Affaire Théo: la condamnation des policiers est «une victoire», réagit son avocat

Ce croquis d'audience réalisé le 9 janvier 2024 à la cour d'assises de Bobigny, près de Paris, lors de la première journée du procès pour l'arrestation violente de 2017 à Aulnay-sous-Bois du Français Théo Luhaka, 28 ans (Photo de Benoit PEYRUCQ / AFP).
Ce croquis d'audience réalisé le 9 janvier 2024 à la cour d'assises de Bobigny, près de Paris, lors de la première journée du procès pour l'arrestation violente de 2017 à Aulnay-sous-Bois du Français Théo Luhaka, 28 ans (Photo de Benoit PEYRUCQ / AFP).
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Publié le Samedi 20 janvier 2024

Affaire Théo: la condamnation des policiers est «une victoire», réagit son avocat

  • Présent à la sortie du tribunal, Théo Luhaka, grièvement blessé lors de son interpellation en 2017, ne s'est pas exprimé dans l'immédiat
  • Dès leur sortie de la cour d'assises, des militants luttant contre les violences policières avaient scandé «du ferme pour la police !»

BOBIGNY: La condamnation vendredi de trois policiers pour l'interpellation violente en 2017 de Théo Luhaka, jeune homme noir érigé en symbole des violences policières, est "pour nous une victoire", a réagi son avocat Antoine Vey à Bobigny.

"C'est une décision d'apaisement que nous prenons comme une victoire", a déclaré Me Vey, les policiers ayant été condamnés à des peines allant de 3 à 12 mois de prison avec sursis par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis.

Présent à la sortie du tribunal, Théo Luhaka, grièvement blessé lors de son interpellation en 2017, ne s'est pas exprimé dans l'immédiat.

"Cette décision vient dire une fois encore que Théo était victime ce jour-là. Que rien ne justifiait qu'il ait été battu et que rien ne justifie chez lui qu'il soit autrement considéré que comme une victime", a-t-il ajouté.

"Ce que je lui souhaite ce soir c'est (...) qu'il puisse reprendre une vie qui va être utile pour lui mais aussi pour toutes les victimes de violences. J'espère que cette décision restera une décision symbolique", a affirmé Me Vey.

De son côté, Me Thibault de Montbrial, l'avocat du principal accusé, condamné à 12 mois de prison avec sursis pour avoir grièvement blessé Théo Luhaka avec sa matraque télescopique, a fait état d'un "immense soulagement".

"C'est l'immense soulagement. Pour la première fois aux yeux de la France entière, il est établi le fait, comme il le dit depuis le premier jour, qu'il n'est pas un criminel", a dit l'avocat du gardien de la paix Marc-Antoine Castelain, à la sortie de la salle d'audience.

Même son de cloche chez les syndicats de la police.

"Il n'y a pas eu de crime. Il y a eu un acharnement médiatique", a déclaré sur BFM TV Reda Belhadj, porte-parole SGP-FO Ile-de-France. "La justice s'est prononcée et a dit qu'il n'y avait ni crime ni viol", a aussi déclaré Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police SGP-FO alors que les soutiens de Théo criaient "il est infirme à vie".

"Hommage à la dignité de Théo. Des peines trop légères mais la vérité triomphe!", a déclaré sur X (ex-Twitter) l'association SOS Racisme.

Dès leur sortie de la cour d'assises, des militants luttant contre les violences policières avaient scandé "du ferme pour la police !" et dénoncé "des mascarades". Ils tenaient en main des affiches montrant les visages de personnes décédées à la suite d'interventions policières.


Paris entend résoudre les tensions avec Alger « sans aucune faiblesse »

le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
le chef de la diplomatie française, chef de la diplomatie française (Photo AFP)
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  • Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ».
  • « L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

PARIS : Le chef de la diplomatie française a assuré mardi que Paris entendait résoudre les tensions avec Alger « avec exigence et sans aucune faiblesse ». Il s'exprimait au lendemain d'un entretien entre les présidents français et algérien, qui visait à renouer le dialogue après huit mois de crise diplomatique sans précédent.

« Les tensions entre la France et l'Algérie, dont nous ne sommes pas à l'origine, ne sont dans l'intérêt de personne, ni de la France, ni de l'Algérie. Nous voulons les résoudre avec exigence et sans aucune faiblesse », a déclaré Jle chef de la diplomatie française devant l'Assemblée nationale, soulignant que « le dialogue et la fermeté ne sont en aucun cas contradictoires ».

« L'échange entre le président de la République (Emmanuel Macron, ndlr) et son homologue algérien (Abdelmadjid Tebboune) a ouvert un espace diplomatique qui peut nous permettre d'avancer vers une résolution de la crise », a-t-il ajouté.

Les Français « ont droit à des résultats, notamment en matière de coopération migratoire, de coopération en matière de renseignement, de lutte contre le terrorisme et au sujet bien évidemment de la détention sans fondement de notre compatriote Boualem Sansal », a affirmé le ministre en référence à l'écrivain franco-algérien condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien. 


Algérie: Macron réunit ses ministres-clés au lendemain de la relance du dialogue

Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
Emmanuel Macron, président français (Photo AFP)
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  • Emmanuel Macron  réunit mardi plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune
  • Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales.

PARIS : Emmanuel Macron  réunit mardi à 18H00 plusieurs ministres en première ligne dans les relations avec l'Algérie, dont Bruno Retailleau, Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, au lendemain de l'appel avec son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune pour relancer le dialogue, a appris l'AFP de sources au sein de l'exécutif.

Le président français a décidé, à la suite de ce coup de fil, de dépêcher le 6 avril à Alger le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot afin de « donner rapidement » un nouvel élan aux relations bilatérales après des mois de crise, selon le communiqué conjoint publié lundi soir.

Le ministre français de la Justice, Gérald Darmanin, effectuera de même une visite prochainement pour relancer la coopération judiciaire.

Le communiqué ne mentionne pas en revanche le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, figure du parti de droite Les Républicains, partisan d'une ligne dure à l'égard de l'Algérie ces derniers mois, notamment pour obtenir une nette augmentation des réadmissions par le pays de ressortissants algériens que la France souhaite expulser.

Bruno Retailleau sera présent à cette réunion à l'Élysée, avec ses deux collègues Barrot et Darmanin, ainsi que la ministre de la Culture, Rachida Dati, et celui de l'Économie, Éric Lombard, ont rapporté des sources au sein de l'exécutif.

 Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, on affirme à l'AFP que si la relance des relations décidée par les deux présidents devait bien aboutir à une reprise des réadmissions, ce serait à mettre au crédit de la « riposte graduée » et du « rapport de force » prônés par Bruno Retailleau. 


Algérie: la relance de la relation décriée par la droite

Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle  afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Cette photo prise le 25 août 2022 montre les drapeaux français et algérien avant l'arrivée du président français à Alger pour une visite officielle afin d'aider à rétablir les liens avec l'ancienne colonie française, qui célèbre cette année le 60e anniversaire de son indépendance. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF).
  • Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

PARIS : La droite a dénoncé mardi la relance de la relation bilatérale avec l'Algérie en minimisant son impact sur les obligations de quitter le territoire (OQTF), Laurent Wauquiez déplorant « une riposte très provisoire » et Éric Ciotti, allié du RN, dénonçant une relation « insupportable » entre les deux pays.

« La riposte était très graduée et en plus très provisoire », a réagi Laurent Wauquiez sur X au lendemain de la conversation entre les présidents français Emmanuel Macron et algérien Abdelmadjid Tebboune, qui ont acté une relance de la relation bilatérale, après des mois de crise.

Lors de la réunion du groupe des députés LR, l'élu de Haute-Loire, qui brigue la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est dit convaincu que les autorités algériennes n'accepteront pas les OQTF.

« On va se retrouver dans 90 jours avec les OQTF dangereux qui seront dans la nature. Nous ne pouvons pas l'accepter », a déploré le député de Haute-Loire.

De son côté, Éric Ciotti, l'ancien président des LR alliés avec le RN, a directement ciblé le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau sur CNews, lui reprochant de n'avoir montré que « des petits muscles face à Alger ».

Selon l'élu des Alpes-Maritimes, cette conversation entre les deux chefs d'État signifie « que les ministres n'ont aucun pouvoir, M. Retailleau en premier ».

« La relation privilégiée Macron-Algérie depuis 2016 perdure. Et cette relation est insupportable, parce qu'elle traduit un recul de notre pays. »

Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont marqué « leur volonté de renouer le dialogue fructueux », selon un communiqué commun.

La reprise des relations reste toutefois subordonnée à la libération de l'écrivain Boualem Sansal et à des enjeux de politique intérieure dans les deux pays.