BRUXELLES: Les droites populistes et eurosceptiques devraient connaître une forte poussée lors des élections au Parlement européen en juin, selon une étude portant sur les 27 pays de l'UE publiée mercredi.
Selon cette étude du think tank ECFR (Conseil européen pour les relations extérieures), "les partis de la droite populiste ‘anti-européenne’ arriveront en tête dans au moins neuf États membres de l'UE", dont la France, l'Autriche, la Belgique, l'Italie et les Pays-Bas.
Ils devraient se placer "en deuxième ou troisième position dans neuf autres pays du bloc", dont l'Allemagne, l'Espagne et la Suède.
"Les implications des élections (prévues du 6 au 9 juin) pourraient avoir une portée considérable, allant du blocage de la législation nécessaire à la mise en oeuvre de la prochaine phase du Pacte Vert, à une ligne plus dure sur (...) l'immigration, l'élargissement et le soutien à l'Ukraine", estiment les auteurs, Simon Hix et Kevin Cunningham.
"Il existe une forte possibilité que les partis pro-russes soient représentés dans la prochaine législature", indique l'étude, selon laquelle le parti bulgare pro-russe Revival devrait faire son entrée au Parlement européen pour la première fois en remportant trois sièges.
L'étude s'appuie notamment sur de récents sondages d'opinion menés dans les 27 États membres de l'UE et les résultats des partis lors des dernières élections parlementaires nationales.
Elle prévoit que le principal groupe politique du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, démocrates-chrétiens, droite) -- dont est issue la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen -- devrait rester le plus important.
Mais il perd des sièges, comme les Socialistes et Démocrates (S&D), qui constituent la deuxième force de l'hémicyle.
Le groupe centriste Renew Europe --auquel appartient le parti Renaissance d'Emmanuel Macron-- devrait aussi reculer, de même que les Verts.
«Contexte de populisme exacerbé»
A l'inverse, le groupe d'extrême droite Identité et Démocratie (ID) --dont font partie notamment le Rassemblement national (RN) en France et Alternative pour l'Allemagne (AfD)--, ainsi que les Conservateurs et réformistes européens (CRE, eurosceptiques) --rassemblant le parti Droit et Justice (PiS) en Pologne, Fratelli d'Italia ou encore Vox en Espagne-- devraient significativement gagner du terrain.
Selon ces projections, le groupe ID se positionnerait comme la troisième force politique avec 98 sièges. Il pourrait être dépassé par CRE, si les eurodéputés hongrois du Fidesz de Viktor Orban (actuellement non inscrits) décidaient de rejoindre ce groupe, extrapolent les auteurs, qui notent d'un autre côté que le PPE pourrait recruter Fratelli d'Italia.
Selon eux, "une coalition comprenant la droite populiste", composée du PPE, d'ID et CRE "pourrait émerger" et recueillir 49% des 720 sièges du prochain Parlement.
"Dans un contexte de populisme exacerbé, qui pourrait atteindre de nouveaux sommets avec le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis cette année, les partis du courant politique dominant doivent se réveiller et dresser un bilan clair des demandes des électeurs, tout en reconnaissant la nécessité d’une Europe plus interventionniste et plus puissante sur la scène mondiale", juge le politologue britannique Simon Hix.