Le Pakistan riposte en frappant en Iran des «caches terroristes»

Des personnes se rassemblent près des décombres à la suite de l’attaque militaire pakistanaise contre un village iranien près de Saravan, dans la province du Sistan-Baloutchistan, en Iran, le 18 janvier 2024 (Photo, Reuters).
Des personnes se rassemblent près des décombres à la suite de l’attaque militaire pakistanaise contre un village iranien près de Saravan, dans la province du Sistan-Baloutchistan, en Iran, le 18 janvier 2024 (Photo, Reuters).
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Publié le Vendredi 19 janvier 2024

Le Pakistan riposte en frappant en Iran des «caches terroristes»

  • Ces attaques réciproques surviennent au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre
  • L'Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, sont confrontés depuis des décennies à des insurrections larvées

TEHERAN: L'Iran a protesté jeudi contre des frappes menées par le Pakistan contre "des caches terroristes" dans le sud-est du pays, qui ont fait neuf morts, deux jours après une attaque similaire lancée par Téhéran sur le territoire de son voisin pakistanais.

L'Iran et le Pakistan, seul pays musulman doté de l'arme nucléaire, sont confrontés depuis des décennies à des insurrections larvées, le long de leur frontière commune, longue d'un millier de km.

Ces attaques réciproques surviennent au moment où le Proche-Orient est secoué par la guerre qui oppose le mouvement islamiste palestinien Hamas à Israël dans la bande de Gaza, et les attaques des rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, contre des navires de commerce en mer Rouge.

Cette montée de tension provoque "la vive inquiétude" de l'Union européenne tandis que Moscou a appelé à "la plus grande retenue" et que Pékin, qui entretient des liens privilégiés avec Islamabad et Téhéran, s'est dit prêt "à jouer un rôle constructif pour apaiser la situation".

Pays ennemi de l'Iran et allié du Pakistan, les Etats-Unis ont dit ne "pas vouloir d'escalade" et suivre "de très près" les tensions entre Téhéran et Islamabad. Le chef de l'ONU Antonio Guterres s'est dit "vivement préoccupé" et a appelé les deux pays "à une retenue maximale".

Avant l'aube, l'armée pakistanaise a frappé "avec des drones trois zones résidentielles proches de la frontière, détruisant quatre maisons", a indiqué le vice-gouverneur de la province iranienne du Sistan-Baloutchistan, Alireza Marhamati.

Les neuf personnes tuées, essentiellement des enfants et des femmes, sont pakistanaises, a-t-il ajouté, cité par l'agence officielle Irna.

Des médias locaux ont diffusé des images montrant des habitations très endommagées et des personnes rassemblées autour d'un cratère.

Islamabad a affirmé avoir mené une "série de frappes de précision (...) contre des caches terroristes" au Sistan-Balouchistan.

Le ministère des Affaires étrangères a affirmé qu'elles avaient menées "au vu de renseignements crédibles sur d'imminentes activités terroristes à une large échelle". Un "certain nombre de terroristes" ont été tués, a-t-il ajouté.

«Inacceptable»

Téhéran a convoqué le chargé d'affaires pakistanais pour "demander des explications au gouvernement pakistanais", selon le porte-parole de la diplomatie, Nasser Kanani.

Islamabad avait de son côté qualifié mercredi de "totalement inacceptable" la frappe aérienne menée la veille par l'Iran contre des "cibles terroristes" au Pakistan, qui avait causé la mort de deux enfants.

En réponse, le Pakistan, où se tiennent des élections législatives le 8 février, a rappelé son ambassadeur en Iran. Son Premier ministre par intérim, Anwar-ul-Haq Kakar, a également décidé jeudi d'abréger son déplacement au Forum de Davos (Suisse) "au vu des développements actuels".

Iran et Pakistan s'accusent fréquemment de permettre à des groupes rebelles d'opérer à partir de leurs territoires respectifs pour lancer des attaques, mais il est rare que les forces de l'un ou l'autre de ces pays soient impliquées.

Comme l'Iran l'avait fait mercredi, le Pakistan a déclaré jeudi "respecter "complètement la souveraineté et l'intégrité territoriale" de son voisin.

Selon des médias pakistanais, l'attaque iranienne s'était produite près de Panjgur, dans le sud-ouest du Baloutchistan (Ouest).

Menée "par missile et par drone", elle a visé le quartier général au Pakistan du groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), en réponse à une "agression contre la sécurité" de l'Iran, selon l'agence de presse iranienne Mehr.

«Groupe terroriste»

Jaish al-Adl, formé en 2012, a mené plusieurs attaques sur le sol iranien ces dernières années. Le groupe est considéré comme une "organisation terroriste" par les Etats-Unis et l'Iran.

En décembre, Jaish-al-Adl avait revendiqué l'attaque d'un commissariat de police de la ville de Rask au Sistan-Baloutchistan, dans laquelle 11 agents de police iraniens avaient été tués.

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, avait estimé que Jaish al-Adl agissait "contre la sécurité commune des deux pays".

Mardi, l'Iran avait aussi procédé à des tirs de missiles sur ce qu'il a qualifié de quartiers généraux d'"espions" et de cibles "terroristes" en Syrie et au Kurdistan irakien autonome.

Les Etats-Unis ont condamné ces frappes iraniennes, le porte-parole du département d'Etat, Matthew Miller, dénonçant le fait que Téhéran ait "violé les frontières souveraines de ses voisins au cours des derniers jours".

Le Pakistan, l'Iran et un peu l'Afghanistan abritent quelque 10 millions de Baloutches, qui sont majoritairement des musulmans sunnites et se plaignent d'être marginalisés et spoliés des ressources naturelles.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
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  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
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  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.