PARIS: Les maires de France doivent être "pleinement associés" au déploiement territorial des structures d'accueil de réfugiés et la concertation sur les choix d'implantation doit être "plus importante", a demandé mercredi l'Association des maires de France (AMF).
La politique d'accueil et d'intégration des personnes immigrées relève de la compétence de l'Etat, qui sollicite communes et intercommunalités pour sa mise en œuvre, rappelle la première association d'élus à l'issue d'une réunion de bureau.
Mais "pour exercer pleinement leur solidarité, comme ils le font depuis plusieurs années avec notamment les conflits en Ukraine ou en Syrie, les maires doivent être pleinement associés au déploiement territorial de la politique d'accueil", estime l'AMF.
L'association réclame ainsi que "toutes les implantations" de centres d'accueil "relevant de la politique migratoire de l'Etat" reçoivent "l'accord préalable du maire", et ce dans une volonté "d'équilibre territorial".
Les maires doivent être "pleinement associés à la décision d'apport nouveau de population sur leur territoire, eu égard aux conséquences dans la durée, en termes de mobilisation de leurs services et de coût que représente l'accompagnement de telles implantations", justifie encore l'association qui dit "travailler" à des propositions.
La présence d'un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (Cada) à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), l'une des premières communes à avoir hébergé un Cada lors du démantèlement de la "jungle" de Calais en 2016, avait suscité des oppositions, petit à petit récupérées par des groupuscules d'extrême droite.
Cibles de menaces et d'un incendie criminel à son domicile, le maire avait démissionné, suscitant une émotion nationale.
Désengorger l'Ile-de-France
C'est dans l'objectif de désengorger l'Ile-de-France, région où convergent 50% des flux migratoires en France et où les campements se reforment régulièrement, que le gouvernement a demandé aux préfets en mars 2023 de créer de nouveaux "sas d'accueil temporaire régionaux".
L'idée est de créer environ 500 places dans ces nouvelles structures dans toutes les régions, à l'exception des Hauts-de-France, de l'Ile-de-France et de la Corse, pour y "orienter des personnes prises en charge lors des opérations de mise à l'abri conduites en Ile-de-France".
Lundi, le maire LR de Lavaur (Tarn) Bernard Carayon a par ailleurs lancé un appel "aux maires de France" pour dire "non à l'installation de migrants supplémentaires dans nos départements ruraux".
Dans cet appel relayé sur son blog, il dit juger "inacceptable" de vouloir "disperser dans les territoires ruraux des dizaines de milliers d'immigrés (...) pour rendre sans doute Paris plus +présentable+ et plus contrôlable six mois avant les Jeux olympiques".
"Sur l'accueil des populations déplacées, les esprits sont à fleur de peau. Le maire, élu de confiance et de proximité, peut garantir un climat apaisé à condition toutefois d'être sérieusement associé par les services de l'Etat", a réagi André Laignel, premier vice-président délégué de l'AMF. "C'est ce que nous avons voulu rappeler à l'AMF, à rebours de l'opération de com' de M. Carayon, qui joue avec le feu en accréditant la thèse fantaisiste du déferlement migratoire", a-t-il ajouté.