DUBAÏ: La solidarité envers Gaza, tant du gouvernement saoudien que de la population, témoigne de l'engagement du monde arabe à venir en aide aux Palestiniens, a déclaré le Dr Abdallah al-Rabeeah, superviseur général de l'agence d'aide saoudienne KSrelief. Il souligne que le montant colossal de 536,25 millions de riyals saoudiens (1 riyal = 0,24 euro) déjà collecté en dons pour la bande de Gaza en détresse via la plateforme Sahem de l'Arabie saoudite, où les Saoudiens ont pu effectuer des dons directs aux projets de KSrelief, illustre cet engagement.
«Personne ne peut nier ces preuves tangibles, et je pense que la plateforme Sahem est visible à l’échelle mondiale», a déclaré Al-Rabeeah, également chirurgien pédiatrique qualifié et conseiller à la Cour royale saoudienne, lors du dernier épisode de Frankly Speaking, l'émission hebdomadaire d'actualités d'Arab News.
Avant même le déclenchement du conflit entre Israël et le Hamas début octobre, la bande de Gaza, déjà confrontée à une pauvreté chronique et à une insécurité alimentaire, avait un besoin pressant d'aide humanitaire et de développement. Les bombardements de la région par les forces israéliennes ont commencé le 7 octobre après une série d'attaques du Hamas et d'enlèvements en Israël. Selon les responsables de la santé à Gaza, plus de 15 000 personnes, principalement des civils, ont perdu la vie dans l'enclave depuis ce jour fatidique.
Face à la poursuite des frappes aériennes israéliennes et à la détérioration de la situation humanitaire, le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salman ont annoncé le 2 novembre le lancement d'une campagne de collecte de fonds pour Gaza via Sahem. En seulement cinq jours, les dons ont dépassé 375 millions de riyals saoudiens. Le roi Salman et le prince héritier Mohammed ben Salman ont personnellement fait respectivement des dons de 30 millions de riyals saoudiens et 20 millions de riyals saoudiens.
Le volume significatif des dons, dans le cadre de «l'une des campagnes de collecte de fonds les plus importantes et les plus rapides» dans l'histoire de la mobilisation humanitaire de l'Arabie saoudite, contredit de nombreux rapports médiatiques suggérant que le monde arabe ne se préoccupe pas de Gaza.
Nous n'avons pas encore arrêté», a affirmé Al-Rabeeah à Katie Jensen, l'animatrice de Frankly Speaking, évoquant la question des dons. «Nous avons dépassé le million de donateurs, ce qui reflète la réactivité des gens et leur engagement envers la situation civile et humanitaire à Gaza.»
Il a souligné que les dons continueront d'affluer dans les prochains jours, précisant que le montant record ne prend pas en compte les dons en nature.
«Nos hommes d'affaires ont offert des ambulances, du matériel médical, des provisions alimentaires, des aliments nutritifs et du lait en poudre pour les enfants. Ces contributions ne figurent pas sur la plateforme, donc il s'agit de nombreux dons également», a-t-il ajouté.
La première cargaison d'aide saoudienne est arrivée à Port-Saïd le 25 novembre, transportant plus de 1 000 tonnes de nourriture, de fournitures médicales et de matériaux pour la construction d’abris en route vers Gaza.
Le troisième navire de secours a quitté le port de Djeddah samedi, transportant 300 grands conteneurs, soit 1 246 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de matériaux pour la construction d’abris.
Le premier avion de secours saoudien a quitté Riyad pour l'aéroport d'Al-Arich, en Égypte, le 9 novembre, transportant 35 tonnes d'aide. Au 1er décembre, KSrelief avait effectué son 24e vol de secours pour Gaza, transportant 31 tonnes de nourriture et de matériaux d'abri.
Bien que le soutien matériel pour la population de Gaza soit abondant, Al-Rabeeah a dénoncé les procédures imposées par les autorités israéliennes, retardant potentiellement la livraison de l’aide à la bande de Gaza.
«La situation est complexe», a-t-il souligné, basant ses observations sur des visites récentes à l'aéroport d'Al-Arich, où l'aide saoudienne arrive à Gaza, et au passage de Rafah, le seul point de passage entre l'Égypte et Gaza.
Il a noté que les camions d'aide «doivent parcourir plus de 50 kilomètres pour être contrôlés et autorisés par les forces israéliennes, puis revenir sur 50 kilomètres.»
«L'évaluation prend des jours pour chaque camion. Ensuite, ils doivent passer par le corridor de Rafah. Cela en soi est un défi majeur, retardant l'aide pour ceux qui en ont un besoin urgent», a-t-il ajouté.
Al-Rabeeah a déclaré que, malgré les estimations de l'ONU indiquant que Gaza a besoin d'au moins 400 camions d'aide par jour, les autorités israéliennes n'autorisent qu'un maximum d'environ 140 par jour, mettant ainsi en péril la vie de personnes particulièrement vulnérables telles que les femmes enceintes, les enfants, les personnes âgées et les blessés.
Il a déclaré: «La vie se joue minute par minute. Ainsi, tout retard représente, de mon point de vue de médecin, un risque de décès. Nous devons gagner chaque minute, chaque heure, et nous devons permettre à autant de camions que possible transportant des nutriments pour les enfants, de la nourriture pour les adultes, et également des médicaments essentiels, d’atteindre leur destination.»
Une menace plus sévère et évidente entrave les efforts des Saoudiens pour aider les Palestiniens. De nombreux rapports d'universitaires, d'organisations humanitaires et de groupes médiatiques accusent les forces israéliennes de tuer des travailleurs de la santé et des travailleurs humanitaires à Gaza, en ciblant des abris, des camps de réfugiés, des hôpitaux et des ambulances. Même l'ONU n'a pas été épargnée par les attaques israéliennes. À ce titre, l'organisation a signalé la mort de plus de 100 travailleurs de l'Unrwa depuis le début de l'opération militaire israélienne en octobre.
Al-Rabeeah a déploré: «Il est douloureux pour moi de constater que des individus attaquent délibérément et tuent des travailleurs humanitaires, des professionnels de la santé, ou ciblent des hôpitaux, voire des lieux de culte comme des mosquées et des églises. Ces actes violent toutes les règles que nous connaissons, allant à l'encontre du droit humanitaire international et des principes humains fondamentaux. Nous espérons que ces attaques cesseront immédiatement et qu'aucun civil, professionnel de la santé ou travailleur humanitaire ne sera désormais pris pour cible.»
Si la sécurité de leurs équipes pouvait être garantie, KSrelief serait prêt à envoyer des bénévoles de la santé pour contribuer à sauver des vies à Gaza. Al-Rabeeah a ajouté: «Si les conditions sécuritaires le permettaient, notre équipe serait plus qu'heureuse de se rendre à Gaza et de s'assurer que les personnes en grande détresse recevront l'aide nécessaire. Nous tenons également à nous assurer que la distribution (de l'aide) se fait de manière adéquate.»
Malgré les défis, les autorités locales et régionales s’efforcent de faciliter les livraisons humanitaires, selon Al-Rabeeah. KSrelief a conclu des accords avec plusieurs agences internationales, dont l'Unrwa, le Programme alimentaire mondial, l'Organisation mondiale de la santé et le comité international de la Croix-Rouge. Et d’ajouter: «Nous avons également des équipes sur place à Al-Arich pour coordonner avec les agences de l'ONU, les agences internationales et les agences régionales telles que le Croissant-Rouge égyptien et le Croissant-Rouge palestinien.»
«Les vols quotidiens depuis Riyad vers Al-Arich se poursuivent, tout comme les expéditions par voie maritime. Nous avons l'intention de maintenir ces liaisons aériennes et maritimes pour assurer une quantité suffisante de provisions à proximité des couloirs humanitaires, garantissant ainsi un accès rapide aux ressources nécessaires.»
Le 23 novembre, KSrelief et le Croissant-Rouge égyptien ont conclu un accord visant à renforcer la collaboration dans la fourniture d'aide à Gaza, facilitant l'acheminement de l’aide par voies terrestre et aérienne.
Al-Rabeeah a déclaré: «Les autorités égyptiennes se sont montrées très coopératives. Elles ont joué un rôle clé dans notre travail et nous ont grandement soutenus, que ce soit à l'aéroport d'Al-Arich ou au port maritime de Port-Saïd.»
Il a ajouté que KSrelief avait organisé plusieurs réunions virtuelles avec la Société du Croissant-Rouge palestinien et l'Unrwa «afin de garantir que leurs besoins logistiques soient pleinement satisfaits».
Outre la coordination des vastes efforts d'assistance à Gaza, Al-Rabeeah entretient un lien personnel avec la région.
Au cours des trois dernières décennies, il a réalisé des dizaines d'opérations visant à séparer des jumeaux siamois dans le cadre du Programme saoudien de séparation des jumeaux siamois, contribuant ainsi à hisser le Royaume au rang de leader mondial dans ce domaine chirurgical.
Un cas notable est celui de la petite Hanine, que le Dr Al-Rabeeah a séparée de sa sœur jumelle Farah en 2018, après qu’elles ont été autorisées à se rendre en Arabie saoudite. Farah n’a pas survécu alors que Hanine a pu se rétablir après son retour à Gaza.
Le Fonds de secours pour les enfants palestiniens a indiqué que Hanine était en vie et en bonne santé en mai dernier, mais que son sort est actuellement incertain.
Al-Rabeeah a dit: «Aujourd'hui, j’ignore si Hanine est en vie, si ses parents le sont, ou si tout le travail accompli par l'Arabie saoudite a été vain.»
«Je ne trouverai de répit que lorsque je saurai que Hanine et ses parents sont en vie».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com