BERLIN: Le chancelier Olaf Scholz a appelé les pays européens à augmenter leur soutien militaire à l'Ukraine, jugeant les contributions des 27 "pas assez élevées" et mettant en garde contre le risque d'une disparition des aides américaines, dans un entretien publié mercredi.
"L'Europe doit faire plus pour soutenir l'Ukraine dans la défense du pays", a déclaré le chancelier dans un entretien dans l'hebdomadaire Die Zeit.
"Les contributions prévues par les pays européens jusqu'ici pour 2024 ne sont pas assez élevées", a-t-il estimé.
Le chancelier social-démocrate s'est dit "irrité" de se voir régulièrement reprocher en Allemagne un soutien trop hésitant.
L'opposition conservatrice et des députés du FDP (libéraux) et des Verts, membres de sa coalition gouvernementale, le pressent depuis des mois de livrer des missiles longue portée Taurus, que lui réclame aussi l'Ukraine.
L'Allemagne fait "beaucoup plus" que les autres pays européens, s'est-il défendu, indiquant que son pays assurait pour le moment plus de la moitié du soutien en armement à l'Ukraine et qu'il serait "vaniteux de penser que nous pouvons le faire seuls sur le long terme".
"C'est pourquoi je téléphone beaucoup à mes collègues et leur demande de faire plus", a-t-il dit.
Des discussions difficiles sont en cours à Bruxelles à l'approche d'un sommet européen fixé le 1er février pour tenter principalement de trouver un compromis avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui, en décembre, a mis son veto au versement d'une aide européenne de 50 milliards d'euros sur quatre ans à Kiev.
Mais Berlin juge que d'autres Etats membres pourraient également en faire en plus pour l'aide militaire à l'Ukraine. Une évaluation est en cours à Bruxelles pour faire le point sur les contributions de chaque pays.
"Ce ne serait pas une bonne nouvelle si l'Allemagne, au cas où les États-Unis cesseraient de soutenir l'Ukraine, devenait le plus grand soutien de ce pays ", a prévenu Olaf Scholz.
"Nous ne sommes, comme (l'ancien chancelier allemand) Helmut Schmidt l'a dit un jour, qu'une puissance de taille moyenne", a-t-il jugé.
Le président Joe Biden a fait du soutien à l'Ukraine une priorité mais il se heurte désormais aux conditions posées par les républicains à nouvelles dépenses budgétaires.
Les États-Unis sont entrés dans une année électorale qui pourrait à nouveau opposer Joe Biden à Donald Trump, et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a admis qu'un retour de ce dernier à la Maison Blanche entraînerait probablement une "politique différente" sur la guerre.