La Covid-19 ne devrait pas nous faire oublier les souffrances du peuple syrien

Deux facteurs conjugués, la «lassitude de l'actualité syrienne» et la tendance naturelle des États à se focaliser sur leurs propres problèmes, ont fait disparaître la tragédie syrienne des radars de la plupart des médias d'information en 2020.(Photo, Arab News)
Deux facteurs conjugués, la «lassitude de l'actualité syrienne» et la tendance naturelle des États à se focaliser sur leurs propres problèmes, ont fait disparaître la tragédie syrienne des radars de la plupart des médias d'information en 2020.(Photo, Arab News)
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Publié le Mercredi 30 décembre 2020

La Covid-19 ne devrait pas nous faire oublier les souffrances du peuple syrien

  • Pour la communauté internationale, la pandémie de coronavirus a été un nouveau prétexte pour détourner le regard d’une catastrophe humanitaire dont peu de gens veulent encore entendre parler
  • Les régions syriennes sous le contrôle du régime de Bachar al-Assad ont connu une récession économique sans précédent

MISSOURI: Peu de personnes dans le monde semblent susceptibles de regretter la fin de 2020, une année qui s'est avérée éprouvante pour le monde entier. Pour le peuple syrien qui souffre depuis longtemps, le constat semble doublement vrai: la Covid-19 est l’une des calamités qui a frappé la plupart des Syriens en 2020, se rajoutant ainsi aux autres difficultés auxquelles ils sont confrontés depuis des années. A vrai dire, elle est à peine la plus dangereuse. 
Même si les anciennes bases de Daech ont été transformées en services Covid-19 dans des villes comme Manbij et Tabqa (près de Raqqa), la plupart des cas de coronavirus ne sont probablement pas recensés. Face à une augmentation inquiétante des infections, les Syriens manquent de moyens ou d'outils pour faire face à cette grave menace. En conséquence, encore plus de personnes meurent.
Pour la communauté internationale, la pandémie de coronavirus a été un nouveau prétexte pour détourner le regard d’une catastrophe humanitaire dont peu de gens veulent encore entendre parler. Deux facteurs conjugués, la «lassitude de l'actualité syrienne» et la tendance naturelle des États à se focaliser sur leurs propres problèmes, ont fait disparaître la tragédie syrienne des radars de la plupart des médias d'information en 2020.

Des filles syriennes déplacées portent des masques décorés par des artistes lors d'une campagne de sensibilisation à la Covid-19 dans le camp de Bardaqli dans la ville de Dana, dans la province d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, le 20 avril 2020 (AFP / File Photo)

De nouveaux records macabres pour la Syrie en 2020
Alors que 2020 touche à sa fin, peut-être devrions-nous au moins profiter de l'occasion pour examiner l'horreur qui persiste en Syrie. Cette année, la Syrie a apporté a battu nombre de tristes records: depuis le début du conflit, le nombre de morts a atteint environ 500 000 morts.

Le nombre de Syriens déplacés s'élève désormais à 13 millions (environ la moitié de la population syrienne d’avant-guerre). Un peu moins de la moitié des personnes déplacées sont des réfugiés, ce qui signifie qu'ils ont traversé une frontière internationale et résident désormais en dehors de la Syrie (principalement en Turquie, au Liban, en Jordanie et au Kurdistan irakien), tandis que plus de la moitié sont des déplacés internes en Syrie.

Sur les quelque 6,2 millions de personnes déplacées en Syrie, un grand nombre se trouvent dans le nord du pays: les combattants sunnites de l'opposition arabe, leurs familles et d'autres craignant le régime se sont regroupés dans la province d'Idlib, dernier bastion de la rébellion syrienne.
Dans le même temps, des centaines de milliers de Kurdes syriens, de chrétiens, de yézidis et de sunnites arabes laïques ont fui les invasions turques de 2018 et 2019 à Afrin et dans des zones à l'est d'Afrin. Eux aussi sont des déplacés. Alors qu'Ankara a présenté en 2019  un plan visant à déplacer des centaines de milliers de réfugiés syriens en Turquie vers les nouvelles zones de Syrie qu'elle occupe à la suite de ses offensives, peu se sont montrés disposés à vouloir s’y installer.
Les Syriens préfèrent généralement revenir en toute sécurité dans leurs régions d’origine, plutôt que d'aller occuper la maison d’autres habitants dans une région qui leur est totalement étrangère (et appauvrie). Ceux que la Turquie a déplacés dans le nord du pays ont vu leurs maisons, leurs fermes et leurs entreprises occupées par les milices syriennes islamistes répondant aux ordres d’Ankara. Ils n’ont aucune chance de pouvoir revenir habiter chez eux dans de telles circonstances.

Idlib et le nord-est de la Syrie plus isolés que jamais
Dans les régions encore contrôlées par les Kurdes au nord-est de la Syrie (souvent appelées le «Rojava»), la pandémie de Covid-19 a entraîné davantage de fermetures de frontières et encore moins d'aide internationale qu'auparavant. L’ONU a même accédé à la demande du gouvernement Assad qui souhaitait que toute aide internationale — y compris les tests de dépistage de la Covid-19 — passe par Damas. En conséquence, peu de denrées arrivent au Rojava. Même les résultats des tests de la Covid-19 reviennent de Damas avec des mois en retard, voire ne sont jamais disponibles.

QUELQUES CHIFFRES
Syrie

  • 207 000 - Victimes civiles de la guerre syrienne depuis 2011
  • 25 000 - Nombre de victimes civiles qui sont des enfants
  • 31% - Proportion de logements endommagés ou détruits
  • 6,5 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays par la guerre à partir de 2019
  • 6,65 millions - Nombre total de réfugiés syriens en 2018
  • 41 280 - Demandeurs d'asile syriens en Allemagne en 2019

À Idlib, les habitants continuent de craindre le régime d'Assad plus que tout. Rares sont ceux qui doutent de la volonté du régime de régler ses comptes avec ceux qui se sont révoltés en 2011. L'année dernière a vu l'armée d'Assad et les milices pro-Assad continuer de faire pression sur la province d'Idlib, bénéficiant du soutien aérien russe. La Turquie, dont la présence à Idlib est bien accueillie par la plupart des habitants (contrairement à Afrin et dans d'autres régions à prédominance kurde à l'est de celle-ci), a passé l'année à abandonner un nombre croissant de ses avant-postes à Idlib.
Beaucoup craignent donc un retour imminent du régime, des rafles et des massacres, le tout loin des regards du monde entier. Les habitants d'Idlib n'ont nulle part où aller, mis à part la Turquie, qui, avec une économie en chute libre et quelque 3,5 millions de réfugiés syriens, ne veut pas en admettre davantage. En pleine pandémie de Covid-19, l'aide internationale limitée dont bénéficiaient les habitants d’Idlib et ceux d'autres régions syriennes est devenue quasiment inexistante. 

Les zones de Syrie sous le contrôle d’Assad ont également connu une récession économique plus marquée au cours de l’année écoulée. La dévaluation de la livre syrienne, combinée à l’absence d’investissements étrangers et à une aide de l’Iran et de la Russie limitée aux dépenses militaires a encore accentué l’effondrement de l’économie syrienne.
La crise financière qui a touché depuis la fin 2019 le Liban voisin a encore aggravé la situation, de nombreux Syriens y ayant conservé leurs maigres économies. Les banques libanaises ont gelé les retraits des déposants. Environ 80% des Syriens vivent maintenant sous le seuil de pauvreté. À court d'argent, le régime d'Assad s'est même retourné contre une partie de sa propre élite économique – leur mettant la pression pour qu’ils soutiennent l’État financièrement. 
Des conflits inédits au sein du clan Assad
Depuis avril, une dispute entre les principaux membres de la famille dirigeante a éclaté au grand jour. La querelle oppose le cousin de Bachar al-Assad, Rami Makhlouf, dont le père Mohammed Makhlouf était le frère d'Anisa Assad, la défunte mère de Bachar au régime syrien – principalement Bachar, voire son épouse Asma –  qui a exigé que Syriatel, la société de télécommunications de Rami Makhlouf, paie quelque 185 millions de dollars d’arriérés d’impôts à l’État syrien.

Le 30 avril, Rami Makhlouf a publié la première d’une série de vidéos sur Facebook dénonçant les actions du gouvernement contre lui et son empire financier. L'affrontement entre les familles Makhlouf et Assad a été considéré par beaucoup comme une lutte pour se partager les parts restantes du gâteau syrien, alors que les ressources ont considérablement diminué depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011.

Une dispute entre les principaux membres de la famille dirigeante a éclaté en avril. Le différend a opposé le régime de Bachar Assad (à gauche) au cousin de Bachar al-Assad, Rami Makhlouf (à droite), photographié ici dans une vidéo devenue virale en mai. (AFP / Photos)

Toujours en 2020, de nouvelles manifestations ont éclaté dans le sud de la Syrie, y compris dans une zone fermement contrôlée par le régime, en raison de la détérioration de la situation économique.
Avec une grande partie de la Syrie encore sous les décombres, peu semblent capables d’apercevoir une lumière au bout du tunnel. Les promesses internationales d'aide à la reconstruction et même l'arrivée de travailleurs humanitaires étrangers en personne restent à ce stade improbables.
L’attention du monde est concentrée sur la Covid-19 et ses propres problèmes économiques. Mais sans une aide extérieure, le régime d'Assad ne fera que réaffirmer son emprise de fer sur un paysage dévasté, rendant les Syriens encore plus désespérés qu’ils le sont aujourd’hui. 

David Romano est professeur de science politique dans la section Moyen-Orient à l’université de l’État du Missouri 


Syrie: les Etats-Unis affirment avoir tué un chef jihadiste dans une frappe

Les Etats-Unis ont tué jeudi en Syrie un chef de la branche syrienne d'al-Qaïda, Hurras al-Din, qui vient d'annoncer sa dissolution, a annoncé le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). (AFP)
Les Etats-Unis ont tué jeudi en Syrie un chef de la branche syrienne d'al-Qaïda, Hurras al-Din, qui vient d'annoncer sa dissolution, a annoncé le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom). (AFP)
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  • "Le 30 janvier, les forces du Centcom ont mené une frappe de précision dans le nord-ouest de la Syrie, visant et tuant Muhammad Salah al-Za'bir, un haut responsable de l'organisation terroriste Hurras al-Din relevant d'al-Qaïda"
  • Le petit groupe jihadiste Hurras al-Din, branche syrienne d'al-Qaïda, a annoncé cette semaine sa dissolution dans un communiqué, expliquant avoir pris cette décision à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad

BEYROUTH: Les Etats-Unis ont tué jeudi en Syrie un chef de la branche syrienne d'al-Qaïda, Hurras al-Din, qui vient d'annoncer sa dissolution, a annoncé le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient (Centcom).

"Le 30 janvier, les forces du Centcom ont mené une frappe de précision dans le nord-ouest de la Syrie, visant et tuant Muhammad Salah al-Za'bir, un haut responsable de l'organisation terroriste Hurras al-Din relevant d'al-Qaïda", a déclaré le Centcom sur X.

Les Etats-Unis, dont des militaires sont déployés en Syrie dans le cadre d'une coalition internationale créée en 2014 pour combattre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), mènent régulièrement des frappes dans ce pays.

Le petit groupe jihadiste Hurras al-Din, branche syrienne d'al-Qaïda, a annoncé cette semaine sa dissolution dans un communiqué, expliquant avoir pris cette décision à la suite de la chute du régime de Bachar al-Assad.

Le groupe est placé sur la liste américaine des "organisations terroristes".

Une coalition rebelle dirigée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a pris le pouvoir à Damas après avoir renversé Bachar al-Assad le 8 décembre.

Les nouvelles autorités syriennes ont annoncé leur volonté de voir toutes les formations armées se dissoudre.

Hurras al-Din, qui comprend des jihadistes étrangers, était basé dans des zones montagneuses du nord-ouest de la Syrie.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, l'homme a été tué quand la voiture dans laquelle il se trouvait a été visée par un drone sur la route menant de Sarmada à Idleb, dans le nord-ouest du pays.

Washington affirme avoir intensifié les frappes depuis la chute de Bachar al-Assad.

Le 8 décembre, le jour où les rebelles syriens ont pris la capitale Damas, les Etats-Unis ont annoncé des frappes sur plus de 75 cibles de l'EI.


Israël confirme que trois hommes doivent être libérés de Gaza samedi

Une foule accueille des Palestiniens anciennement emprisonnés par Israël à leur arrivée dans un convoi de la Croix-Rouge à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 30 janvier 2025. (AFP)
Une foule accueille des Palestiniens anciennement emprisonnés par Israël à leur arrivée dans un convoi de la Croix-Rouge à Ramallah, en Cisjordanie occupée, le 30 janvier 2025. (AFP)
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  • Le bureau du Premier ministre israélien a confirmé vendredi avoir reçu la liste des otages à Gaza devant être libérés samedi, lors du prochain échange avec des prisonniers palestiniens, précisant qu'il s'agissait de trois hommes
  • La liste avait été diffusée quelques minutes auparavant par le porte-parole des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, Abou Obeida

JERUSALEM: Le bureau du Premier ministre israélien a confirmé vendredi avoir reçu la liste des otages à Gaza devant être libérés samedi, lors du prochain échange avec des prisonniers palestiniens, précisant qu'il s'agissait de trois hommes.

"Israël a reçu la liste des otages qui doivent être libérés", a indiqué un communiqué des services de Benjamin Netanyahu. "Toutes les familles d'otages ont été informées par les officiers de liaison de l'armée", a-t-il ajouté, sans en préciser le nombre ni dévoiler les identités.

La liste avait été diffusée quelques minutes auparavant par le porte-parole des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, Abou Obeida.

Trois otages israéliens et cinq Thaïlandais avaient été libérés jeudi, en échange de 110 prisonniers palestiniens détenus par Israël, un processus marqué par des scènes de chaos lors de la libération de deux des captifs dans le territoire palestinien.

Benjamin Netanyahu avait dénoncé des "scènes choquantes" lors de la libération à Khan Younès (sud de la bande de Gaza) d'Arbel Yehud, une civile de 29 ans, et de Gadi Moses, un agriculteur de 80 ans, des Germano-Israéliens enlevés au kibboutz Nir Oz dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

Un total de 15 otages ont été libérés depuis le début de la trêve, le 19 janvier.


Arabie saoudite: le roi et le prince héritier félicitent le président syrien Ahmed al-Charaa

Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite. (SPA)
Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane d'Arabie saoudite. (SPA)
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  •  Dans un télégramme, le roi a souhaité à M. Al-Charaa de diriger la Syrie «vers un avenir prospère qui répond aux aspirations du peuple syrien»
  •  Le prince héritier a envoyé séparément un télégramme similaire, souhaitant au peuple syrien «davantage de progrès»

RIYAD: Le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane ont félicité Ahmed al-Charaa pour sa nomination au poste de président intérimaire de la Syrie, a rapporté jeudi l'Agence de presse saoudienne (SPA).

Dans un télégramme, le roi a souhaité à M. Al-Charaa de diriger la Syrie «vers un avenir prospère qui répond aux aspirations du peuple syrien».

Le prince héritier a envoyé séparément un télégramme similaire, souhaitant au peuple syrien «davantage de progrès».

M. Al-Charaa a été déclaré président pour une phase de transition mercredi, moins de deux mois après avoir mené une campagne qui a renversé Bachar el-Assad.

Il a également été habilité à former un conseil législatif temporaire pour une période de transition et la Constitution syrienne a été suspendue, selon une annonce faite par le commandement militaire qui a mené l'offensive contre Assad.

Ces décisions ont été prises à l'issue d'une réunion des commandants militaires qui ont participé à l'assaut.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com