BEYROUTH: Pour la première fois dans les hostilités en cours entre Israël et le Hezbollah sur le front sud du Liban, l’armée israélienne a déclaré mardi que «ses forces spéciales ont infiltré le sud du Liban et ont déminé le village d’Aïta el-Chaab».
Le Hezbollah a rapidement démenti l’incident, qui représenterait une escalade significative dans le conflit qui dure depuis 101 jours, parallèlement à l’opération militaire israélienne à Gaza. Le groupe a assuré que ses «forces sont présentes le long de la bande frontalière et sont capables de résister à toute tentative».
«Nous n’avons reçu aucun rapport faisant état d’une infiltration israélienne à travers la frontière avec le Liban et nous sommes en train d’enquêter sur la question», a affirmé une source de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).
«Trois soldats israéliens ont tenté de franchir la clôture de barbelés séparant le Liban du côté israélien et de s’infiltrer en territoire libanais, mais des membres du Hezbollah les ont repérés et empêchés de le faire, et ils se sont donc retirés», ont rapporté des médias locaux.
Par ailleurs, des avions israéliens ont largué des tracts au-dessus de la ville de Kfarkela pour la deuxième fois. S’adressant aux «habitants du sud», il est écrit sur ces tracts que «des missiles sont lancés depuis cette zone par le Hezbollah terroriste. De telles opérations terroristes entraîneront une réponse sévère. Pour votre sécurité, ne participez pas à des actes terroristes dans vos jardins».
Certains habitants qui n’ont pas encore fui la région se sont moqués des tracts sur les réseaux sociaux, tandis que d’autres ont décidé de partir et de chercher refuge ailleurs. Jusqu’à présent, plus de 75 000 personnes ont été déplacées, quittant les villages et les villes de l’extrême sud par crainte d’être prises dans les combats le long de la frontière.
Mardi, les attaques aériennes israéliennes ont gagné en intensité dans les régions frontalières, avec plus de 20 frappes ciblant des zones autour de Houla, Wadi Saluki, Wadi Hujeir, la route Rab Thalathine-Taybé, et Aïta el-Chaab, provoquant la terreur parmi les résidents et faisant trembler les bâtiments.
En outre, des tirs d’artillerie israéliens ont visé la colline de Moutran à Hamames, Wadi al-Bayad et Mays el-Jabal, et un char Merkava aurait bombardé la ville de Kfarkela avec des obus au phosphore. Une maison de la ville frontalière d’Abbasiya a été touchée par une attaque de char et a pris feu.
Mahmoud Yaqoub, un berger, et sa sœur ont été portés disparus lors des raids israéliens sur le village de Hula et ses environs. Quelques heures plus tard, il a refait surface et a publié un message sur les réseaux sociaux indiquant qu’ils avaient «cherché refuge dans une grotte située sous une montagne».
«Donnons une chance à la paix»
Mardi matin, des sirènes ont retenti dans huit colonies israéliennes de Haute Galilée, l’armée israélienne soupçonnant qu’une attaque de drone avait été lancée depuis le Liban. Dans l’après-midi, les sirènes ont retenti à Ramot Naftali, une colonie proche de la frontière.
Les forces israéliennes ont déclaré avoir «ciblé 150 cellules du Hezbollah dans le sud du Liban, responsables du lancement de missiles et de drones depuis le début des affrontements».
La Israeli Public Broadcasting Corporation a fait état d’un «assaut majeur de l’armée à Wadi Saluki, dans le sud du Liban», au cours duquel «des dizaines de cibles ont été attaquées simultanément».
Le Hezbollah a affirmé avoir attaqué «un groupe de soldats israéliens à l’est de la colonie d’Evin Menachem en utilisant des missiles».
Lors d’une rencontre avec l'ambassadrice du Canada au Liban, Stefanie McCollum, le ministre libanais sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a mentionné que les autorités de Beyrouth avaient récemment envoyé une lettre à l’ONU pour tenter de prendre l’initiative de développer une vision sérieuse afin d’assurer la stabilité des frontières sud du pays.
«Nous espérons que des pays actifs soutiendront cette initiative visant à préserver la paix et la sécurité régionales et à empêcher toute nouvelle escalade du conflit au Moyen-Orient», a-t-il ajouté.
Dans la lettre, envoyée il y a environ une semaine, on peut lire ce qui suit: «Nous ne devrions pas chercher des demi-solutions dans notre région. Donnons une chance à la paix par la mise en œuvre complète et globale des résolutions internationales qui soutiennent la création d’un État palestinien indépendant, avec Jérusalem-Est comme capitale.»
Elle appelle le Conseil de sécurité de l’ONU à veiller à la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 et à obtenir des garanties internationales. Cette résolution a été adoptée par le Conseil en 2006 dans le but de mettre fin à la guerre qui opposait Israël et le Hezbollah cette année-là.
La lettre exhorte également l’ONU à soutenir les efforts de «l’État libanais pour étendre son autorité sur l’ensemble du territoire libanais en renforçant son armée et en améliorant le déploiement de celle-ci au sud du fleuve Litani en coopération avec la Finul, afin de s’assurer que toutes les armes soient approuvées par le gouvernement libanais».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com