JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé mercredi que deux journalistes d'Al Jazeera tués dans une de ses frappes dans la bande de Gaza dimanche, étaient "des agents terroristes" affiliés au mouvement islamiste palestinien du Hamas et à son allié du Jihad islamique.
Hamza Dahdouh et Moustafa Thuraya, qui avait collaboré comme vidéojournaliste avec plusieurs médias internationaux dont l'AFP, ont été tués dimanche dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, alors qu'ils étaient en mission pour la chaîne qatarie.
"Avant la frappe, les deux pilotaient des drones qui présentaient une menace imminente pour les troupes israéliennes", affirme l'armée dans un communiqué.
Sollicitée par l'AFP sur le type de drones utilisés et sur la nature de cette menace, l'armée israélienne a répondu en fin de soirée qu'elle allait examiner ce point.
"Hamza Dahdouh et Moustafa Thuraya (ont été) identifiés comme des agents terroristes de Gaza", accuse l'armée.
"Les renseignements militaires ont confirmé que les deux défunts étaient membres d'organisations terroristes basées à Gaza et activement impliquées dans des attaques contre les forces israéliennes", selon ce texte.
Les familles des deux hommes et la chaîne qatarie Al Jazeera n'avaient pas réagi en fin de soirée mercredi.
Tués dans une frappe sur leur voiture dans le sud du territoire palestinien, les deux hommes étaient en mission pour Al Jazeera. Selon des témoins, leur voiture a été frappée par deux missiles dans une rue de Rafah. Un troisième journaliste et le chauffeur ont été blessés.
Trentenaire, Moustafa Thuraya collaborait avec l'AFP depuis 2019 comme pigiste occasionnel, ainsi qu'avec d'autres médias internationaux.
Hamza Dahdouh est le fils de Waël Dahdouh, chef du bureau d'Al Jazeera à Gaza et figure de la communauté des journalistes palestiniens de Gaza, qui a perdu son épouse et deux autres enfants dans un bombardement fin octobre. Deux de ses neveux ont également été tués dans une frappe.
« Fausses » accusations
L'armée israélienne désigne Moustafa Thuraya comme "un membre de la brigade du Hamas de la ville de Gaza, vice-commandant d'un escadron dans le bataillon al-Qadisiyyah".
Hamza Dahdouh est lui désigné comme un "terroriste du Jihad islamique qui était impliqué dans des activités terroristes de l'organisation".
"Des documents trouvés par l'armée israélienne dans la bande de Gaza, dévoilent son rôle au sein de l'unité d'ingénierie électronique du Jihad islamique, ainsi que son rôle précédent comme vice-commandant" de la cellule en charge des roquettes dans le "bataillon de Zeitun", selon le texte.
L'armée joint à son document une liste présentée comme celle "d'agents" de l'unité d'ingénierie mentionnant le nom d'Hamza Dahdouh.
Dans un bref communiqué, le Hamas a qualifié dans la nuit de "creuses" et "fausses" les accusations "contre ces deux journalistes".
Après la mort de ses deux journalistes, Al Jazeera avait condamné "fermement le ciblage par les forces d'occupation israéliennes de la voiture des journalistes palestiniens" et accusé Israël de "violer les principes de la liberté de la presse".
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken avait qualifié la mort des deux journalistes de "tragédie inimaginable".
"Ils (les journalistes, ndlr) ont parfaitement le droit d'être là pour couvrir ce conflit et nous voulons que leur présence soit pleinement respectée", a déclaré mercredi à Washington un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.
"Il ne faut pas prendre pour cible les journalistes", a-t-il ajouté, sans commenter les récentes allégations israéliennes contre les deux reporters tués.
Au moins 79 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes.