BEYROUTH: Les craintes que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza ne s'étende aux pays voisins se sont accrues mardi lorsqu'une frappe de drone israélien a tué le chef adjoint du Hamas, Saleh al-Arouri, à Beyrouth.
Il fait partie des six personnes qui ont trouvé la mort dans l'attentat perpétré dans la banlieue sud de la ville, à Dahieh, a rapporté l'agence de presse nationale libanaise. Le Hamas a déclaré que ce décès n'ébranlerait pas «la résistance courageuse qui se poursuit» à Gaza.
«Cela prouve une fois de plus que l'ennemi n'a réussi à atteindre aucun de ses objectifs d’agression dans la bande de Gaza», a déclaré Izzat al-Rishq, haut responsable du Hamas.
Mark Regev, conseiller du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a déclaré à MSNBC qu’Israël «n’a pas assumé la responsabilité de cette attaque. Mais quel que soit celui qui l’a fait, il doit être clair qu’il ne s’agissait pas d’une attaque contre l’État libanais… Celui qui a fait cela a commis une frappe chirurgicale contre les dirigeants du Hamas».
Selon la chaîne de télévision Al-Hadath, le bureau de Netanyahou a demandé à son gouvernement de ne pas commenter l'assassinat d’Al-Arouri.
Le Premier ministre libanais Najib Mikati a condamné l'assassinat et a déclaré que cette attaque «visait à entraîner le Liban» dans «une nouvelle phase d'affrontements» dans la guerre entre Israël et le Hamas. Le Hezbollah, allié du Hamas, échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec les forces israéliennes dans le sud du Liban.
Les autorités libanaises ont déclaré qu'elles allaient déposer une plainte officielle auprès du Conseil de sécurité des Nations unies contre la frappe à Beyrouth et contre toute «nouvelle violation israélienne de la souveraineté libanaise».
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Chtayyeh, a qualifié l'attaque de drone de «crime» et a déclaré qu'il pourrait y avoir des répercussions.
Le Hezbollah, groupe libanais soutenu par l'Iran, a averti que l'assassinat d’Al-Arouri par Israël dans une banlieue de Beyrouth que le Hezbollah contrôle «ne restera pas sans réponse ni impunité», le qualifiant d’«agression grave contre le Liban».
«Nous, le Hezbollah, affirmons que ce crime ne restera pas sans réponse ni impunité», a averti le groupe dans un communiqué.
«Nous considérons que l'assassinat du cheikh Saleh al-Arouri au cœur de la banlieue sud de Beyrouth constitue une atteinte grave au Liban et une évolution dangereuse dans le cours de la guerre», a ajouté le communiqué.
Réactions à l’attaque
Les autorités iraniennes ont déclaré que l'assassinat d'Al-Arouri encouragerait la poursuite de la résistance contre Israël, selon les médias d'État du pays.
«Le sang du martyr fera sans aucun doute jaillir une nouvelle poussée dans les veines de la résistance et de la motivation à lutter contre l'occupant sioniste, non seulement en Palestine mais aussi dans la région et parmi tous les défenseurs de la liberté dans le monde», a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani. Il a également condamné la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du Liban par «un régime sioniste agressif».
Les réactions à l’assassinat ne se sont pas faites attendre sur les réseaux sociaux.
Dans un message posté sur X, l'analyste politique Omar Baddar a écrit: «Il s'agit d'une escalade extrêmement grave. Le bombardement de Beyrouth ou de sa banlieue a longtemps été considéré comme une ligne rouge par le Hezbollah, qui nécessiterait d'importantes représailles. Tous les regards sont désormais tournés vers le Liban.»
Haya Hijazi, une femme médecin de Gaza, a déclaré sur Instagram: «Ils disent même qu'ils nous ont vaincus. La situation est catastrophique. Ils veulent tuer tous les membres du Hamas. Le Hamas est une ligne de défense pour le peuple palestinien.»
Khaled Beydoun, professeur et écrivain, a rappelé que c'était la première fois que Beyrouth était bombardée par Israël depuis 2006.
Il a ajouté que les prochaines vingt-quatre heures seront «extrêmement importantes et définitives, et peuvent changer le destin de la région».
«Depuis le début de cette crise, Netanyahou tente d'entraîner le Liban dans la guerre», a-t-il précisé.
Des vidéos de manifestations à Ramallah, ville natale d’Al-Arouri, condamnant son assassinat, ont également circulé sur Internet.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com