PARIS : La nuit du Nouvel An sous couvre-feu a été « globalement calme » à travers la France, selon un premier bilan dressé par le ministère de l'Intérieur, malgré son lot de fêtes clandestines, quelques échauffourées et la mort d'un jeune homme décapité par un feu d'artifice en Alsace.
Pas d'exception pour les fêtards de la Saint-Sylvestre, quelque 100 000 policiers et gendarmes étaient mobilisés dans le pays pour faire strictement respecter l'interdiction de sortie et de déplacement imposée, sauf exceptions, entre 20h00 et 6h00 pour lutter contre l'épidémie de la Covid-19.
L'entourage du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est réjoui à la mi-journée d'une nuit « globalement calme qui s'est bien passée, malgré les craintes que l'on pouvait avoir ».
Comme un symbole de ce réveillon très particulier, à Paris, l'avenue des Champs-Elysées, habituellement noire de monde le 31 décembre, est restée vide, à l'exception de rares véhicules ou livreurs à vélo.
Ce réveillon « à la maison » a été endeuillé par la mort d'un homme de 25 ans dans le village de Boofzheim (Bas-Rhin), à une quarantaine de kilomètres au sud de Strasbourg, « la tête arrachée » par un mortier d'artifice , selon la préfecture.
Dans la capitale alsacienne, théâtre de violences urbaines « traditionnelles » pour la Saint-Sylvestre, les incidents ont toutefois été moins nombreux que les années précédentes avec une soixantaine de véhicules brûlés, selon une source policière syndicale, et quelques interpellations.
La mobilisation des forces de l'ordre n'a pas empêché, ainsi que le redoutaient les autorités, la tenue de fêtes clandestines. Ainsi à Lieuron (Ille-et-Vilaine), où quelque 2 500 personnes, selon la préfecture, participaient encore vendredi matin à un rassemblement interdit.
D'autres célébrations clandestines ont été recensées à travers le pays, comme à Marseille, où 300 personnes ont été dispersées par les forces de l'ordre, selon des sources policières, et Réding (Moselle), où une rave-party a rassemblé 150 personnes sur un ancien site militaire.
- « Pluie de tirs de mortiers » -
En Ile-de-France, une dizaine de fêtes « sauvages » au total ont été recensées, selon des sources policières.
En Seine-et-Marne, près de 120 personnes étaient ainsi en cours de verbalisation pour avoir célébré l'entrée dans l'année 2021 dans un hangar désaffecté de la zone industrielle de Chelles. Quatre personnes, dont le vigile et le DJ de la soirée, y ont été entendues en audition libre dans le cadre d'une enquête ouverte pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "travail dissimulé".
L'entourage du ministre a par ailleurs déploré de « nombreuses » prises à partie des forces de l'ordre, notamment par des tirs de mortiers d'artifices.
Ainsi à Bordeaux, dans le quartier des Aubiers, où un bureau de poste a été brûlé et plusieurs arrêts de bus détruits. Les forces de l'ordre y ont essuyé « une pluie de tirs de mortiers d'artifice et de projectiles en tous genres », a indiqué une source policière, faisant état d'incidents « particulièrement intenses ».
Il n'y a eu ni blessé, ni interpellation, a-t-elle toutefois précisé.
Des échauffourées de même ordre ont été signalées à Calais, à Toulouse, où les forces de l'ordre ont riposté par des tirs de grenades lacrymogènes dans le quartier du Mirail, et dans la petite couronne parisienne notamment à Limeil-Brévannes et Arcueil (Val-de-Marne), Nanterre (Hauts-de-Seine), Villemomble et Noisy-le-grand (Seine-Saint-Denis).
Le ministère de l'Intérieur doit publier un « bilan consolidé » en fin de journée.
En visite jeudi en début de soirée au commissariat de Nanterre, Gérald Darmanin avait insisté sur ses consignes de fermeté données aux préfets « pour que le couvre-feu soit particulièrement respecté ».
Depuis son instauration le 15 décembre, les forces de l'ordre ont procédé à « plus de 560 000 contrôles » et « 30 000 verbalisations », avait-il rappelé.
Pour limiter les risques d'incidents, les autorités de plusieurs départements avaient également interdits dès jeudi après-midi la vente et la consommation d'alcool sur la voie publique.