Ce que l’attaque meurtrière d’Israël sur un camp de réfugiés de Gaza révèle sur la conduite de l’armée israélienne et le choix de ses armes

Après la frappe aérienne de la veille de Noël sur le camp de réfugiés de Maghazi, qui a fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, l’armée israélienne a qualifié le bombardement d’«erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes». (AFP)
Après la frappe aérienne de la veille de Noël sur le camp de réfugiés de Maghazi, qui a fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, l’armée israélienne a qualifié le bombardement d’«erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes». (AFP)
Des Palestiniens portent le corps d’une femme victime d’une frappe israélienne sur une maison du camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 3 janvier 2024. (Reuters)
Des Palestiniens portent le corps d’une femme victime d’une frappe israélienne sur une maison du camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, le 3 janvier 2024. (Reuters)
Après la frappe aérienne de la veille de Noël sur le camp de réfugiés de Maghazi, qui a fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, l’armée israélienne a qualifié le bombardement d’«erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes». (AFP)
Après la frappe aérienne de la veille de Noël sur le camp de réfugiés de Maghazi, qui a fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, l’armée israélienne a qualifié le bombardement d’«erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes». (AFP)
Des Palestiniens blessés lors d’une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, dans la bande de Gaza, le 6 décembre 2023, se font soigner à l’hôpital Al-Aqsa de Deir Balah. (AFP)
Des Palestiniens blessés lors d’une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, dans la bande de Gaza, le 6 décembre 2023, se font soigner à l’hôpital Al-Aqsa de Deir Balah. (AFP)
Des enfants palestiniens déplacés observent, depuis une tente, un homme qui pleure les membres de sa famille tués lors d’une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 25 décembre 2023. (AFP)
Des enfants palestiniens déplacés observent, depuis une tente, un homme qui pleure les membres de sa famille tués lors d’une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 25 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Dimanche 07 janvier 2024

Ce que l’attaque meurtrière d’Israël sur un camp de réfugiés de Gaza révèle sur la conduite de l’armée israélienne et le choix de ses armes

  • La frappe aérienne de la veille de Noël sur le camp de réfugiés de Maghazi a fait des dizaines de morts parmi les civils Palestiniens
  • Les autorités israéliennes ont qualifié le bombardement d’«erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes»

LONDRES: Quelques heures avant minuit, la veille de Noël, une frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, à l’est de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, a fait plus de 70 morts, dont 12 femmes et sept enfants, selon les chiffres de l’hôpital Al-Aqsa, situé à proximité.

L’ONU estime que cette frappe a tué au moins 86 personnes, ce qui en fait l’une des plus meurtrières de toute la guerre, dévastant une zone résidentielle surpeuplée et ensevelissant des familles entières sous des tonnes de décombres.

Le Croissant-Rouge palestinien a mentionné que le travail des équipes de secours a été encore plus entravé par les dégâts causés aux routes entre les camps de Bureij, Maghazi et Nuseirat. En raison de la pénurie de carburant servant à alimenter les machines, les sauveteurs ont dû rechercher les survivants à mains nues.

Des Palestiniens pleurent leurs proches, tués lors d’une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, lors de funérailles collectives à l’hôpital Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 25 décembre 2023. (AFP)
Des Palestiniens pleurent leurs proches, tués lors d’une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, lors de funérailles collectives à l’hôpital Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 25 décembre 2023. (AFP)

Le 25 décembre, Médecins sans frontières (MSF) a tweeté que l’hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah avait admis 209 blessés et 131 morts à la suite des frappes de la veille de Noël sur Maghazi et Bureij.

Le Hamas, groupe palestinien qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, a qualifié l’attaque de «massacre horrible» et de «nouveau crime de guerre». Pour sa part, le gouvernement israélien a indiqué que ce bombardement était une «erreur regrettable» causée par l’utilisation de «munitions incorrectes».

Dans un communiqué publié le 28 décembre, l’armée israélienne a déclaré qu’une enquête préliminaire menée par un comité spécial avait révélé que le bombardement avait détruit des bâtiments qui n’étaient pas des cibles militaires, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les civils.

Des hommes récupèrent le corps d’une victime tuée lors d’une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 25 décembre 2023. (AFP)
Des hommes récupèrent le corps d’une victime tuée lors d’une attaque israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 25 décembre 2023. (AFP)

L’armée israélienne a ajouté que les «importants dommages collatéraux qui auraient pu être évités» à Maghazi étaient causés par l’utilisation de munitions inappropriées. «Le type de munition ne correspondait pas à la nature de l’attaque», a expliqué un responsable militaire israélien à la chaîne publique Kan.

L’armée a promis «de tirer les leçons de l’incident». Toutefois, dans une interview accordée à Sky News le 29 décembre, Eylon Levy, porte-parole officiel du gouvernement israélien, a affirmé que son gouvernement refusait de s’excuser d’avoir «mené cette campagne visant à traduire en justice le régime terroriste du Hamas.»

Il a souligné que la «guerre contre le Hamas» se poursuivrait jusqu’à ce que le groupe militant se rende et libère les derniers otages qu’il a pris le 7 octobre, lorsqu’il a perpétré des massacres brutaux et une série d’enlèvements dans le sud d’Israël.

Le Hamas a tué environ 1200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 otages, parmi lesquels de nombreux ressortissants étrangers, dont 110 ont été libérés par la suite dans le cadre d’une série d’échanges d'otages et de prisonniers.

M. Levy a qualifié le meurtre de civils à Maghazi d’«erreur regrettable», ajoutant que les «erreurs» sont «inévitables» en temps de guerre.

Tahani Mustafa, analyste principale spécialiste de la Palestine à l’International Crisis Group, estime que les déclarations officielles de ce type font partie de la stratégie de relations publiques privilégiée par Israël.

«Israël se défend toujours en disant “nous avons commis des erreurs mais nous ne l’avons pas fait exprès" afin d’atténuer la publicité négative qu’Israël reçoit de plus en plus et qui devient de plus en plus difficile à justifier et à dissimuler», a-t-elle indiqué à Arab News

«Ils ont fait ce qu’ils ont fait lorsqu’ils pensaient pouvoir s’en tirer, et lorsqu’ils n’ont pas pu s’en tirer, ils ont fait des déclarations futiles comme celle-ci pour atténuer les retombées sur le plan des relations publiques.»

Dans cette photo prise depuis une position dans le sud d’Israël, le long de la frontière avec la bande de Gaza, de la fumée s’élève au-dessus du territoire palestinien lors d’un bombardement israélien, le 5 janvier 2024. (AFP)
Dans cette photo prise depuis une position dans le sud d’Israël, le long de la frontière avec la bande de Gaza, de la fumée s’élève au-dessus du territoire palestinien lors d’un bombardement israélien, le 5 janvier 2024. (AFP)

«Si l’on se fie aux expériences précédentes, toute enquête interne sera immédiatement abandonnée dès que l’intérêt du public s’estompera», a-t-elle ajouté.

De plus, Maghazi n’est pas le seul camp de réfugiés de Gaza à avoir subi des bombardements israéliens ces dernières semaines, Bureij et Nuseirat ayant également été touchés. Rien que le 29 décembre, les bombardements israéliens dans le centre de Gaza ont tué au moins 100 Palestiniens et en ont blessé 150 autres.

De telles attaques montrent, soit que les erreurs reconnues par l’armée israélienne et les représentants du gouvernement sont courantes, soit que l’armée a une approche cavalière de la vie des civils et du risque de dommages collatéraux.

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a fait part de ses préoccupations concernant le bombardement du centre de Gaza et de ses camps densément peuplés.

Des soldats israéliens positionnés près de la frontière de la bande de Gaza, le 29 décembre 2023, dans le cadre des combats en cours contre le mouvement palestinien Hamas. (Photo, AP)
Des soldats israéliens positionnés près de la frontière de la bande de Gaza, le 29 décembre 2023, dans le cadre des combats en cours contre le mouvement palestinien Hamas. (Photo, AP)

Établi en 1949, le camp de Maghazi comptait à l’origine une population d’environ 2500 habitants, qui s’est ensuite accrue pour atteindre environ 30 000 personnes, selon les statistiques de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa).

Aujourd’hui, en raison du déplacement des familles gazaouies fuyant l’assaut israélien, qui a fait plus de 22 000 morts depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, la population du camp s’élève à environ 100 000 personnes.

Si la frappe de la veille de Noël a été la plus meurtrière de l’histoire de Maghazi, elle est loin d’être la première. Les frappes aériennes du 17 octobre, du 5 novembre et du 6 décembre ont également touché le camp densément peuplé, remettant une fois de plus en question la véracité des affirmations israéliennes selon lesquelles la frappe du 24 décembre n’était qu’une erreur ponctuelle.

Lors d’une précédente frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 6 décembre 2023, la plupart des 18 Palestiniens décédés et des 20 blessés étaient des enfants. (Photos, AFP)
Lors d’une précédente frappe aérienne israélienne sur le camp de réfugiés de Maghazi, le 6 décembre 2023, la plupart des 18 Palestiniens décédés et des 20 blessés étaient des enfants. (Photos, AFP)

La première frappe, en octobre, a touché une école gérée par l’Unrwa, tuant six personnes. De même, le ministère de la Santé, dirigé par le Hamas, a précisé que les frappes de novembre avaient fait au moins 45 morts. Selon The Guardian et Al Jazeera, la seule boulangerie du camp a été détruite.

L’armée israélienne poursuit son offensive terrestre, malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu immédiat et durable. Les appels de Washington à réduire son agression, ou au moins à donner la priorité à la préservation des vies civiles, semblent également avoir été ignorés.

Le 12 décembre, le président américain Joe Biden a averti qu’en raison de ses «bombardements aveugles» sur Gaza, Israël perdait le soutien de la communauté internationale. Deux jours plus tard, il a déclaré aux journalistes que les forces israéliennes devaient «se concentrer sur la manière de sauver des vies civiles. Elles ne doivent pas cesser de s'en prendre au Hamas, mais doivent faire preuve de plus de prudence.»

Le lendemain de Noël, le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a annoncé que les forces israéliennes avaient «étendu le combat à la zone connue sous le nom de Camps centraux».

Les organisations humanitaires, les agences de l’ONU et de nombreux médias occidentaux ont confirmé que l’armée israélienne a attaqué des zones qu’elle avait auparavant encouragé les déplacés de Gaza à fuir pour aller dans des régions qu’elle avait désignées comme «sûres».

Une analyse de CNN révèle que l’armée israélienne avait mené des frappes à Rafah, qu’Israël avait précédemment qualifiée de zone sûre pour les réfugiés.

Le rapport du 21 décembre montre aussi que les déclarations israéliennes identifiant les «zones sûres» ou les «zones dangereuses» sont souvent contradictoires et prêtent à confusion.

En raison des perturbations des réseaux d’électricité et de télécommunications causées par le conflit, de nombreux Palestiniens ne sont pas en mesure de consulter les cartes délimitant ces zones, qui ne sont accessibles qu’à l’aide de codes QR imprimés sur des brochures.

Les critiques concernant la conduite de l’armée israélienne à Gaza ne se sont pas limitées à l’intensité des raids aériens et terrestres, mais ont également porté sur le choix des armes et des munitions.

Des soldats israéliens préparent des munitions près d’un obusier d’artillerie automotrice dans le sud d’Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 16 décembre 2023. (AFP)
Des soldats israéliens préparent des munitions près d’un obusier d’artillerie automotrice dans le sud d’Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 16 décembre 2023. (AFP)

Une enquête publiée par le New York Times le 21 décembre révèle que l’armée israélienne a utilisé des bombes de 907 kg fournies par les États-Unis, qui, selon les experts en munitions, ne conviennent pas à une utilisation dans des zones densément peuplées.

Ces bombes ont été larguées dans une région du sud de Gaza où Israël avait ordonné aux civils de se déplacer pour leur «sécurité», d’après l’enquête.

Les habitants de Maghazi ne peuvent qu’espérer une pause dans les combats qui permettrait l’acheminement de l’aide dans le camp, qui a été interrompue par les bombardements réguliers de la région environnante.

Toutefois, le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, a estimé que l’offensive dans la bande de Gaza durerait «encore de nombreux mois».

 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 

EN CHIFFRES

86 Nombre de personnes qui ont été tuées lors de l’attaque de Maghazi, chiffre qui, selon certaines estimations, s'élèverait à 106.

33 000 Personnes qui vivaient dans le camp de réfugiés de Maghazi avant le conflit, selon l’ONU.

0,6% Superficie du camp de réfugiés de Maghazi, densément peuplé

22 000+ Nombre de morts à Gaza depuis le 7 octobre, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas.


Macron à Beyrouth: soutien ferme aux Libanais et leurs nouveaux dirigeants, pour une ère nouvelle

Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron serre la main de son homologue libanais Joseph Aoun au palais présidentiel de Baabda le 17 janvier 2025. Le 17 janvier, M. Macron a annoncé que Paris accueillerait dans les prochaines semaines une conférence internationale « pour la reconstruction du Liban » après une guerre entre le groupe militant Hezbollah et Israël. (AFP)
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  • Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité
  • C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry

PARIS: En se rendant à Beyrouth, quelques jours après l’élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la désignation du nouveau premier ministre Nawaf Salam, le président français Emmanuel Macron a voulu confirmer que la France se tient fermement aux côtés du Liban et des Libanais, dans cette nouvelle ère qui s’ouvre.

C’est une ère porteuse de grands espoirs, pour un pays qui semblait voué au chaos, à cause de l’ineptie de sa classe politique et de ses luttes internes. C’est ce qu’il a voulu constater par lui-même en allant au contact des nouveaux dirigeants et du peuple libanais.

Mais c’est également une ère de défis complexes et difficiles, tant le Liban est fragilisé au niveau de ses institutions, de son économie et de son tissu social par des pratiques mercantiles et communautaires, les ingérences externes, puis récemment une guerre avec Israël qui a laissé une partie de son territoire en lambeaux.

Pour affronter ces défis et amorcer l’écriture de la nouvelle page qui s’ouvre pour le pays, le président français estime qu’il faut s’adosser à trois piliers : restaurer la souveraineté, mettre le Liban sur la voie de la prospérité et consolider son unité.

C’est ce credo que Macron a déroulé lors de ses entretiens avec Aoun et qu’il a réitéré durant ses rencontres avec Salam et le chef du parlement libanais Nabih Berry.

S’exprimant devant les journalistes à la suite de son tête-à-tête avec Aoun au palais présidentiel de Baabda il a souligné que la souveraineté passe par le respect du cessez-le-feu instauré entre le Liban et Israël le 26 novembre dernier et qu’il a qualifié de «succès diplomatique historique qui a permis de sauver des vies». Avec pour effet la nécessité de consolider le mécanisme de surveillance dont la France fait partie.

Cela implique une application stricte des engagements pris par les autorités israéliennes et libanaises dans le cadre de l'accord et dans les délais prévus.

 Soulignant que « des résultats ont été obtenus » à ce niveau, Macron a estimé qu’ils « doivent se fédérer, se confirmer dans la durée », avec « un retrait total des forces israéliennes, et un monopole total de l'armée libanaise sur les armes ».

C'est pourquoi ajoute Macron « nous soutenons, avec force la montée en puissance des forces armées libanaises et leur déploiement dans le sud du pays » tout en continuant à « consolider l'appui international en matière d'équipement de formation, et de soutien financier ».

Cet effort est soutenu par, la France à titre bilatéral et « je sais aussi que nos amis, l'arabie saoudite le Qatar les pays de la région sont prêts à faire davantage » ajoute-t-il, tout en travaillant « avec vous à la démarcation de la ligne bleue pour dégager une solution pérenne au bénéfice de la sécurité de tous ».

Macron a par ailleurs rappelé que cette souveraineté ne concerne pas que le sud du Liban, et que le contrôle des autres frontières, notamment dans le contexte du bouleversement en cours en Syrie, « constitue aussi un enjeu majeur ». 

L’autre pilier étant la prospérité au bénéfice de tous, il exprimé l’espoir d’une formation rapide du nouveau gouvernement pour mener à bien cette tâche et subvenir à l’urgence humanitaire qui n’est pas révolue.

La nécessité de réformer

La France assure t-il veille à ce que les engagements pris le 24 octobre à Paris soient tenus et qu'ils se traduisent matériellement au profit des populations déplacées par la guerre, Mais « au-delà des réponses d'urgence, la communauté internationale doit anticiper un soutien massif à la reconstruction des infrastructures des habitations détruites par la guerre, tout particulièrement au sud, où le million de déplacés libanais sont rentrés pour trouver leur maison et leur village réduits en cendres ».

À ce propos Macron a précisé qu’une conférence internationale pour la reconstruction se tiendra à Paris dans quelques semaines, lors d’une visite qu’effectuera le président libanais.

La prospérité suppose également des réformes, elles sont « attendues et connues » et s’adressant à Aoun dans des termes empreints d’une chaleur amicale « vous les portez, et vous les défendez », la réforme de la justice, la réforme bancaire, la réforme du marché de l'énergie, la lutte contre la corruption, « toutes ces réformes nécessaires, c'est le gouvernement à venir qui le portera, elles sont indissociables de cette reconstruction ». 

L'ensemble de ces points poursuit Macron doit servir le troisième objectif, « celui d'une nation libanaise, réconciliée et unie dans son pluralisme », car la plus grande des appartenances « est celle à une république qui croit dans l'universel, et d'un pluralisme qui respecte toutes les religions, toutes les communautés leur donnent à chacune sa place ».

Ce n'est que dans cette unité, assure-t-il dans « ce pluralisme réconcilié que le chemin est possible », rendant hommage au peuple libanais, aux milliers de victimes que le pays a déploré depuis le déclenchement de la guerre, « une guerre dans laquelle le Liban a été plongé, malgré lui par l'irresponsabilité de quelques uns ».

Avant sa rencontre avec Aoun au palais de Baabda Macron avait déposé une gerbe au monument du soldat inconnu, puis il s’est livré à un exercice qu’il affectionne particulièrement, en déambulant dans le quartier de Gemayzeh, qui avait été dévasté par l’explosion du port de Beyrouth en 2020

Évoluant au milieu d’une foule de libanais qui l’ont accueilli par des applaudissements chaleureux, il a siroté un café puis il a regardé des livres sur la reconstruction de ce quartier, qu’il avait visité juste au lendemain de l’explosion.

Il a échangé en toute spontanéité avec les personnes qui l’entouraient, il a fait des selfies, bu des jus de fruits, partagé une pizza en écoutant attentivement les personnes qui s'adressent à lui.

« Vous êtes adorable » lui lance une vieille dame, « aidez le Liban » lui demande un homme, une autre personne lui fait part de sa crainte d’une reprise de la guerre.

« Bon courage » et « garder le moral », assène le président français à ses interlocuteurs, avant de souligner que l’ère qui s’ouvre est une ère d’espoir où chacun a sa part à accomplir.

Macron avait commencé sa visite par une rencontre avec le premier ministre libanais en exercice Najib Mikati, et deux entretiens avec le chef d’état major de la FINUL, le général Jean-Jacques Fatinet, puis avec le commandant des opérations spéciales au sein du mécanisme de surveillance du cessez le feu le Général Jasper Jeffers et du représentant de la France au sein de ce mécanisme le général Guillaume Pin Hun.

 


Le procureur de la CPI, Karim Khan, rencontre le nouveau dirigeant syrien 

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  • Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire
  • M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion

DAMAS: Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a été reçu vendredi par le nouveau dirigeant syrien, Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir après la chute de Bachar al-Assad accusé de crimes durant la guerre civile, a indiqué l'agence de presse officielle Sana.

M. Chareh et le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, ont rencontré "une délégation de la Cour pénale internationale, dirigée" par Karim Khan, a déclaré Sana, qui a également publié des images de la réunion.

Le président déchu, Bachar al-Assad, qui a fui à Moscou, refusait de coopérer avec la CPI, ne reconnaissant pas sa compétence sur son territoire.

Le groupe islamiste de M. Chareh, Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a mené une coalition qui a renversé Assad le 8 décembre, plus de 13 ans après la répression sanglante de manifestations anti-Assad ayant déclenché une guerre qui a fait plus de 500.000 morts.

Les nouvelles autorités ont promis de rendre justice aux victimes des atrocités commises durant les décennies de règne du clan Assad, s'engageant à juger les responsables impliqués dans la torture des détenus.

Elles ont exhorté la communauté internationale à leur remettre les personnes recherchées qui ont fui.

La CPI, basée à La Haye, n'a pas été en mesure d'enquêter sur la Syrie car le pays n'a jamais ratifié le Statut de Rome, son traité fondateur.

En 2014, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité visant à renvoyer le dossier syrien devant la CPI.

 


Explosion au port de Beyrouth: le juge reprend ses enquêtes après deux ans de suspension

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes". (AFP)
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  • M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires
  • La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar, chargé d'enquêter sur la  gigantesque explosion meurtrière au port de Beyrouth a repris ses investigations et engagé des poursuites contre dix nouvelles personnes jeudi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.

Le 4 août 2020, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire a dévasté des pans entiers de la capitale du Liban, tuant plus de 220 personnes et en blessant plus de 6.500.

M. Bitar, juge indépendant, avait dû interrompre son enquête en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah, ainsi qu'à une série de poursuites judiciaires.

La reprise de ses investigations intervient après l'élection du nouveau président libanais Joseph Aoun et la nomination de Nawaf Salam comme Premier ministre, permises par un affaiblissement du Hezbollah après sa guerre dévastatrice contre Israël et la chute de Bachar al-Assad en Syrie.

M. Aoun et M. Salam se sont engagés à garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire et à empêcher toute ingérence dans le travail du juge, dans un pays où la culture de l'impunité prévaut.

Une source judiciaire a indiqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que M. Bitar avait "repris ses investigations dans le dossier et engagé des poursuites contre trois employés du port et sept officiers de haut rang de l'armée, de la sécurité générale et des douanes".

Il a précisé que les interrogatoires débuteront à partir du 7 février. Des séances d'interrogatoire sont également prévues en mars et avril avec d'autres inculpés, parmi lesquels des anciens ministres et députés.

Selon la même source, M. Bitar prévoit ensuite de clore l'enquête et de la transmettre au procureur général près la Cour de cassation pour qu'il examine l'affaire, en vue de formuler un acte d'accusation.

"Espoir" 

"Les promesses faites par le président et le Premier ministre, puis la reprise de l'enquête (...) aujourd'hui, nous donnent l'impression qu'il y a un espoir que les droits des victimes, pour lesquels nous n'avons cessé de lutter, ne seront pas oubliés", a déclaré à l'AFP Cécile Roukoz, l'une des avocates des familles des victimes, qui a perdu son frère dans l'explosion.

Jeudi, le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a appelé à la "reprise d'une enquête indépendante", insistant sur la nécessité que les responsables "rendent des comptes" et proposant l'aide de son Bureau à cette fin.

La déflagration a été provoquée par un incendie dans un entrepôt où étaient stockées sans précaution des tonnes de nitrate d'ammonium, malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

Un premier juge chargé en 2020 de l'enquête avait dû jeter l'éponge, après avoir inculpé l'ex-Premier ministre, Hassan Diab, et trois anciens ministres.

Tarek Bitar s'était à son tour attaqué à des responsables politiques, mais a été confronté aux mêmes obstacles et à une demande du Hezbollah qu'il soit démis de ses fonctions.

Il avait repris son travail à la surprise générale en janvier 2023, inculpant plusieurs personnalités de haut rang, avant d'être poursuivi pour insubordination par le procureur général, une première dans l'histoire du Liban.

Les proches de victimes et de nombreuses ONG internationales ont demandé à plusieurs reprises la formation d'une commission d'enquête internationale, mais s'étaient heurtés à un refus officiel du Liban.

Dans son premier discours mardi, M. Salam a dit qu'il ferait "tout son possible pour rendre justice aux victimes de l'explosion".