En route pour le Proche-Orient, Blinken dit vouloir éviter à tout prix une extension du conflit

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (au centre) arrive à Istanbul, en Turquie, le 5 janvier 2024, première étape d'une nouvelle tournée au Moyen-Orient axée sur le conflit à Gaza. (AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (au centre) arrive à Istanbul, en Turquie, le 5 janvier 2024, première étape d'une nouvelle tournée au Moyen-Orient axée sur le conflit à Gaza. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 07 janvier 2024

En route pour le Proche-Orient, Blinken dit vouloir éviter à tout prix une extension du conflit

  • Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en route pour une nouvelle tournée au Proche-orient, a insisté samedi en Grèce sur la nécessité d'éviter à tout prix une extension du conflit à Gaza
  • Après cette brève escale en Crète, M. Blinken doit se rendre en Jordanie puis en Israël, en Cisjordanie occupée et dans d'autres pays de la région

LA CANÉE: Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, en route pour une nouvelle tournée au Proche-orient, a insisté samedi en Grèce sur la nécessité d'éviter à tout prix une extension du conflit à Gaza, en particulier à la frontière entre Israël et le Liban.

"Nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas", a-t-il affirmé à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis à La Canée (île de Crète) où il a effectué une visite-éclair après un déplacement à Istanbul et un entretien avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.

"L'une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban et nous voulons faire tout notre possible pour nous assurer qu'il n'y ait pas d'escalade", a-t-il ajouté avant de quitter la Crète pour la Jordanie.

Après cette brève escale en Crète, M. Blinken doit se rendre en Jordanie puis en Israël, en Cisjordanie occupée et dans d'autres pays de la région pour tenter d'éviter un embrasement régional, trois mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Les opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ont fait 22.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Israël a juré de détruire le Hamas après son attaque inédite sur le sol israélien le 7 octobre, fatale à 1.140 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

Influences et liens

"Une grande partie des conversations que nous aurons au cours des prochains jours avec tous nos alliés et partenaires portera sur les mesures qu'ils peuvent prendre en utilisant l'influence et les liens dont ils disposent pour s'assurer que ce conflit ne se propage pas", a souligné Antony Blinken.

Il veut appeler ses interlocuteurs à user de leurs canaux de communication avec l'Iran pour faire entendre que les Etats-Unis ne cherchent pas l'escalade, mais qu'ils défendront leurs intérêts quand ils sont attaqués, selon un responsable américain s'exprimant sous couvert d'anonymat.

En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires américaines ont augmenté ces dernières semaines et les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, multiplient les attaques en mer Rouge contre les navires commerciaux, afin d'entraver le trafic maritime international en "soutien" aux Palestiniens.

A Istanbul, l'entretien entre MM Blinken et Erdogan, dans l'une des résidences présidentielles sur le Bosphore, a duré plus de 75 minutes, selon des sources diplomatiques américaines, après une première rencontre de M. Blinken avec son homologue turc Hakan Fidan.

Ce dernier, selon une source diplomatique, a plaidé pour "un cessez-le-feu immédiat" dans le territoire palestinien de Gaza.

M. Erdogan, qui dénonce le soutien des Etats-Unis à Israël et qualifie ce dernier d'Etat "terroriste", avait boudé la précédente visite à Ankara de M. Blinken en novembre.

Les échanges avec le président turc ont porté sur la situation à Gaza et sur l'entrée de la Suède dans l'Otan, selon un communiqué du Département d'Etat.

Le chef du Hamas appelle Blinken à agir pour mettre un terme à la guerre

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a appelé le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, de se concentrer sur "la fin" de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza.

"Nous espérons [...] qu'il se concentrera cette fois-ci sur la fin de l'agression, en vue de mettre fin à l'occupation de l'ensemble de la terre palestinienne", déclare M. Haniyeh dans cette vidéo publiée vendredi soir par son bureau.

"Nous espérons que M. Blinken a pu tirer les leçons des trois derniers mois et compris le degré d'erreurs commises par les Etats-Unis avec leur soutien aveugle" à Israël, ajoute le chef du mouvement islamiste palestinien, qui vit en exil au Qatar.

"Le sang versé dans les massacres et les destructions horribles ne peuvent aboutir à la sécurité et la stabilité tant que le peuple palestinien n'aura pas obtenu sa liberté et son Etat indépendant et souverain avec Jérusalem comme capitale", a en outre prévenu le chef du Hamas.

Victimes civiles

M. Blinken a insisté auprès de son hôte sur "la nécessité d'empêcher le conflit de s'étendre, d'accroître l'aide humanitaire, de réduire le nombre des victimes civiles, de travailler à une paix régionale durable et d'avancer vers l'établissement d'un Etat palestinien".

Par ailleurs, selon le bref communiqué, le responsable américain a appelé à "finaliser (le processus) d'adhésion de la Suède à l'Otan", à laquelle manquent toujours l'accord de la Turquie et de la Hongrie.

De son côté, en Crète, le chef du gouvernement grec Kyriakos Mitsotakis a insisté dans un communiqué sur "l'excellent niveau" des relations gréco-américaines et assuré que "d'autres avancées positives seront enregistrées dans le domaine de la coopération en matière de défense".

La Grèce cherche à acheter aux États-Unis des jets F-35 plus perfectionnés afin de contrer ce qu'elle considère comme une menace turque.

Athènes a vivement contesté la possible vente d'avions de combat américains F-16 à Ankara en raison des différends territoriaux qui l'opposent depuis longtemps à la Turquie dans la région de la Méditerranée orientale, riche en ressources énergétiques.

Le gouvernement américain n'est pas hostile à la vente des F-16 mais le Congrès s'y est opposé jusqu'ici, selon une source au département d'Etat, en la conditionnant à l'entrée de la Suède dans l'Otan.


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.


Cessez-le-feu à Gaza: nouveau veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens. (AFP)
Short Url
  • "Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya
  • "Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum"

NATIONS-UNIES: Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

"Il n'y a aucune justification possible à un veto contre une résolution tentant de stopper les atrocités", a lancé l'ambassadeur palestinien adjoint à l'ONU Majed Bamya.

"Nous sommes humains et nous devrions être traités comme tels", a-t-il ajouté en tapant du poing sur la table du Conseil, jugeant que le texte bloqué n'était déjà que "le strict minimum".

Les Palestiniens plaidaient en effet pour une résolution dans le cadre du chapitre VII de la Charte des Nations unies qui permet au Conseil de prendre des mesures pour faire appliquer ses décisions, par exemple avec des sanctions, ce qui n'était pas le cas.

Le texte préparé par les dix membres élus du Conseil, vu par l'AFP, exigeait "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent qui doit être respecté par toutes les parties" et "la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

"Nous avons été très clairs pendant toutes les négociations que nous ne pouvions pas soutenir un cessez-le-feu inconditionnel qui ne permette pas la libération des otages", a justifié après le vote l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood, estimant que le Conseil aurait envoyé au Hamas "le message dangereux qu'il n'y a pas besoin de revenir à la table des négociations".

La résolution "n'était pas un chemin vers la paix mais une feuille de route vers plus de terrorisme, de souffrance, de massacres", a commenté l'ambassadeur israélien Danny Danon, remerciant les Etats-Unis.

La plupart des 14 autres membres du Conseil, qui ont tous voté pour, ont déploré le veto américain.

"C'est une génération entière d'enfants que nous abandonnons à Gaza", a lancé l'ambassadrice slovène adjointe Ondina Blokar Drobic, estimant qu'un message uni et "sans équivoque" du Conseil aurait été "un premier pas pour permettre à ces enfants d'avoir un avenir".

En protégeant les autorités israéliennes, "les Etats-Unis de facto cautionnent leurs crimes contre l'humanité", a dénoncé de son côté Louis Charbonneau, de Human Rights Watch.

"Directement responsables"

Le Hamas a lui accusé les Américains d'être "directement responsables" de la "guerre génocidaire" d'Israël à Gaza.

Le 7 octobre 2023, des commandos infiltrés dans le sud d'Israël à partir de la bande de Gaza voisine ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP fondé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité.

Ce jour-là, 251 personnes ont été enlevées. Au total, 97 restent otages à Gaza, dont 34 déclarées mortes par l'armée.

En représailles, Israël a lancé une campagne de bombardements massifs suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait au moins 43.985 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

La quasi-totalité des quelque 2,4 millions d'habitants ont été déplacés dans ce territoire en proie à un désastre humanitaire.

Depuis le début de la guerre, le Conseil de sécurité de l'ONU peine à parler d'une seule voix, bloqué plusieurs fois par des veto américains, mais aussi russes et chinois.

Les quelques résolutions adoptées n'appelaient pas à un cessez-le-feu inconditionnel et permanent. En mars, avec l'abstention américaine, le Conseil avait ainsi demandé un cessez-le-feu ponctuel pendant le ramadan --sans effet sur le terrain--, et avait adopté en juin une résolution américaine soutenant un plan américain de cessez-le-feu en plusieurs phases accompagnées de libérations d'otages, qui n'a jamais abouti.

Certains diplomates espéraient qu'après la victoire de Donald Trump, les Etats-Unis de Joe Biden seraient plus flexibles dans les négociations, imaginant une répétition de décembre 2016.

A quelques semaines de la fin du mandat de Barack Obama, le Conseil avait alors adopté, pour la première fois depuis 1979, une résolution demandant à Israël de cesser la colonisation dans les Territoires palestiniens occupés. Un vote permis par la décision des Américains de ne pas utiliser leur droit de veto, alors qu'ils avaient toujours soutenu Israël jusqu'alors sur ce dossier.