Turquie: la déprime dans les conteneurs pour les rescapés du séisme

Une femme marche dans la ville-conteneur de Kahramanmaras, le 18 janvier 2024. Le président Recep Tayyip Erdogan a imputé l'ampleur du bilan du séisme du 6 février 2023 à la négligence des entrepreneurs, les accusant d'avoir pris des raccourcis en utilisant du béton bon marché et en violant les normes de construction de base. (Photo Yasin Akgul AFP)
Une femme marche dans la ville-conteneur de Kahramanmaras, le 18 janvier 2024. Le président Recep Tayyip Erdogan a imputé l'ampleur du bilan du séisme du 6 février 2023 à la négligence des entrepreneurs, les accusant d'avoir pris des raccourcis en utilisant du béton bon marché et en violant les normes de construction de base. (Photo Yasin Akgul AFP)
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Publié le Dimanche 28 janvier 2024

Turquie: la déprime dans les conteneurs pour les rescapés du séisme

  • Après avoir tout perdu, les survivants ont dû improviser une nouvelle vie dans ces conteneurs alignés aux airs de camps de prisonniers, avec clôtures et gardes aux visages fermés à l'entrée
  • Les dirigeants locaux estiment que la population d'Hatay est passée de 1,7 million à 250.000 habitants, dont les trois quarts vivent dans des conteneurs malgré la promesse du président Recep Tayyip Erdogan de reconstruire Antakya en «un peu plus d'un an»

ANTAKYA, Turquie : Mevlude Aydin a perdu sa fille, son mari et une dizaine de proches dans le séisme du 6 février 2023. Sa vie désormais repliée dans un conteneur, la quadragénaire ne parvient pas à visiter leurs tombes.

Voir sa ville, Antakya, l'antique Antioche dans le sud de la Turquie, transformée en un méconnaissable champ de ruines, lui est insoutenable.

«Je voudrais aller au cimetière (...) mais je n'y arrive pas. Je ne veux pas voir la ville dans cet état. Ça me rend malade», confie-t-elle dans l'une de ces villes-conteneurs déprimantes de la province d'Hatay, où s'entassent les rescapés du tremblement de terre du 6 février 2023.

Survenue en pleine nuit, la secousse de magnitude 7,8 a tué plus de 50.000 personnes dans le sud de la Turquie et dévasté des villes entières.

Antakya a été touchée comme nulle autre: près de 90% des immeubles de la ville, creuset de civilisations, voisine de la Syrie, ont été anéantis ou condamnés à la destruction.

Après avoir tout perdu, les survivants ont dû improviser une nouvelle vie dans ces conteneurs alignés aux airs de camps de prisonniers, avec clôtures et gardes aux visages fermés à l'entrée.

Certains n'ont été acheminés que dans les toutes dernières semaines, tant les besoins étaient considérables.

- «Plus d'objectifs» -

«Nous n'avons plus d'enthousiasme, plus d'objectifs», lâche Çagla Ezer, 31 ans, mère de deux enfants, relogée dans un autre conteneur, alimenté gratuitement en eau et électricité. «Notre seul objectif est que les jours passent, pour survivre une journée de plus».

Les dirigeants locaux estiment que la population d'Hatay est passée de 1,7 million à 250.000 habitants, dont les trois quarts vivent dans des conteneurs malgré la promesse du président Recep Tayyip Erdogan de reconstruire Antakya en «un peu plus d'un an».

Autrefois ville au riche patrimoine et à la vie nocturne animée, Antakya n'est plus qu'un patchwork de terrains vagues où s'élevaient des immeubles d'habitation.

Fevzi Sislioglu a installé un conteneur vert sur l'un de ses terrains jonchés de débris où se trouvait sa quincaillerie.

«Je vends ce qui n'a pas été pillé dans mon ancien magasin», explique le sexagénaire à la voix éraillée par un cancer de la gorge, tandis que la pluie tombe.

«Je n'ai pas d'électricité ici, pas d'eau et très peu de clients. Mais je dois continuer. Je dois m'occuper de ma femme et de mes deux enfants».

- «Regain de moral» -

Les derniers commerçants du «uzun çarsi», le «long bazar» d'Antakya, un marché partiellement couvert de 1.500 magasins autrefois étape importante sur la route de la soie, sont aussi pessimistes.

Les autorités prévoient de le fermer et de commencer à raser les bâtiments encore debout d'ici mai, pour rebâtir un bazar plus sûr.

«J'espère que nous connaîtrons des jours meilleurs et que nous aurons un marché encore plus beau qu'avant», veut croire Mehmet Hançer Gündüz, président de l'association des commerçants du bazar, devant un verre de jus de carotte violette.

Resim Devir et sa famille retrouvent un peu de gaîté grâce à un restaurant édifié après le séisme, tout d'acier et de bois.

De nombreux survivants du séisme redoutent encore d'entrer dans des bâtiments en dur, traumatisés par le souvenir des immeubles qui se sont effondrés en quelques secondes sur leurs occupants.

«C'est l'un des rares endroits où nous arrivons à échapper au stress», avoue Resim Devir au milieu de son repas. «Nous avons besoin d'un regain de courage pour survivre ces jours-ci».

- Jeux d'enfants -

Le propriétaire du restaurant, Mustafa Kassab, estime qu'il faudra au moins une ou deux générations pour qu'Antakya commence à retrouver son visage et que les affaires fleurissent à nouveau.

«Il n'y a pas assez de monde. Les gens n'ont toujours pas réussi à surmonter les effets psychologiques du séisme. Et financièrement, ils sont à sec», déplore-t-il.

Yazgin Danisma voit ce traumatisme s'exprimer chez ses trois enfants, jusque dans les jeux auxquels ils s'adonnent dans une allée sans âme bordée de conteneurs.

«Les enfants parlent de partir d'ici, de faire leurs affaires et de fuir. Chaque fois qu'ils jouent, ça se termine par un faux tremblement de terre».

«Mais moi, je veux rester vivre encore à Antakya», confesse la trentenaire.


«Tout est sur la table »: le Canada se prépare à répondre aux menaces économiques de Trump

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s'exprime lors d'une conférence de presse à Rideau Cottage à Ottawa, Canada, le 6 janvier 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis
  • Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade

OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau et les dirigeants provinciaux ont déclaré mercredi que toutes les options étaient sur la table pour répondre à la possible augmentation des droits de douane par les Etats-Unis, tout en gardant l'espoir d'éviter une guerre commerciale.

Depuis que le président élu américain a annoncé son intention de faire passer les taxes douanières à 25% avec ses voisins pour son retour à la Maison Blanche lundi prochain, le Canada cherche une parade.

"Si l'administration américaine choisit de mettre en œuvre son augmentation des droits de douane, nous réagirons de manière ciblée, énergique et résolue", a expliqué Justin Trudeau.

"Tout est sur la table", a-t-il ajouté.

Selon une source gouvernementale à l'AFP, Ottawa réfléchit notamment à imposer des droits de douane plus élevés sur certains produits en acier, sur les céramiques telles que des toilettes et des éviers, de la verrerie et du jus d'orange de Floride.

Les dirigeants des provinces et de l'opposition ont également évoqué la possibilité de bloquer les exportations de pétrole, d'électricité et de minéraux critiques du Canada.

Mais la Première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, s'est désolidarisée de ses collègues sur ce point, refusant mercredi de signer le communiqué final de la réunion. Elle s'oppose à toute perturbation en matière d'exportations pétrolières: plus de trois millions de barils de pétrole sont expédiés quotidiennement depuis sa province vers les États-Unis.

"L'Alberta n'acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l'exportation de notre énergie ou d'autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits", a-t-elle posté sur X.

A l'inverse, son homologue de l'Ontario, moteur économique du pays, préconise une réponse forte. "Je suis désolé mais lorsque quelqu'un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l'a jamais fait auparavant", a déclaré Doug Ford.

Ce dernier a expliqué que 500.000 emplois seraient en danger dans sa province si Donald Trump augmentait les droits de douane à 25%.

Cette mesure serait catastrophique pour le Canada selon les experts. Les Etats-Unis en sont en effet le premier partenaire commercial et la destination de 75% de ses exportations. Près de 2 millions de personnes au Canada en dépendent, sur une population de 41 millions d'habitants.


Le secrétaire d'État désigné par Trump appelle à une « diplomatie audacieuse » pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
Le sénateur américain Marco Rubio témoigne devant une audience du comité sénatorial des relations étrangères sur sa nomination à la fonction de secrétaire d’État, au Capitole de Washington, DC, le 15 janvier 2025. (Photo par ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)
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  • L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».
  • « La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

WASHINGTON : Marco Rubio, désigné secrétaire d'État par Donald Trump, a appelé mercredi à une « diplomatie audacieuse » des États-Unis pour mettre un terme à la guerre menée en Ukraine par la Russie.

« Cette guerre doit cesser, et cela devrait être la politique officielle des États-Unis que nous voulons qu'elle cesse », a déclaré le probable futur chef de la diplomatie américaine lors de son audition de confirmation au Sénat.

L'actuel sénateur républicain de Floride a affirmé que le principal problème de l'Ukraine n'était pas qu'elle soit « à court d'argent », mais plutôt « à court d'Ukrainiens ».

« La vérité, c'est que dans ce conflit, la Russie ne peut en aucun cas s'emparer de l'ensemble de l'Ukraine », a-t-il affirmé.

Mais « il est également irréaliste de croire qu'une nation de la taille de l'Ukraine, aussi compétente soit-elle (...), puisse repousser ces gens jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient la veille de l'invasion » en 2022, a ajouté Marco Rubio.

Le 20 janvier, dès son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a promis de résoudre le conflit en « 24 heures », ce qui fait craindre à l'Ukraine d'être forcée à faire des concessions majeures en échange de la paix. Or, Moscou a gagné du terrain ces derniers mois, tandis que l'armée ukrainienne, épuisée, manque de moyens.

Mercredi, Marco Rubio a également affirmé que « le rôle des États-Unis et de l'OTAN au XXI^e siècle » devait être remis en question.

Tout en reconnaissant l'importance de l'Alliance atlantique pendant la Guerre froide, le sénateur a affirmé qu'il était important pour les États-Unis d'avoir « non seulement des alliés de défense », mais aussi « des alliés de défense compétents, capables de défendre leur région ».

Début janvier, Donald Trump avait déclaré que les pays de l'Otan devaient accroître leur budget de défense pour le porter à 5 % de leur PIB.

Le président élu ne cache pas son mépris pour l'Alliance atlantique, pilier de la sécurité en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Il avait notamment semé la panique durant la campagne électorale en menaçant de ne plus garantir la protection des pays de l'Otan face à la Russie tant que ceux-ci ne consacreraient pas un budget suffisant à leur défense.


L'UE appelle les 27 à scruter les investissements des entreprises à l'étranger pour endiguer les fuites de technologies

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  • La Commission européenne a recommandé aux États membres de l'UEd'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies
  • Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers »

BRUXELLES : La Commission européenne a recommandé mercredi aux États membres de l'UE d'examiner les risques d'investissements étrangers de leurs entreprises, craignant des fuites de technologies dans trois secteurs clés : les semi-conducteurs, l'intelligence artificielle et le quantique.

Bruxelles recommande aux Vingt-Sept de « réexaminer » les « risques pour la sécurité économique » des transactions entre les entreprises européennes et celles de « pays tiers » dans ces trois domaines.

La Commission ne mentionne pas l'invasion russe en Ukraine, la concurrence de la Chine ou l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, mais le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, évoque le contexte « géopolitique » et les « risques potentiels » qu'il peut entraîner.

« L'objectif est d'empêcher les investissements sortants de l'UE d'avoir une incidence négative sur la sécurité économique de l'Union en veillant à ce que des technologies et un savoir-faire essentiels ne tombent pas entre de mauvaises mains », a expliqué la Commission.

Le réexamen demandé par Bruxelles « doit durer 15 mois et couvrir les transactions en cours et passées, en remontant jusqu'au 1^(er) janvier 2021 ».

Les États membres sont invités à fournir un premier rapport d'avancement pour le 15 juillet, puis un rapport complet sur les risques identifiés pour le 31 mars 2026.

La souveraineté industrielle est au cœur du nouveau mandat de l'exécutif européen, dans le sillage du rapport de Mario Draghi, ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) et ancien Premier ministre italien, qui doit être publié en 2024.

L'Europe accuse un retard économique par rapport aux États-Unis et accroît sa dépendance envers la Chine, a-t-il mis en garde.