France: Attal Premier ministre, l'arme pour contrer l'extrême droite aux Européennes

Devenu le plus jeune Premier ministre français de l'histoire, Gabriel Attal aura aussi pour mission de porter la majorité vers les élections européennes. (AFP)
Devenu le plus jeune Premier ministre français de l'histoire, Gabriel Attal aura aussi pour mission de porter la majorité vers les élections européennes. (AFP)
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Publié le Jeudi 11 janvier 2024

France: Attal Premier ministre, l'arme pour contrer l'extrême droite aux Européennes

  • «Si Bardella marche bien après des jeunes, ça n'est pas lié à son âge mais à la structure du vote RN», sur-représenté par les moins de 35 ans, y compris dans l'électorat de Marine Le Pen
  • La tâche de Gabriel Attal n'en est que plus ardue: «Il peut récupérer des points auprès de la jeunesse autour de l'espoir, mais pas du fait qu'il soit lui-même jeune»

PARIS: Devenu le plus jeune Premier ministre français de l'histoire, Gabriel Attal aura aussi pour mission de porter la majorité vers les élections européennes. Et de contrer Jordan Bardella, le leader de l'extrême droite, de six ans son cadet, favori des sondages et très populaire chez les jeunes.

Car les deux jeunes loups, 34 ans pour le premier 28 pour le second, sont peu à peu devenus les meilleurs ennemis, un duel notamment éprouvé lors des cinq débats télévisés organisés au cours des campagnes présidentielle et législatives de 2022.

De ce parcours, les deux ont gardé un tutoiement, trace d'une forme de respect mutuel, et d'une bonne connaissance des forces et faiblesses de l'adversaire.

Outre la jeunesse et l'ambition, ils ont en commun leur aptitude générationnelle à user des réseaux sociaux, avides de vidéos et de selfies. Et aussi une popularité ascendante ces derniers mois.

Celle de Gabriel Attal a explosé depuis son passage éclair au ministère de l'Education nationale.

Quant à celle de son opposant, elle apparaît tout aussi fringante dans une étude OpinionWay parue mi-décembre en vue des Européennes de juin: le président du Rassemblement national (RN), qui conduira la liste du parti d'extrême droite, y recueille 27% d'intentions de vote sur l'ensemble de la population, et même 42% chez les 18-24 ans.

Ces derniers jours, le dauphin de Marine Le Pen s'est du reste enorgueilli d'avoir passé la barre symbolique du million d'abonnés sur TikTok, l'un des réseaux sociaux les plus prisés de la jeunesse.

Des chiffres à faire pâlir d'envie le camp du président français Emmanuel Macron, lequel n'a toujours pas choisi sa tête de liste, ne convainc que 19% des sondés... et à peine 8% chez les électeurs les plus jeunes.

La nomination de Gabriel Attal comme chef du gouvernement est ainsi apparue comme l'une des réponses à ce retard dans les sondages de la majorité présidentielle.

"Envoyer Attal aux Européennes aurait été une erreur: pour affronter Bardella, il a beaucoup plus de cartes en main depuis Matignon (résidence du Premier ministre, ndlr)", confirme le patron de l'institut Odoxa, Gaël Sliman.

Obliger le RN à l'offensive

Imposer le match de la jeunesse Attal-Bardella pour tenter de ringardiser Marine Le Pen ? Voire inciter Jordan Bardella à s'émanciper de celle qui, par trois fois, a échoué à la présidentielle. Et qui entend être à nouveau en lice en 2027 ?

Lors d'une récente rencontre avec les partis politiques français, les flatteries d'Emmanuel Macron à l'endroit du président du RN avaient été perçues comme une manière de cultiver ses ambitions. "J'ai du mal à croire à ce genre de coup de billard à trois bandes", tempère le politologue Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive.

"Dans l'opinion, Jordan Bardella n'est pas vu comme étant jeune et Gabriel Attal n'est pas qualifié de jeune en premier", observe-t-il en balayant le facteur générationnel. Il note, en revanche, "pour le premier, une approbation à l'égard du RN en général" et, concernant le nouveau Premier ministre, "un profil politique identifié autour de positions fortes et de valeurs" à l'école.

Lors de son passage à l'Education nationale, Gabriel Attal a notamment oeuvré pour un retour de l'autorité, et l'uniforme dans les classes, via une expérimentation de grande ampleur.

"Si Bardella marche bien après des jeunes, ça n'est pas lié à son âge mais à la structure du vote RN", sur-représenté par les moins de 35 ans, y compris dans l'électorat de Marine Le Pen, insiste encore l'expert.

La tâche de Gabriel Attal n'en est que plus ardue: "Il peut récupérer des points auprès de la jeunesse autour de l'espoir, mais pas du fait qu'il soit lui-même jeune", prévient Jean-Daniel Lévy, qui estime toutefois que le nouveau Premier ministre, venu de la gauche, "peut remobiliser l'électorat d'Emmanuel Macron du premier tour de la présidentielle de 2022".

"Si les gens sont satisfaits de Gabriel Attal, il est probable qu'on voie l'avance du RN se réduire", abonde Gaël Sliman, qui identifie alors une conséquence indirecte: "Jordan Bardella ne pourra plus être dans la posture +Ne rien dire et tirer les marrons du feu+, ça obligera le RN à être à l'offensive".


François Bayrou jeudi devant un Medef hostile à tout retour de l'ISF

Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou pose aux côtés du journaliste et animateur de télévision français Gilles Bouleau avant une interview dans le journal télévisé du soir de la chaîne française TF1, à Boulogne-Billancourt, près de Paris, le 27 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif"
  • Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale"

PARIS: François Bayrou, désormais prêt "à toutes les négociations nécessaires" sur le budget s'il remporte son pari d'un vote de confiance à l'Assemblée nationale, viendra l'évoquer jeudi devant un Medef fermement opposé à tout retour d'un impôt de type ISF, souhaité par la gauche.

Le Premier ministre interviendra à 14H30 devant la Rencontre des entrepreneurs de France (REF), qui se tient pour la première fois à Roland-Garros avec un slogan qui résonne avec l'actualité : "Jeu décisif".

M. Bayrou, qui a présenté le 15 juillet les grandes lignes d'un effort budgétaire de 44 milliards d'euros en 2026, s'attirant la désapprobation des oppositions avec des idées comme la suppression de deux jours fériés, a surpris lundi en annonçant qu'il se soumettrait à un vote de confiance à l'Assemblée nationale le 8 septembre.

Le décret présidentiel convoquant le Parlement en session extraordinaire pour ce vote de confiance a été publié au Journal Officiel jeudi, avec un ordre du jour en un seul point : "une déclaration de politique générale", en application de l'article 49-1 de la Constitution.

Les oppositions ayant annoncé qu'elles voteraient contre, M. Bayrou a affirmé mercredi sur TF1 qu'il recevrait les responsables de partis et de groupes parlementaires à partir de lundi pour "examiner les choses avec eux", avec pour "condition préalable de s'entendre sur l'importance de l'effort" à réaliser.

Mardi et jeudi, ce sont les partenaires sociaux auxquels le Premier ministre a rendu ou rendra visite.

La cheffe de file de la CFDT Marylise Léon est favorable à faire contribuer davantage les plus riches au budget, alors que Patrick Martin estime que, "quelle qu'en soit la forme, un retour de l'ISF serait ravageur pour notre économie, et nous nous y opposerons".

Déjà incisif mercredi à la tribune de la REF, il a accusé jeudi matin sur BFM Business les hommes politiques "d'être dans un monde parallèle et de ne pas voir ce qui se passe sur la planète sur le plan économique" notamment en matière de concurrence internationale.

"Que ceux qui expriment de manière politicienne ce genre de propositions", une forte taxation du patrimoine des plus riches, "n'oublient jamais que si les chefs d'entreprises lèvent le crayon, le pays part en vrille", a-t-il soutenu.

Le Medef est davantage ouvert à "un double effacement", selon M. Martin, la remise en cause de certains avantages financiers consentis aux entreprises contre "un abaissement des seuils d'imposition à l'euro près, si possible avec un gain".

Il a néanmoins espéré "un ressaisissement de la part des partis dits de gouvernement pour, le temps qu'il faudra, passer au-dessus de leurs calculs (...) individuels, poser les colts et discuter avec les chefs d'entreprise."

A quatre jours de commencer à recevoir les chefs de partis à Matignon, François Bayrou les manquera de peu, jeudi à la REF.

En effet, événement-phare de cette université d'été, la table ronde de clôture réunira, une heure après la fin d'intervention du Premier ministre, l'ensemble des chefs de partis pour un débat sur l'avenir économique du pays.

 


Global Sumud Flotilla : Greta Thunberg, Alexis Deswaef et des centaines d’activistes prennent la mer pour Gaza

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens.  (Photo X)
Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. (Photo X)
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  • Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH)
  • Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”

PARIS: Une nouvelle flottille humanitaire, baptisée “Global Sumud Flotilla”, s’apprête à quitter plusieurs ports méditerranéens dans les prochains jours pour tenter de “briser le blocus israélien illégal” imposé à la bande de Gaza. L’initiative, qui réunira des centaines de militants, humanitaires, artistes et médecins venus de 44 pays différents, se veut une réponse citoyenne face à ce que ses organisateurs qualifient de “nettoyage ethnique” et de “génocide en cours”.

Le départ est prévu pour le 31 août depuis Barcelone, avant de rejoindre d’autres bateaux le 4 septembre au large de la Tunisie et d’autres ports méditerranéens. Parmi les personnalités impliquées figurent Greta Thunberg, l’actrice américaine Susan Sarandon, l’acteur suédois Gustaf Skarsgård, l’Irlandais Liam Cunningham et plusieurs médecins et humanitaires.

Alexis Deswaef en première ligne

Parmi les participants se trouve Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH). Pour lui, cette action est une nécessité :“Si j'embarque ce 31 août sur la Global Sumud Flotilla, c’est parce qu’il faut agir d’urgence pour mettre fin au génocide à Gaza, alors que nos gouvernements, qui ont les moyens d’agir, ne font absolument rien”, déclare-t-il.

Il s’agit de sa deuxième tentative d’atteindre Gaza. En juin dernier, lors de la Marche to Gaza, il avait été bloqué au canal de Suez par les autorités égyptiennes. Cette fois-ci, il se dit déterminé :“Cette action internationale est la réponse citoyenne à l’inaction de nos gouvernements face à ce génocide diffusé en direct sur nos téléphones portables, avec la famine organisée par l’armée d’occupation israélienne et un nettoyage ethnique en cours sous nos yeux.”

Un contexte explosif

La tentative de la Global Sumud Flotilla s’inscrit dans un contexte de guerre qui dure depuis 22 mois. Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, au moins 61 430 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive israélienne, des chiffres jugés fiables par l’ONU.

Le conflit a été déclenché par l’attaque du Hamas contre Israël en 2023, qui avait causé 1 219 morts, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels.

Les précédentes tentatives de briser le blocus se sont heurtées à la force. Dans la nuit du 8 au 9 juin, le voilier Madleen, transportant 12 militants de plusieurs nationalités, avait été arraisonné par l’armée israélienne à 185 km des côtes de Gaza. Les passagers avaient ensuite été expulsés, certains après une brève détention.

Organisation et indépendance

La Global Sumud Flotilla se définit comme une organisation “indépendante”, non affiliée à aucun gouvernement ou parti politique. Si le nombre exact de bateaux n’a pas été révélé, les organisateurs promettent une mobilisation sans précédent.


Attal ne souhaite pas de nouvelle dissolution si Bayrou tombe

 Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée". (AFP)
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  • "Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter
  • "Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté

PARIS: Gabriel Attal "fera tout pour que François Bayrou reste Premier ministre" et ne souhaite pas de nouvelle dissolution si celui-ci n'obtient pas la confiance de l'Assemblée le 8 septembre car "ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée".

"Je ferai tout pour aider le gouvernement à tenir et François Bayrou à rester Premier ministre", a déclaré mercredi le chef du groupe parlementaire Renaissance (macroniste) sur France inter.

"Ce à quoi je suis prêt, c'est qu'on se mette autour d'une table avec les responsables politiques prêts à avancer. De toute façon, quel que soit le vote du 8 septembre, il faudra un budget pour le pays", a-t-il ajouté.

Se disant hostile à la suppression des deux jours fériés sans compensation salariale, il n'a pas répondu s'il était prêt à faire une concession sur la taxation des plus fortunés à l'égard de la gauche.

"On proposera des alternatives. Mais pour ça, encore faut-il qu'il y ait un gouvernement", a-t-il éludé.

Si le gouvernement Bayrou chute, l'ancien Premier ministre "ne croit pas qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité".

"Si on se demande chaque année s'il faut que les Français revotent, c'est que le problème ne vient pas des Français, mais bien de l'Assemblée elle-même. Et ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.

"Dans la quasi-totalité des pays européens qui nous entourent, ils ont une Assemblée avec des forces éclatées. Et pourtant ils arrivent à travailler ensemble et à trouver des solutions ", a-t-il fait valoir.