La planète célèbre plus discrètement 2021 à l'ombre de la pandémie

 Les confettis volent dans les airs sur un Times Square presque vide pour le réveillon du Nouvel An à New York le 1er janvier 2021. En raison de l'épidémie de coronavirus, Times Square est fermé à tous, sauf à quelques fêtards. (COREY SIPKIN / AFP)
Les confettis volent dans les airs sur un Times Square presque vide pour le réveillon du Nouvel An à New York le 1er janvier 2021. En raison de l'épidémie de coronavirus, Times Square est fermé à tous, sauf à quelques fêtards. (COREY SIPKIN / AFP)
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Publié le Vendredi 01 janvier 2021

La planète célèbre plus discrètement 2021 à l'ombre de la pandémie

  • A Sydney, la plus grande ville d'Australie, le célèbre feu d'artifice du Nouvel an a été tiré à 13h00 GMT au-dessus de la Baie, mais en l'absence quasi totale de spectateurs
  • La France vivait un «réveillon du 31» sous couvre-feu, encadré exceptionnellement par 100 000 policiers et gendarmes: tout déplacement entre 20h00 et 06h00 - sauf raison professionnelle - était interdit, toute violation du couvre-feu passible d'une amende

NEW YORK: affluence ultra réduite sur Times Square à New York, plages quasiment vidées à Rio de Janeiro et Champs-Elysées désertés à Paris: de nombreux pays du monde ont mis la sourdine aux célébrations du Nouvel An, entrant vendredi en 2021 sous l'influence de la pandémie de coronavirus qui a fait plus de 1,8 million de morts à travers le le monde.

Les nouvelles vagues épidémiques ont contraint des milliards de personnes à célébrer le passage au Nouvel An dans l'intimité, chez elles, et à suivre les célébrations virtuellement, après des mois de restrictions voire de confinement.

A Sydney, la plus grande ville d'Australie, le célèbre feu d'artifice du Nouvel an a été tiré à 13h00 GMT au-dessus de la Baie, mais en l'absence quasi totale de spectateurs après l'apparition d'un récent foyer de contamination dans le nord de la ville qui totalise quelque 150 cas.

«I will survive» 

A New York, le quartier de Manhattan était bouclé et les fêtards encouragés à suivre de chez eux le compte à rebours télévisé et les shows de Jennifer Lopez et Gloria Gaynor chargée d'interpréter à 77 ans son célèbre titre disco «I will survive» («Je survivrai»).

Sur Times Square, qui déborde habituellement de fêtards euphoriques pour la traditionnelle «tombée de la boule» sous une pluie de confettis, la foule a été remplacée cette année par un groupe de travailleurs en première ligne contre la pandémie, spécialement invités, et séparés par des barricades pour imposer la distanciation sociale. 

«Ça ne peut pas être pire que l’année dernière... J’espère vraiment que nous aurons beaucoup plus de sagesse (en 2021) de la part des dirigeants de notre pays et qu’ils seront en mesure de nous aider», a déclaré à l'AFP une actrice de 31 ans, Jordan Mann, passant la soirée à la maison entre colocataires.

Le maire Bill de Blasio a évoqué 2020 comme «sans doute la plus dure année de l'histoire de New York». «En janvier, nous allons vacciner un million de New-Yorkais», a-t-il promis.

Les Etats-Unis sont le pays du monde qui compte le plus grand nombre de morts de Covid. Mais le président élu des Etats-Unis Joe Biden, qui entrera en fonction en janvier, a exprimé son optimisme dans un entretien vidéo accordé juste avant la nouvelle année à ABC: «L’Amérique peut tout faire et je suis absolument confiant, confiant que nous allons revenir et revenir encore plus forts que nous ne l’étions auparavant», a-t-il lancé. Le sortant Donald Trump s'est, lui, félicité sur Twitter que les Etats-Unis aient «terminé l’année avec le plus haut marché boursier de l’histoire».

Au Brésil, deuxième pays le plus endeuillé par la pandémie, les festivités ont été annulées cette année à Rio de Janeiro, qui accueille habituellement l’une des plus grandes fêtes du Nouvel An au monde. La célèbre plage de Copacabana s’est trouvée presque vide aux douze coups de minuit, des fêtards étant tenus à l'écart par la police.

Cependant, de l’autre côté de la ville, des Brésiliens ont illuminé l’horizon avec leurs propres feux d'artifice. Et des manifestants ont crié «Sortez Bolsonaro!» depuis leurs fenêtres à Rio et à Sao Paulo, les deux plus grandes villes du Brésil, pour protester contre la gestion qu’ils jugent désastreuse de la pandémie par le président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

En Chine, des milliers d'habitants de Wuhan ont célébré dans la ferveur le passage en 2021, un an tout juste après le signalement à l'OMS des premiers cas de coronavirus dans cette ville de 11 millions d'habitants. «C'est quelque chose que nous ne pourrons jamais oublier», a déclaré une habitante de Wuhan, du nom de Xu Du à l'AFP. «Nous sommes restés enfermés pendant des mois (...) mais nous avons survécu».

Dans ses voeux aux Chinois, le président Xi Jinping a affirmé jeudi soir qu'ils avaient écrit «une épopée» par leur combat contre l'épidémie.

A Hong Kong, malgré les restrictions, quelques rares fêtards se sont aventurés sur le front de mer du port Victoria pour faire des selfies.

En Russie, le président Vladimir Poutine a reconnu dans son discours du Nouvel An qu'une deuxième vague d'infections frappait la nation. «Malheureusement, l'épidémie n'a pas encore été complètement arrêtée. La lutte contre l'épidémie ne s'arrête pas une minute», a-t-il déclaré. 

Peu auparavant, une dizaine de personnes avaient comme chaque année nagé dans les eaux glacées du lac Baïkal en Sibérie, bravant des températures extrêmes oscillant entre -26 et -35°C.

 «Agissez comme si vous l'aviez»

Le gouvernement britannique avait exhorté les gens à rester à la maison pour éviter de propager le virus, avec le slogan «agissez comme si vous l’aviez».

A Londres, la chanteuse américaine Patti Smith, 74 ans, a donné un concert en livestream en hommage aux soignants du système public de santé britannique décédés du Covid-19. Mais sa diffusion en direct sur écran géant à Piccadilly Circus a été annulée à la dernière minute pour cause de pandémie, et ses fans ont dû se contenter de YouTube.

Simultanément, le Royaume-Uni est entré à 23h00 (heure locale et GMT) dans une nouvelle ère, en sortant du marché unique européen et de l'union douanière. Quelques dizaines de fêtards seulement se sont présentés sur la Place du Parlement de Londres pour écouter le carillon de Big Ben.

La fête aux «teufeurs» 

Paris a, elle, offert l’image de ses Champs-Elysées vides, alors que s’y pressent habituellement des centaines de milliers de personnes le dernier soir de l'année. Une vingtaine de policiers arrêtaient les rares véhicules pour vérifier les attestations dérogatoires des conducteurs et verbaliser les contrevenants.

La France vivait un «réveillon du 31» sous couvre-feu, encadré exceptionnellement par 100 000 policiers et gendarmes: tout déplacement entre 20h00 et 06h00 - sauf raison professionnelle - était interdit, toute violation du couvre-feu passible d'une forte amende.

En Bretagne (ouest) cependant, près de 2 500 personnes, certaines venues de l'étranger, se sont réunies pour fêter le Nouvel an clandestniement dans des hangars désaffectés. La gendarmerie, dont un véhicule a été incendié, n'a rien pu y faire et a préféré se retirer aux abords, en attendant que les «teufeurs» se fatiguent de danser...

A Madrid, l’une des villes d’Europe les plus frappées par la pandémie, la célèbre place de la Puerta del Sol, habituellement bondée aux 12 coups de minuit, était vide quand un ancien membre du groupe Mecano, Nacho Cano, y a interprété un morceau au piano, en hommage aux victimes du Covid-19.

C'est depuis leur salon que les Romains ont dû assister aux festivités organisées au Circus Maximus, le plus ancien stade de la capitale italienne. 

Deux heures de spectacle étaient au programme ainsi qu'une illumination des sites les plus emblématiques. Mais la municipalité avait interdit les feux d'artifice et pétards qui d'habitude résonnent dans les rues et sur les places.

L'Italie est soumise à un confinement jusqu'au 7 janvier avec un couvre-feu à partir de 22 heures. 

A Beyrouth, les autorités avaient en revanche assoupli les mesures. Le couvre-feu avait été repoussé à 3 heures du matin. Les bars, restaurants et boîtes de nuit avaient rouvert pour organiser de grandes fêtes pour le Nouvel An.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.