De la guerre à la scène, l'art soudanais renaît au Caire

Aujourd'hui, au Caire où les artistes soudanais ont posé leurs valises, ils redonnent vie aux folles nuits de Khartoum (Photo, AFP).
Aujourd'hui, au Caire où les artistes soudanais ont posé leurs valises, ils redonnent vie aux folles nuits de Khartoum (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 16 janvier 2024

De la guerre à la scène, l'art soudanais renaît au Caire

  • Mazin Hamid fait vibrer la foule. Célèbre dans son pays, ce musicien et producteur de 31 ans modernise le répertoire soudanais
  • La guerre a jeté plus de 1.4 millions de Soudanais sur les routes de l'exil

LE CAIRE: Quand les premières bombes sont tombées sur Khartoum, Amjad, Fatima et Mazin ont dû abandonner pinceaux et instruments pour prendre le chemin de l'exil. Aujourd'hui, au Caire où ils ont posé leurs valises, ils redonnent vie aux folles nuits de Khartoum.

A deux pas de la mythique place Tahrir, des rythmes entêtants s'échappent. Là, une centaine de Soudanais profitent d'un concert et d'une exposition, loin de la guerre qui ravage leur pays depuis huit mois.

Mazin Hamid fait vibrer la foule. Célèbre dans son pays, ce musicien et producteur de 31 ans modernise le répertoire soudanais.

Quand la guerre a éclaté le 15 avril, M. Hamid, qui avait vécu les quatre années précédentes une "révolution", un coup d'Etat et la répression dans le sang des prodémocratie, est quand même parti travailler.

Il devait terminer la bande originale de "Goodbye Julia", premier long-métrage soudanais présenté en sélection officielle puis primé à Cannes.

Il en était aux touches finales et pensait rester quelques heures dans son studio d'enregistrement, le temps que les esprits se calment. Mais les deux généraux entrés en guerre pour le pouvoir ce jour-là, Abdel Fattah al-Burhane à la tête de l'armée et Mohamed Hamdane Daglo à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), s'affrontent toujours.

L'unique bilan disponible, de plus de 13.000 morts, est très sous-estimé. Au Darfour (ouest), la justice internationale dit redouter un "génocide". Et le pays tout entier est à genoux, entre la guerre, le choléra et une saison agricole jamais entamée.

Derrière "les murs insonorisés de (son) studio", M. Hamid n'a d'abord entendu que des tirs ici et là. Mais quand il a entendu "des avions de combat", là, dit-il à l'AFP, "on a compris que c'était grave".

Alors, comme les autres, il a pris la fuite, "sans instrument ni matériel pour ne pas attirer l'attention aux check-points" des soldats et des paramilitaires qui commençaient à hérisser la ville.

«Repartir de zéro»

Fatima Ismaïl, elle, est d'abord restée cloîtrée dans son appartement, "en silence, par peur des paramilitaires" des FSR "postés en bas", raconte-t-elle à l'AFP.

Cette peintre, qui expose aujourd'hui au Caire, le dit à mots couverts: alors, dans la capitale soudanaise Khartoum circulaient déjà des informations sur les viols commis par ces miliciens formés au combat dans la guerre du Darfour du début des années 2000.

"S'ils avaient su qu'il y avait des jeunes femmes dans l'appartement, ça aurait été terrible", lâche Mme Ismaïl, 26 ans.

Avec sa famille, elle est parvenue à fuir, dit-elle, en sautant dans le premier minibus qui s'est présenté dans une ville vide et en ruines.

Avant de partir, Fatima Ismaïl a méticuleusement croqué son appartement: "ma mère en train de cuisiner", "mon père qui lisait le Coran", autant de souvenirs d'un quotidien disparu.

Aujourd'hui en sécurité au Caire, elle se replonge dans ses croquis et tente d'exorciser les démons de la guerre par l'art. Et tout ça, "en recommençant de zéro" puisque, dit-elle, elle a "dû partir sans aucun matériel".

"Dieu et le dessin, c'est ce qui m'a sauvé", affirme la jeune artiste.

«On reviendra»

Amjad Badr, 28 ans, est lui aussi parti de Khartoum en laissant ses instruments et son studio derrière lui. Ce soir, dit-il à l'AFP, "je joue avec une guitare qu'un ami m'a prêtée".

Il a repris la musique, affirme-t-il, après un long périple vers l'Egypte puis "onze jours passés à dormir".

"C'était extrêmement important pour moi d'exprimer tout ce que j'avais traversé" à travers l'art, raconte-t-il encore.

"Il y a des artistes au Caire, mais aussi à Nairobi ou en Ethiopie", ajoute-t-il, alors que la guerre a jeté plus de 1.4 millions de Soudanais sur les routes de l'exil --dont 400.000 ont, comme lui, choisi l'Egypte.

A quelques pas de là, Hashim Nasor présente des photos stylisées représentant sa famille, avec ses membres manquants, et une installation racontant l'exil, la guerre, la mort mais aussi la transmission familiale et la renaissance.

Cet ancien dentiste de 33 ans a posé ses valises à Alexandrie, sur la côte nord, où il a repris la photographie.

Mais ici, dit-il à l'AFP, il "ne connaît personne". Sans contact, "difficile de trouver des modèles", poursuit celui qui a dû se résoudre à faire poser sa propre famille.

Dur de trouver aussi "la motivation et l'inspiration" dans ces conditions, admet Amjad Badr.

Mais, promet-il déjà, "on reviendra".

"La scène musicale commençait à vraiment décoller avant la guerre, donc bientôt, on reviendra, et plus forts encore".


Des artistes français présentent une expérience artistique envoûtante à Djeddah

Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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Les œuvres d’art immersives sont réalisées à partir des données biométriques de la danseuse Jeanne Morel, recueillies pendant qu’elle effectuait des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur. (Photo fournie)
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  • «C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent»
  • «Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager»

DJEDDAH: L’artiste Paul Marlier et la danseuse Jeanne Morel présentent une exposition d’art numérique interactive baptisée «ETH3R» au centre culturel de Djeddah, Hayy Jameel.

Les deux créateurs français exposent des œuvres immersives réalisées à partir des données biométriques de Jeanne Morel recueillies pendant qu’elle effectue des mouvements dans des environnements extrêmes, y compris en apesanteur.

Ce mélange unique de technologie et de créativité a captivé le public en raison de la réflexion qu’il offre sur la réalité et du contraste saisissant qu’il présente avec la nature souvent banale de la vie quotidienne.

Dans une interview accordée à Arab News, Paul Marlier évoque le processus créatif qui est à l’origine de cette œuvre numérique. Il explique également comment ces productions sont inspirées par les données humaines et scientifiques qu’il a recueillies.

«C’est un réel plaisir d’être ici, en particulier à Hayy Jameel, où nous mêlons l’art et la science pour créer une expérience sensorielle sans équivalent», déclare-t-il. «Cette expérience représente l’ADN du monde, la danse de nos âmes.»

«ETH3R présente des tableaux, mais aussi des installations dynamiques qui sont dérivées des données biométriques de ma femme, Jeanne Morel, qui danse dans des environnements divers et extrêmes, des profondeurs de l’océan jusque dans les hautes altitudes où s’entraînent les astronautes», poursuit-il.

Paul Marlier a fusionné ces données scientifiques sur la physiologie humaine avec d’autres informations comme la qualité de l’air, l’imagerie satellite et même des faits relatifs à la mer Rouge. «Ces œuvres d’art sont des empreintes émotionnelles qui rappellent des moments de grâce. Il s’agit d’un véritable travail de collaboration.»

Expliquant le processus, il précise: «Jeanne, équipée de capteurs semblables à un pinceau, est le catalyseur. Ses émotions lorsqu’elle danse sont traduites grâce à des codes en art numérique tel qu’on peut le voir dans les peintures. Nous explorons les thèmes de la fragilité, de la spiritualité et de l’unité inhérente entre l’homme et la nature – la danse universelle.»

«Nous abordons les données non comme de simples codes, mais comme des sensations, ce qui nous permet de caractériser l’expérience et de la partager. En recueillant une multitude d’informations de cette danseuse singulière, nous nous efforçons de matérialiser l’essence de la grâce», souligne Paul Marlier.

«La danse est le moyen d’exprimer ses émotions les plus profondes, de manière parfois plus simple qu’avec des mots», explique pour sa part Jeanne Morel.

«C’est l’allégorie de la vie. Elle me permet de rester vivante, connectée aux mouvements du monde. Nos corps sont constamment en train de danser, de bouger, sur cette terre qui elle-même danse autour du soleil et reste en équilibre grâce à la gravité», ajoute la danseuse.

À propos de leur première visite dans le Royaume, Paul Marlier livre cette observation: «Les gens sont très accueillants ici. La spiritualité et la poésie sont très présentes.»

«Nous admirons la spiritualité et l’ouverture d’esprit de ce pays pour tout ce qui touche l’art, notamment l’art numérique», ajoute son épouse.

«Observer des œuvres d’art qui dépassent les frontières a été un voyage envoûtant qui a captivé nos sens et a suscité l’émerveillement face à la fusion de l’art et de la technologie. Les démonstrations en direct et la danse ont été incroyablement relaxantes. Cela nous a permis de nous évader sereinement dans un autre monde, imaginaire», confie Walid Harthi, un passionné d’art.

L’exposition se tient jusqu’au 11 mai.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A la Fondation Vuitton, «  L'Atelier Rouge  » de Matisse comme un manifeste

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau". (AFP).
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  • "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets
  • L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949

PARIS: Comme un manifeste, il a inspiré d'innombrables peintres abstraits américains, ce qu'Henri Matisse ne savait pas lorsqu'il l'a peint: "L'Atelier rouge" (1911) est exposé à partir de samedi à la Fondation Vuitton à Paris, où il pourrait livrer quelques-uns de ses secrets.

L'exposition réunit en effet pour la première fois toutes les œuvres présentes dans ce tableau, une quinzaine de toiles et de sculptures qui se trouvaient dans l'atelier de l'artiste à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne.

Certaines sont célèbres, comme "Le Jeune Marin II" (1906), exposé en France pour la première fois depuis 31 ans. D'autres moins, comme "La Corse, le vieux moulin" (1898).

L'assiette peinte par Matisse en 1907 figurant à l'avant-plan de "L'Atelier rouge" provient, elle, de la collection du MoMA comme le tableau lui-même, acquis par le musée new-yorkais en 1949 et qui fait partie de ses œuvres les plus prestigieuses, selon Ann Temkin, sa conservatrice en chef.

Des documents d'archives inédits et d'autres œuvres éclairent le contexte de création de ce "tableau-énigme", selon l'expression de la commissaire générale Suzanne Pagé, telles que "La Fenêtre bleue" (1913) du MoMA et "Grand Intérieur rouge" (1948) du Musée d'art moderne du Centre Pompidou.

Révélation

L'exposition s'ouvre par une phrase de Matisse expliquant à son mécène russe, Sergueï Chtchoukine, qu'il a fait "quelque chose de nouveau".

"Chtchoukine lui a passé commande, a acheté d'innombrables tableaux, dont +La Danse+ et +L'Atelier rose+, mais, cette fois, il refuse", raconte Mme Pagé.

"Dans sa première phase, les murs de l'atelier étaient bleus avec des rayures vertes, le sol rose et le mobilier ocre, représentant un intérieur avec une perspective traditionnelle".

"Matisse l'a laissé reposer pendant un mois et il va le recouvrir entièrement de rouge vénitien très rapidement avec une technique très fébrile", développe-t-elle.

Matisse "ne l'explique pas très bien lui-même. Il a eu une révélation". Le tableau fera "fonction de manifeste pour tous les artistes américains expressionnistes et la génération suivante, du type Mark Rothko puis Ellsworth Kelly. La représentation y est abolie au profit de l'abstraction", ajoute Mme Pagé.

A l'époque, souligne-t-elle, "tout le monde a pensé que Matisse tombait dans une espèce d'errance".

Montré à Londres, il y reçoit un accueil très froid, comme à New York, Boston et Chicago plus tard, au prestigieux Armory Show. Il finira dans un club privé londonien avant d'être revendu à un galeriste new-yorkais en 1940, puis d'entrer au MoMA en 1949.

Tableau « osé »

"L'histoire de l'art n'aurait pas été la même sans lui. C'est l'un des tableaux les plus osés de Matisse, qu'il a fait à l'aube de ses 40 ans, et c'est un moment d'expérimentation dans son travail qui a le plus influencé l'histoire de l'art du reste du XXe siècle", assure Mme Temkin.

"Lorsqu'il est arrivé au MoMA en 1949, c'était au moment où les artistes commençaient à utiliser de très grands formats avec des tableaux plein de couleurs. On raconte que la femme de Rothko se plaignait de le voir aller tout le temps voir +L'Atelier rouge+ au MoMA, ce à quoi il aurait répondu que, sans lui, elle n'aurait pas la maison dans laquelle elle vivait, façon de dire qu'il n'aurait pas eu lui-même la carrière qu'il a eue", confie-t-elle.

Parallèlement à Matisse, la fondation présente une exposition consacrée justement à un artiste américain de l'abstraction, Ellsworth Kelly (1923-2015), la plus grande de cette ampleur organisée à Paris où il vécut plusieurs années, intitulée "Formes et Couleurs", en collaboration avec le Glenstone Museum (Potomac, Maryland).

Connu pour ses œuvres monochromes, à mi-chemin entre peinture et sculpture, Ellsworth Kelly a aussi conçu pour la Fondation Vuitton le décor de son auditorium, juste avant de mourir.


La French touch pour un voyage de renouveau et de bien-être à Dubaï

Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
Le Retreat Palm Dubai MGallery vous propose une expérience unique (fournie)
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  • La journée commence par un petit déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique
  • Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique

DUBAÏ: Le Retreat Palm Dubai MGallery propose à ses clients un véritable voyage avec le programme intitulé «MGallery Memorable Moments», récemment dévoilé.

Le MGallery fait partie de la chaîne hôtelière française Sofitel Hotels, basée à Paris.

Conçu pour offrir une journée inoubliable de relaxation et de rajeunissement, le MGallery offre aux touristes et aux résidents des Émirats arabes unis une expérience inoubliable de bien-être, loin de l'agitation de la ville et de la vie quotidienne.

La journée commence par un petit-déjeuner et une activité de poterie; c’est le point de départ d’une journée entièrement consacrée au bien-être holistique. Qu'il s'agisse de s'immerger dans le royaume de la thérapie «color and sound», de s'adonner à des expériences sportives ou de prendre soin de son visage, la chaîne française offre une expérience qui répond à tous les goûts.

«Ces rituels servent de marqueurs profonds dans votre voyage. Ils revigorent le corps, l'esprit et l'âme», confie ainsi Samir Arora, directeur général de MGallery.

«Chaque moment de ce séjour exceptionnel est soigneusement conçu pour vous laisser un sentiment d'équilibre intérieur et de renouveau», ajoute-t-il.

Le Retreat Palm Dubai MGallery est un hôtel de luxe marqué par la French touch.

Situé sur les rives de Palm Jumeirah, à Dubaï, l’hôtel bénéficie d'une vue imprenable sur le golfe Arabique et il offre à ses clients un espace serein où ils peuvent profiter d'un service personnalisé et d'expériences culinaires exquises.

Avec son mélange inimitable d'élégance contemporaine, le Retreat Palm Dubai MGallery offre une retraite inoubliable aux voyageurs exigeants qui sont à la recherche d'une expérience unique et enrichissante.