-être jamais ce qui s’est réellement passé. Les histoires non vérifiées sur l’attaque du 7 octobre sont la force motrice de l’assaut militaire démesuré d’Israël.

Des questions légitimes demeurent sans réponse. Par exemple, sur les quelque 1 200 Israéliens qui auraient été tués lors de l’attaque du Hamas, combien de civils ont été tués par des soldats israéliens qui ont riposté aveuglément? Personne n’a remis en question les détails de l’attaque ni les rapports contradictoires de nombreux témoins, dont  des Israéliens.

Puisque les victimes étaient israéliennes, les États-Unis ont immédiatement adhéré aux affirmations de leur gouvernement et le secrétaire d’État, Antony Blinken, a publié des déclarations indignées qui dénonçaient l’attaque terroriste et exigeaient que les pays arabes n’étendent pas le conflit et ne défendent pas le Hamas.

Le président américain, Joe Biden, et M. Blinken ont cru Israël sur parole en ce qui concerne les 1 200 Israéliens tués. Ils ont même prêté foi aux rumeurs d’actes de carnage les plus épouvantables, sans qu’aucune preuve ne soit venue les étayer. Les paroles d’Israël, ses communiqués de presse et ses affirmations sont acceptés comme des faits.

MM. Biden et Blinken ont même prêté foi aux rumeurs d’actes de carnage les plus épouvantables, sans qu’aucune preuve ne soit venue les étayer.

Ray Hanania

Cependant, ce n’est pas le cas pour les preuves du carnage provoqué par la riposte israélienne à l’attaque du 7 octobre. Au cours des plus de cent dix jours de guerre israélienne contre Gaza, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a mené une campagne aveugle et punitive de vengeance violente contre les Palestiniens dans la bande.

Les Israéliens ont rasé la majorité des maisons et des entreprises dans presque toutes les villes de Gaza, en commençant par le Nord et en progressant lentement et régulièrement vers le Sud. L’attaque aveugle de l’armée israélienne a détruit des mosquées et des églises. Elle a détruit des écoles et des hôpitaux. Elle a coûté la vie à plus de 26 000 Palestiniens et en a blessé plus de 60 000.

La plupart des preuves du carnage se présentent sous la forme de vidéos partagées par les habitants de Gaza sur les réseaux sociaux; mais la plupart des grands médias sont sélectifs au sujet des images diffusées.

Des villes entières ont été réduites à néant et des civils sont coincés sous les décombres, ce qui soulève une question très importante: est-ce que le nombre déclaré de Palestiniens tués est proche du chiffre réel?

Nous avons été témoins de cas où des civils non armés, notamment des femmes et des enfants, ont été abattus par des tireurs isolés israéliens alors qu’ils brandissaient des drapeaux blancs.

Selon le Comité pour la protection des journalistes, au moins 83 professionnels des médias auraient été tués depuis le 7 octobre. L’association ajoute que plus de journalistes ont été tués au cours des dix premières semaines de la guerre qu’il n'y en a jamais eu dans un seul pays en une année entière. Ce chiffre élevé suggère que les journalistes arabes à Gaza sont pris pour cibles.

Pourtant, malgré le poids de toutes ces preuves prima facie, l’administration Biden a adopté une approche très différente des accusations portées par les Palestiniens par rapport à celles formulées par Israël. Même si le carnage infligé aux Palestiniens fait l’objet d’une enquête qui pourrait montrer qu’il s’agit d’un génocide, l’administration Biden dénonce sans équivoque ces affirmations.

Le coordonnateur des communications stratégiques du Conseil national de sécurité, John Kirby, a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse bondée: «Nous n’avons aucune indication que cela se passe. Et nous n’avons aucune indication qu’ils tentent délibérément d’exterminer la population de Gaza. Aucune preuve ne montre que les Forces de défense israéliennes se lèvent tous les matins dans le seul but d’exterminer le peuple palestinien. Elles tentent d’éliminer la menace que représente le Hamas.»

La position morale et éthique que doivent adopter toutes les parties est d’exiger des enquêtes et de dénoncer la violence aveugle.

Ray Hanania

En novembre dernier, M. Kirby a déclaré que c’était le Hamas, et non Israël, qui avait des intentions génocidaires. «Ne vous y méprenez pas: ce que veut le Hamas, c’est un génocide. Il veut rayer Israël de la carte. Il l’a publiquement annoncé à plusieurs reprises. Il a affirmé que rien ne l’arrêterait», a-t-il indiqué.

Faut-il s’étonner que l’administration Biden dénonce désormais les accusations de génocide déposées par l’Afrique du Sud contre Israël, et soutenues par les nations du monde entier, auprès de la Cour internationale de justice?

Faut-il s’étonner qu’il ait suffi de simples accusations israéliennes contre des employés de l’Unrwa prétendument impliqués dans les violences du 7 octobre pour que les États-Unis suspendent leur soutien financier à l’agence et exigent une enquête?

Le président Biden n’a pas demandé d’enquête sur ce qui s’est réellement passé lors du festival de musique Nova en Israël le 7 octobre.

La position morale et éthique que doivent adopter toutes les parties est d’exiger des enquêtes et de dénoncer la violence aveugle et le meurtre de civils. Elles devraient dénoncer la torture des civils, le viol des femmes, le massacre des bébés, le meurtre de civils, le meurtre de journalistes, la destruction de maisons et d’entreprises ainsi que l’utilisation d’armes chimiques comme le phosphore blanc contre des cibles civiles.

Le président Biden n’a pas besoin de faits pour défendre Israël. Et il ne se soucie certainement pas des faits lorsqu’il s’agit du carnage des Palestiniens. Cela semble évident dans chaque déclaration faite par le président, M. Blinken, M. Kirby et les membres d’un Congrès américain pro-israélien.

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Il peut être joint sur son site Internet personnel à l’adresse suivante: www.Hanania.com

X: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com