Frankly Speaking: Les chrétiens de Palestine sont-ils en voie d'extinction ?

le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église au sujet de la guerre à Gaza (Photo, Fournie).
le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église au sujet de la guerre à Gaza (Photo, Fournie).
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Publié le Lundi 29 janvier 2024

Frankly Speaking: Les chrétiens de Palestine sont-ils en voie d'extinction ?

  • Un pasteur palestinien qualifie la guerre menée par Israël à Gaza de «génocide» et reproche aux gouvernements occidentaux de ne pas protéger les Palestiniens
  • Le pasteur Munther Isaac insiste sur le fait que les chrétiens ne cherchent pas à bénéficier d’un traitement spécia

DUBAÏ: La guerre brutale menée par Israël à Gaza menace de mettre fin à l’existence des chrétiens de Palestine dans l’enclave et en Cisjordanie occupée, selon le pasteur Munther Isaac, de l’église évangélique luthérienne de Noël à Bethléem.

Lors de son passage sur Frankly Speaking, l’émission hebdomadaire d’Arab News, le pasteur palestinien n’a pas mâché ses mots sur des sujets allant de la position de l’Église sur le conflit à la question de savoir si l’Occident a commencé à se retourner contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.

Le Plaidoyer du Pasteur Isaac

«Il s’agit d’un génocide. Israël a dit au monde ce qu’il fait, ce qu’il veut faire, et les faits parlent d’eux-mêmes», note-t-il.

«En quoi le meurtre de milliers d’enfants relève-t-il de la légitime défense ? Quel est le lien avec le 7 octobre ? En quoi le déplacement de près de 2 millions de personnes relève-t-il de la légitime défense ?»

Des combattants dirigés par le groupe palestinien Hamas ont tué environ 1300 personnes, pour la plupart des civils, lors d’une attaque sans précédent contre des communautés du sud d’Israël le 7 octobre de l’année dernière. D’après Israël, 250 autres personnes ont été prises en otage.

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Ces événements ont déclenché les représailles d’Israël sur Gaza, qui ont fait plus de 26 000 morts parmi les Palestiniens, selon les autorités sanitaires locales, et réduit de vastes pans de l’enclave à l’état de ruines.

«Dès les premières semaines de la guerre, voire les premiers jours, il était évident pour nous, en particulier en tant que Palestiniens, qu’il s’agissait d’une tentative de mettre fin à la vie à Gaza telle que nous la connaissons», déclare Isaac.

La guerre a eu des répercussions au-delà de Gaza, puisque les dizaines de milliers de chrétiens qui vivent en Cisjordanie en souffrent également, précise le pasteur.

«Ici, en Cisjordanie, de nombreuses familles palestiniennes chrétiennes ont déjà fui par peur. Elles regardent ce qui se passe à Gaza et se demandent : “Est-ce que cela pourrait nous arriver un jour ?”»

Isaac estime qu’il est «impossible de prospérer en tant que communauté au milieu d’un conflit, d’une oppression et d’une occupation».

«La vie ici était si difficile avant le 7 octobre, et elle l’est encore plus aujourd’hui. Nombreux sont ceux qui ont perdu leur emploi parce qu’il n’y a pas de tourisme. Jérusalem est maintenant complètement bloquée, isolée.»

La communauté d’Isaac — les chrétiens de Palestine — était déjà une minorité confrontée à ses propres difficultés avant même le début de la guerre, le 7 octobre, avec seulement un millier de chrétiens résidant à Gaza.

Bien qu’Israël se présente souvent comme protecteur des chrétiens au Moyen-Orient, les campagnes de bombardement à Gaza ont détruit les maisons et les églises des Palestiniens chrétiens.

«Il y a cette illusion qu’Israël traite les chrétiens favorablement ou d’une manière spéciale. Cette guerre a permis de démontrer que ce n’était pas le cas», indique Isaac à Katie Jensen, animatrice de l’émission Frankly Speaking.

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Munther Isaac, de l'Église évangélique luthérienne de Noël de Bethléem, s'est entretenu avec Katie Jensen sur Frankly Speaking. Il a déclaré que les actions d'Israël à Gaza constituent un génocide et n'ont aucun rapport avec l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre. (Photo, Arab News). 

Le bombardement de l'église orthodoxe grecque Saint-Porphyre de Gaza, le 19 octobre, a coûté la vie à au moins 18 civils palestiniens qui s’y trouvaient. Deux mois plus tard, des tireurs d’élite israéliens auraient abattu une mère et sa fille alors qu’elles quittaient la seule église catholique de Gaza.

«Tous ceux qui voient ce qui se passe à Gaza se rendent compte que tout le monde est une cible. Les églises n’étaient pas sûres. Les chrétiens se sont réfugiés dans les églises en pensant qu’ils étaient en sécurité, mais ils se sont visiblement trompés», regrette Isaac.

Bien que la communauté chrétienne de Gaza, déjà peu nombreuse, ait été frappée de plein fouet par la mort de plusieurs de ses membres, Isaac a précisé qu’il ne cherchait pas à obtenir un traitement spécial pour les chrétiens de Palestine.

«Je ne pense pas que nous voulions être traités d’une manière spéciale», souligne-t-il. «Nous voulons la fin de la guerre. Nous voulons la fin de l’occupation. Nous voulons contribuer à une réalité dans laquelle tous les citoyens jouissent des mêmes droits. Nous voulons nous sentir égaux à tous les autres habitants de ce pays, musulmans et juifs.»

La réaction Internationale face au conflit

Concernant la procédure engagée par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye, Isaac a réaffirmé que les actions d’Israël à Gaza s’apparentaient à un génocide et n’avaient aucun lien avec l’attaque du 7 octobre.

Il s’est dit choqué par «le fait que des pays occidentaux qui se targuent sans cesse de respecter les droits de l’homme et le droit international soient prêts à fermer les yeux sur une chose pareille».

Il a salué la décision de l’Afrique du Sud d’engager la procédure contre Israël, qui a débuté à la fin du mois de décembre de l’année dernière.

La CIJ a rendu sa décision le 26 janvier, ordonnant à Israël «d’empêcher tout acte de génocide et de cesser de tuer, de blesser, de détruire la vie et d’empêcher les naissances», de permettre la fourniture de services humanitaires et de soumettre des rapports réguliers à la Cour.

Bien qu’elle ait donné raison à l’Afrique du Sud sur de nombreux points, la CIJ n’a pas ordonné de cessez-le-feu immédiat, et nombreux sont ceux qui doutent que la décision soit applicable ou qu’elle ait plus qu’une valeur symbolique.

Toutefois, pour Munther Isaac, il est important qu’«Israël se rende compte qu’il existe des pays (et) des dirigeants prêts à faire preuve de fermeté et à adopter des positions courageuses. Israël a fait ce qu’il a fait parce que personne ne lui a jamais demandé de rendre des comptes».

«J’ai été ravi de voir que tous les crimes d’Israël ont été dévoilés au monde entier», dit-il.

«Je suis très heureux que ce soit un pays comme l’Afrique du Sud qui ait mené les efforts, parce qu’il a la crédibilité morale et l’autorité nécessaires pour parler de telles questions. Un pays qui a subi la colonisation et l’apartheid a la crédibilité nécessaire pour s’opposer à la colonisation, à l’apartheid, ainsi qu’à un génocide.» 

Lors de son sermon de Noël de l’année dernière, un plaidoyer émouvant intitulé «Le Christ dans les décombres», Isaac a prononcé un discours cinglant condamnant ce qu’il considère comme l’hypocrisie, les doubles standards et le silence des nations occidentales et de l’Église.

«Dans l’ombre de l’empire, ils transforment le colonisateur en victime et le colonisé en oppresseur», avait-il déclaré à l’époque.

Dans son sermon devenu viral, le pasteur dénonce ce qu’il considère comme l’hypocrisie des États occidentaux: «À nos amis européens, je ne veux plus jamais vous entendre nous faire la leçon sur les droits de l’homme ou le droit international. Et je suis sincère.»

Si les Palestiniens ont bénéficié du soutien du monde entier, depuis la décision de la CIJ jusqu’aux manifestations de masse et aux élans de solidarité dans le monde entier, d’autres n’ont pas souhaité critiquer Israël pour ses actions. Les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, entre autres, se sont opposés à l’arrêt.

Alors que de plus en plus de civils meurent en raison des bombardements et des opérations militaires à Gaza, certains signes indiquent que même les alliés les plus fidèles d’Israël commencent à prendre leurs distances. Isaac, quant à lui, estime que les signes de soutien de la part des grandes puissances occidentales ne sont que des «paroles en l’air».

«Depuis des mois, nous entendons dire que les États-Unis ont fixé des lignes rouges à Israël quant à ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. Cependant, toutes ces lignes rouges ont été franchies», constate-t-il. 

Pour Isaac, «tout ce que les États-Unis disent à propos de la guerre semble être des paroles en l’air. Nous n’y croirons pas tant que nous ne l’aurons pas vu. Pour être honnête, cet élément a été le plus important pour donner du pouvoir à Israël et lui permettre de commettre de tels crimes de guerre, parce que personne ne leur demande de rendre des comptes. Vous pouvez dire tout ce que vous voulez dans les conférences de presse, mais ce sont les faits sur le terrain qui nous importent».

Déplorant ce qu’il appelle l’incapacité des pays à majorité chrétienne à soutenir les droits des Palestiniens, il a déclaré : «Pour tout vous dire, c’est très décevant et décourageant, surtout si l’on tient compte des déclarations publiques de nombre de ces pays concernant leur inquiétude au sujet de la présence chrétienne au Moyen-Orient.»

«Pourtant, tout ce qu’ils font, c’est soutenir des politiques qui mettent notre présence en péril. C’est tellement hypocrite et c’est tellement dédaigneux de nos difficultés, de nos opinions et de nos points de vue. Ils ne nous parlent jamais.» 

"Ils ne nous considèrent pas, nous les Palestiniens, comme des égaux, que nous soyons chrétiens ou musulmans. C’est là que réside le problème», poursuit-il.

«Ils ont d’autres projets. Ils ont des ambitions politiques. Ils ont des alliances politiques, et c’est ce qui leur importe le plus (au) détriment de notre présence, de notre réalité sur le terrain.» 

En plus de dénoncer le silence ou les doubles standards des gouvernements, Isaac a critiqué la position des églises, dont beaucoup, en tant qu’institutions, gardent le silence même si les fidèles expriment leur soutien.

«Les chefs d’églises ne parlent pas au nom des fidèles. Je pense que les gens réalisent clairement qu’il y a une grave injustice et qu’ils sont très préoccupés par ce qui se passe à Gaza. Pourtant, les chefs d’églises sont trop paralysés pour parler et pour interpeller Israël sur ce qu’il fait.»

On a demandé à Munther Isaac si la position religieuse avait vraiment de l’importance dans un monde largement séculier, où la politique et les élections à venir ont clairement le dessus.

«J’espère que c’est le cas, et la question est de savoir quelle position religieuse compte», souligne-t-il. «N’oublions pas qu’Israël utilise la Bible pour justifier ses actions.» 

«De nombreux chrétiens soutiennent Israël pour des raisons théologiques et il est certain que beaucoup, et pas seulement les groupes juifs, utilisent la religion pour justifier l’exclusivité, le fondamentalisme et le déni des droits d’autrui.» 

Isaac n’a pas hésité à exhorter les chefs religieux à adopter une position ferme sur Gaza, affirmant qu’«il est temps que les voix qui croient en l’inclusion, en la paix, en la justice et en l’égalité se fassent entendre, et pas d’une manière diplomatiquement gentille».

«Je suis fatigué, pour être honnête, des chefs religieux qui se contentent d’appeler à la paix et de prier pour la paix», confie-t-il.

«Nous devons appeler les choses par leur nom. Il existe un système d’apartheid dans notre pays. Il est temps de parler pour faire respecter ces principes.»

En tant que personnalité religieuse, quelle est la position d’Isaac sur le droit des juifs à vivre en paix, d’autant plus que Jérusalem est un lieu saint commun aux trois religions abrahamiques ?

«Tout le monde a le droit de vivre en paix partout dans le monde», lance-t-il. «Lorsque les dirigeants chrétiens occidentaux nous interrogent à ce sujet, je leur réponds que les juifs devraient avoir le droit et la liberté de vivre en paix partout, aux États-Unis, en Europe, et même dans les pays arabes.»

«Nous devrions  pouvoir faire en sorte que les juifs ne se sentent menacés nulle part.»

Développant ce point, il a ajouté : «Il semble que le monde entier soit déterminé à faire en sorte que les juifs soient en sécurité, mais pas sur leur terre, sur notre terre. Ensuite, c’est nous qu’ils accusent, comme si nous étions des antisémites, alors que c’est l’antisémitisme qui a poussé les juifs à quitter l’Europe pour venir sur notre terre.»

Isaac a affirmé qu’il ne voulait pas «voir Israël détruit ou les juifs partir», ajoutant qu’il souhaitait un avenir dans lequel ses enfants «auraient des amis israéliens».

Bien que la sécurité et l’égalité pour tous soient une priorité, Isaac a insisté sur le fait que le droit à l’existence des Palestiniens ne devait pas être refusé.

«Le monde a accepté qu’Israël bascule de plus en plus à droite, qu’il dise ouvertement qu’un État palestinien ne sera jamais créé, qu’il dise ouvertement que seuls les juifs ont droit à la terre, puis qu’il élise des dirigeants ouvertement racistes, qu’il poursuive la construction de colonies pendant toutes ces années, qu’il s’assure qu’un État palestinien ne puisse jamais être créé et qu’il en accuse les Palestiniens», fait-il remarquer. 

«Pour moi, cela n’a aucun sens. Donc, à moins que la communauté internationale et les chefs religieux ne s’unissent et ne réclament cette idée de justice et d’égalité des droits, cela n’arrivera jamais.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Liban : le Hezbollah accuse Israël de « centaines de violations » de la trêve

Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
Le chef adjoint du Hezbollah libanais, Cheikh Naim Qassem, prend la parole lors d'un rassemblement de soutien aux Palestiniens de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, à Beyrouth, au Liban. (File/Reuters)
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  • Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.
  • « J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

BEYROUTH : Le chef du Hezbollah libanais, Naïm Qassem, a accusé  samedi Israël de « centaines de violations » de l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur fin novembre et averti de nouveau que sa formation pourrait « perdre patience ».

Son discours est intervenu alors que le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, se trouve au Liban, à l'approche de la date butoir du 26 janvier pour l'application complète de l'accord de cessez-le-feu.

« J'appelle l'État libanais à faire preuve de fermeté face à ces violations qui ont dépassé les centaines, cela ne peut pas continuer », a-t-il dit dans un discours diffusé par la télévision du Hezbollah, al-Manar.

« Nous avons fait preuve de patience à l'égard de ces violations pour donner une chance à l'État libanais, qui est responsable de cet accord, ainsi qu'aux parrains internationaux, mais il ne faut pas tester notre patience », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu stipule que l'armée libanaise doit se déployer aux côtés des Casques bleus dans le sud du pays, d'où l'armée israélienne doit se retirer dans un délai de 60 jours, soit jusqu'au 26 janvier.

Sorti affaibli de la guerre, le Hezbollah doit, lui, retirer ses forces au nord du fleuve Litani, à environ 30 km de la frontière libano-israélienne.

Vendredi, M. Guterres, qui s'est rendu auprès des Casques bleus dans le sud, a affirmé que l'« occupation » de cette région par Israël et ses opérations militaires devaient « cesser ».

Il a révélé que les soldats de maintien de la paix avaient découvert « plus de 100 caches d'armes appartenant au Hezbollah ou à d'autres groupes armés depuis le 27 novembre », jour de l'entrée en vigueur de la trêve.

Le chef du Hezbollah, qui avait des réserves sur la nomination de M. Salam, un juriste international respecté, a averti que « personne ne peut nous exclure de la participation politique effective dans le pays ».


Gaza : le cessez-le-feu est prévu pour entrer en vigueur dimanche à 06 h 30 GMT

Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
Un garçon court avec un drapeau palestinien sur un monticule de décombres dans un camp pour personnes déplacées par le conflit à Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 17 janvier 2025, suite à l'annonce d'une trêve dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Photo Eyad BABA / AFP)
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  • « Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, le porte-parole qatari .
  • « Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

DOHA : Le cessez-le-feu entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et Israël dans la bande de Gaza entrera en vigueur dimanche à 04 h 30 GMT, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur.

« Conformément à l'accord conclu entre les parties concernées et les médiateurs, le cessez-le-feu dans la bande de Gaza commencera à 8 h 30, dimanche 19 janvier, heure locale à Gaza », a écrit sur X Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères.

« Nous conseillons aux habitants de faire preuve de la plus grande prudence et de respecter les instructions des sources officielles », a-t-il ajouté.

L'accord de cessez-le-feu, annoncé mercredi par le Qatar et les États-Unis, autre pays médiateur, prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

En échange, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, qui a précisé que leur libération n'interviendrait pas avant 16 heures dimanche (14 heures GMT).


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.