A pas feutrés, l'industrie du chapeau renaît dans son ancien fief de l'Aude

Le directeur commercial Thomas Früh tient un chapeau à la chapellerie de Montcapel le 15 janvier 2024. La chapellerie de Montcapel, sauvée de la casse par un passionné, est la dernière en France à fabriquer de A à Z des chapeaux en feutre de laine. (Photo Ed Jones AFP)
Le directeur commercial Thomas Früh tient un chapeau à la chapellerie de Montcapel le 15 janvier 2024. La chapellerie de Montcapel, sauvée de la casse par un passionné, est la dernière en France à fabriquer de A à Z des chapeaux en feutre de laine. (Photo Ed Jones AFP)
Short Url
Publié le Samedi 20 janvier 2024

A pas feutrés, l'industrie du chapeau renaît dans son ancien fief de l'Aude

  • Des bâtiments vétustes, bordés de touffes d'herbes folles, ne laissent pas deviner le trésor industriel qu'ils abritent, à quelques mètres du flot tumultueux de l'Aude
  • La chapellerie, qui a compté jusqu'à 600 ouvriers lors de son âge d'or dans l'entre-deux-guerres, n'a plus que neuf salariés

MONTAZELS, France : Jadis quelque 6.000 ouvriers produisaient des chapeaux en haute-vallée de l'Aude, aujourd'hui il ne reste plus qu'une fabrique, Montcapel, reprise par des passionnés qui y relancent avec humilité, mais détermination l'industrie du couvre-chef en feutre de laine.

Des bâtiments vétustes, bordés de touffes d'herbes folles, ne laissent pas deviner le trésor industriel qu'ils abritent, à quelques mètres du flot tumultueux de l'Aude.

Un modeste banderole indique bien «Chapellerie Montcapel». Mais le visiteur se sent plus dans la peau d'un aventurier en «urbex» (exploration de friches urbaines) progressant à pas prudents dans un décor à l'abandon.

Et pourtant elle tourne, cette usine. Depuis janvier 2021, elle est même «la dernière chapellerie de France à être capable de faire des chapeaux du début jusqu'à la fin en démarrant par la laine», dit avec fierté Serge Anton, 59 ans, directeur de la production.

Tout a bien failli s'arrêter en mars 2018 avec le départ à la retraite des deux derniers dirigeants. A l'époque, l'usine, qui a compté jusqu'à 600 ouvriers lors de son âge d'or dans l'entre-deux-guerres, n'a plus que neuf salariés.

«Quand ça a fermé, c'était la dernière chapellerie de la vallée, je me suis dit, un héritage et un savoir-faire national qu'on laisse tomber comme ça, c'est quand même très dommage», se souvient Sonia Mielke, l'actuelle présidente de Montcapel.

- Sauvegarde du patrimoine -

Enfant, cette franco-irlandaise de 56 ans passait ses vacances dans ce village, chez ses grands-parents. En 2019, elle qui travaille dans les télécoms et ne connait rien aux chapeaux, décide, avec une petite dizaine d'autres passionnés, de relancer l'usine.

Montcapel, dont elle s'occupe sur son temps libre, renaît sous la forme d'une société collective d'intérêt coopératif (SCIC).

«On a démarré comme ça, au début on était sept, aujourd'hui on est 300, il y a des entreprises, des collectivités et beaucoup de personnes qui ont acheté deux–trois parts sociales pour soutenir cette volonté de sauvegarde du patrimoine», détaille-t-elle l’œil pétillant.

Son fils, Thomas Früh, 25 ans, directeur commercial, fait faire la visite. «Ça c'est la cardeuse», explique-t-il près d'un mastodonte de métal, tout en pistons et rouleaux sur lesquels s'étale un tapis de laine blanche.

«Pour moi, c'est un bijou de mécanique. Quand elle tourne et que chaque pignon est parfaitement réglé, c'est magnifique», s'enthousiasme-t-il.

Le patrimoine ici est aussi humain et réside dans les savoir-faire, comme celui d'Elodie Pourquié, 42 ans, «dernière enrouleuse de France», s’enorgueillit M. Früh.

- Haut de gamme -

Outre d'autres tâches au sein de la fabrique, elle enroule les bandes de laine délicatement cardée autour de dômes de bois, pour former une cloche dont elle évalue le poids au toucher «à un ou deux grammes près».

«C'est beaucoup d'exigence», confie-t-elle. «Il faut faire en fonction de la matière vivante qu'est la laine. Quand il fait humide, elle est différente, il faut s'adapter à tout ça.»

De la cloche au chapeau, près d'une vingtaine d'opérations, pour presque autant de machines, sont nécessaires: «feutrage», «semoussage», «dégageage», «rognage» et bien d'autres mots d'un autre âge.

Pour donner forme à ses feutres de laine haut de gamme, Montcapel pioche dans sa vaste collection de moules en aluminium qui chacun porte un nom évocateur: le «Texas», l'«Indiana», le «Sacristain» ou le plus simple «canotier». Au total, environ 1.500 modèles.

Trois ans après la production de son premier chapeau, malgré le Covid, la guerre en Ukraine et l'explosion des coûts de l'énergie, Montcapel «ne lâche pas», assure Sonia Mielke. La fabrique vend aujourd'hui à des particuliers, mais surtout produit pour des marques de mode.

«On espère sur les deux années à venir être à l'équilibre, enfin, et de façon pérenne», dit-elle, déterminée à enraciner un patrimoine qui semblait voué à disparaître.


Le pianiste Igor Levit va donner un concert de plus de 16 heures à Londres

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19. (AFP)
Short Url
  • Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance"
  • "Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée

LONDRES: Le pianiste Igor Levit va donner jeudi et vendredi à Londres un concert unique, prévu pour durer plus de 16 heures, en jouant en solo "Vexations" d'Erik Satie, sous la direction de l'artiste Marina Abramovic, connue pour ses performances radicales.

Le centre Southbank, qui organise le concert, le présente comme "un exploit d'endurance".

"Vexations" du compositeur français Erik Satie (1866-1925) est une partition d'une seule page destinée à être jouée 840 fois d'affilée. Elle se traduit ainsi par une performance durant entre 16 et 20 heures. Habituellement, plusieurs pianistes se succèdent pour jouer ce morceau sans interruption.

L'Allemand Igor Levit, qui est à 38 ans l'un des pianistes virtuoses de sa génération, avait déjà fait sensation en jouant "Vexations" dans son studio à Berlin pendant 20 heures d'affilée lors du confinement. L'objectif de cet événement filmé en direct était de lever des fonds pour les musiciens freelance touchés par la pandémie de Covid-19.

C'est la première fois qu'il va jouer ce morceau en intégralité en public.

Le public va être "témoin (d'un moment) de silence, d'endurance, d'immobilité et de contemplation, où le temps cesse d'exister", a commenté Marina Abramovic, artiste serbe de 78 ans. "Igor interprète +Vexations+ avec des répétitions infinies, mais une variation constante", a-t-elle ajouté.

Le rôle de Marina Abramovic, connue pour ses performances qui poussent les spectateurs dans leurs retranchements, est de "préparer le public à cette expérience unique".

Erik Satie avait lui écrit à propos du morceau à l'adresse des pianistes: "Pour jouer 840 fois de suite ce motif, il sera bon de se préparer au préalable, et dans le plus grand silence, par des immobilités sérieuses".

Dans une interview au quotidien britannique The Guardian, Igor Levit a encouragé son public à "se laisser aller". "C'est juste un espace vide, alors plongez dedans", a-t-il dit.

Les spectateurs pourront assister au concert soit pour une heure soit dans sa totalité. Il commencera jeudi à 10H00 (09H00 GMT).


Les Marionnettes enchantent Dubaï: une scène multilingue et inclusive pour les enfants

Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Les Marionnettes mise sur la créativité, l'inclusion et la découverte, loin des écrans. (Photo: fournie)
Short Url
  • Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe
  • «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella, la fondatrice

DUBAÏ: À Dubaï, dans un paysage dominé par les écrans et les technologies dernier cri, un petit théâtre de marionnettes attire l’attention des familles en quête d’activités culturelles pour leurs enfants. Fondé par Gabriella Skaf, Les Marionnettes propose une expérience ludique, éducative et multilingue qui séduit aussi bien les enfants que leurs parents.

Une idée née d’un besoin personnel

Gabriella Skaf, franco-libanaise et ancienne juriste en droit bancaire, a quitté les salles d’audience pour donner vie à un tout autre théâtre: celui des marionnettes.

«J’ai toujours rêvé de créer quelque chose qui me ressemble, mais je n’avais pas encore trouvé la bonne idée», confie-t-elle avec sincérité.

C’est lors de vacances en France que tout a commencé: «Nous emmenions souvent nos enfants voir des spectacles de marionnettes, et ils étaient fascinés. Mon fils n’avait même pas deux ans, mais il restait captivé du début à la fin. À Dubaï, rien de tel n’existait», raconte Gabriella.

De retour aux Émirats, elle décide alors de donner vie à ce manque. «Au départ, c’était une petite idée… Puis les choses se sont enchaînées: nous avons trouvé un local, pris contact avec des marionnettistes en France, et après plusieurs mois de préparation, le théâtre a ouvert ses portes en novembre 2024.»

--
Les Marionnettes propose des spectacles interactifs pour enfants en plusieurs langues (français, anglais, arabe, russe…).

Une programmation multilingue et interactive

Depuis son ouverture, Les Marionnettes propose des spectacles en anglais, français, arabe, et récemment en russe. «On veut que chaque enfant puisse s’identifier à ce qu’il voit sur scène, peu importe sa langue», explique Gabriella.

Le théâtre offre deux formats principaux:

  • Les spectacles de marionnettes, qui durent environ une heure avec une pause au milieu.
  • Le storytelling, plus court (30 minutes), où un animateur lit un livre, parfois accompagné de marionnettes, suivi d’une activité créative comme du bricolage, du dessin ou la fabrication de masques.

«L’objectif, c’est de rendre la lecture vivante et de faire participer les enfants. On essaie aussi de varier les langues: italien, arabe, français, russe… bientôt l’espagnol.»

Une activité éducative qui séduit les écoles

Les écoles ont rapidement adhéré au concept. «Les retours sont extrêmement positifs, confie Gabriella. Les enseignants apprécient le fait que ce soit à la fois pédagogique et ludique. Les enfants participent activement, posent des questions, interagissent avec les marionnettes… et surtout, ils gagnent en confiance.»

La différence entre les visites scolaires et familiales est notable. «À l’école, les enfants sont plus calmes, attentifs, et respectent davantage les consignes. Lorsqu’ils viennent avec leurs parents, ils se montrent plus spontanés, plus libres… mais tout aussi enthousiastes. Ce sont deux énergies différentes, et chacune a son charme.»

Les enfants sont encouragés à s’exprimer pendant les spectacles. «Les marionnettes posent des questions, les enfants répondent. Même les plus timides finissent par participer.»

Un message fort autour de l’inclusion

Le 30 avril, Les Marionnettes lancera un spectacle inédit en partenariat avec Sanad Village, une organisation qui accompagne les enfants à besoins spécifiques. «C’est une histoire sur l’inclusion. Le but, c’est d’apprendre aux enfants à accepter les différences, à être gentils et ouverts aux autres», explique Gabriella.

Le spectacle sera présenté en anglais, en français et en arabe, et proposé aux écoles ainsi qu’au grand public.  C’est un sujet important. On veut que les enfants comprennent qu’il ne faut pas avoir peur de ce qui est différent.»

Une ambition régionale

L’objectif de Gabriella ne s’arrête pas à Dubaï. «On aimerait bien développer le concept dans d’autres pays de la région: Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Liban. Il existe un véritable besoin pour ce type d’activité culturelle.»

Pour rendre le projet plus mobile, un théâtre itinérant est en préparation. «On pourra l’emmener dans les écoles, dans d’autres villes, et même l’utiliser pour des événements privés ou des anniversaires.»

--
Gabriella Skaf - Fondatrice, Les Marionnettes. (photo: fournie)

Une programmation à découvrir en famille

Les spectacles ont lieu les week-ends – vendredi, samedi et dimanche – tandis que les séances de storytelling se déroulent en semaine. Une activité pour les tout-petits, appelée «Bright Minds», est aussi proposée le lundi matin.

«Le programme change chaque mois et on publie les détails chaque semaine sur notre site et nos réseaux sociaux. Les gens peuvent réserver en ligne ou acheter leurs billets sur place», précise Gabriella.

Prochaine étape: un club de lecture pour enfants, des ateliers théâtre et même des cours pour apprendre à créer ses propres marionnettes.


Les îles Farasan célèbrent l'arrivée annuelle du hareng

Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Le poisson haridé, ou poisson-perroquet, est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. (SPA)
Short Url
  • Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.
  • Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

RIYAD : Les côtes des îles Farasan sont chaque année le théâtre d'une arrivée massive de poissons harid qui voyagent pendant des mois de l'océan Indien à la mer Rouge, en passant par la mer d'Arabie.

Le harid, également appelé « poisson-perroquet », est une espèce diversifiée qui vit dans les récifs coralliens et joue un rôle clé dans l'écosystème marin. 

Reconnaissable à son bec de perroquet et à ses couleurs vives, le harid prospère dans les habitats riches en coraux, avec plus de 90 espèces, chacune ayant des formes et des couleurs uniques.

Farasan, un groupe d'îles coralliennes situées à 40 km de la côte de Jazan, devient le site de cet événement naturel lorsque de vastes bancs de poissons harid se rassemblent, selon l'agence de presse saoudienne. 

Les habitants peuvent prédire l'arrivée du poisson grâce à une odeur distincte qui se dégage de la mer après le coucher du soleil, le 15^e jour du mois lunaire.

La pêche annuelle au harid, célébrée à la fin du mois d'avril, est une tradition qui reflète l'héritage culturel des îles et qui fait la joie des habitants des îles Farasan depuis des siècles.

Reconnaissant l'importance culturelle et touristique de cette pêche, le prince Mohammed bin Nasser, gouverneur de Jazan, a inauguré le premier festival du harid des îles Farasan en 2005.

La 21^e édition du festival a été lancée lundi, mettant en avant les îles comme une destination prometteuse pour les touristes et les investisseurs. 

Le festival met en avant les coutumes, les traditions, les jeux folkloriques, l'artisanat et les sites historiques uniques de Farasan, tout en présentant l'artisanat local, comme les pièges à pêche, le tissage de palmiers, la création de sacs et de tapis, ainsi que le tricotage de chapeaux. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com